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- 1 Corinthiens 13.1-13
1 Corinthiens 13.1-13
Lorsque je faisais l’armée quelque part en Allemagne, on se préparait, paraît-il, à stopper l’avance des chars du Pacte de Varsovie ; la belle blague ! En attendant ce jour historique, on n’avait pas grand-chose à faire, ce qui fait que je passais mon temps à écouter la radio. Or une fois, alors que j’étais de permanence, je suis tombé par hasard sur une émission du genre : « les auditeurs ont la parole », et qui portait sur des problèmes de cœur. Si je me souviens bien, l’animatrice s’appelait Mini Grégoire. En tout cas, ce qui a retenu mon attention, ce sont ses paroles quand elle a dit : « le plus beau texte sur l’amour se trouve dans le Nouveau Testament, au chapitre 13 de la première Épître de l’apôtre Paul aux Corinthiens ». J’en fus estomaqué. À cette époque, je n’avais encore jamais eu une Bible entre les mains et je me souviens avoir pensé : « Il faut que j’en déniche une quelque part ». Mais ce ne fut qu’un an plus tard que finalement j’ai lu ce passage qui est notre texte d’aujourd’hui. Certains commentateurs n’hésitent pas à déclarer que ce célèbre hymne à la louange de l’amour est ce que l’apôtre Paul a écrit de plus grandiose. Personnellement, je trouve le passage du second chapitre de l’épître aux Philippiens (2.1-5) sur l’humiliation et la glorification de Jésus-Christ, plus sublime encore.
L’apôtre Paul a terminé le chapitre précédent en disant : « je vais vous indiquer la voie par excellence ». Bien que lui-même ait possédé plusieurs dons spirituels, et peut-être même tous, il considérait la capacité d’aimer son prochain comme la plus grande qualité qu’un être humain puisse avoir. Les croyants de quelque Église qu’ils soient ont des talents naturels et des dons divers qu’ils ont reçus du Saint Esprit. Cependant, tous sont appelés à manifester dans leur vie les fruits de l’Esprit et c’est l’amour qui occupe la première place. Un commentateur biblique (Gaston Deluz) a écrit: « Un peu d’amour vaut mieux que beaucoup d’éloquence, de science et d’exaltation ». C’est bien dit.
En grec, il existe trois mots que l’on traduit par amour : eros, qui a donné « érotisme » en français, est un terme qui exprime la passion ou la convoitise. Aujourd’hui, on dirait plutôt le sexe. Eros était utilisé en rapport avec les déesses Aphrodite et Vénus par exemple, mais il n’apparaît pas dans le Nouveau Testament. Ensuite on a le mot phileo qui signifie affection et qui a donné en français filiation et tous ses dérivés. Nous retrouvons aussi cette racine dans Philadelphie et philanthropie. C’est l’amour du prochain, d’un frère, d’une mère, c’est-à-dire l’amour humain à son niveau le plus noble. Enfin, le mot agapé lui, est beaucoup plus qu’un sentiment. C’est l’amour divin désintéressé par excellence qui a pour objet les êtres humains comme vous et moi, alors qu’il n’y a absolument rien d’aimable en nous. Agape était rarement utilisé en grec avant que les chrétiens l’aient choisi pour caractériser l’amour de Dieu ainsi que la charité chrétienne, un élan du cœur inconnu des païens.
Alors que le chapitre précédent est centré sur les dons spirituels que le Saint-Esprit distribue aux croyants afin qu’ils soient capables d’exercer un ministère pour Dieu, le chapitre 13 explique leur source d’énergie, la motivation, la bonne attitude d’esprit et de cœur, avec lesquels ces dons doivent être utilisés. L’objectif de Paul est toujours de corriger les Corinthiens. S’ils apprennent à manifester de l’amour les uns pour les autres, ils mettront fin à certaines aberrations et surtout aux divisions qui affligent leur assemblée. Aux chrétiens de Rome, Paul écrit :
Ne restez redevables de rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres. Car celui qui aime l’autre a satisfait à toutes les exigences de la Loi. Aime ton prochain comme toi-même. Celui qui aime ne cause aucun mal à son prochain. Aimer son prochain, c’est donc accomplir toute la Loi (Romains 13.8-10).
C’est aussi l’enseignement que Jésus a donné à ses disciples. Je le cite :
Comme le Père m’a toujours aimé, moi aussi je vous ai aimés ; maintenez-vous donc dans mon amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi-même j’ai obéi aux commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Tout cela, je vous le dis pour que la joie qui est la mienne vous remplisse vous aussi, et qu’ainsi votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15.9-13).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.