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1 Jean 1.7-10
Au 19e siècle (janvier 1849), un certain J.-B. Alphonse Karr écrit dans le journal satirique « les guêpes » qu’il rédige : « Plus ça change, plus c’est la même chose ». Cette affirmation paradoxale est alors un coup de pied donné aux intellectuels et politiciens de son siècle. Pourtant, cette expression peut aussi avoir une connotation positive car il y a des changements qui sont comme la marée ; elle brasse beaucoup d’eau mais le navire bien ancré ne bouge pas. On considère généralement le passage entre l’Ancienne Alliance et la Nouvelle comme un changement radical et c’en est un. Cependant, comme Dieu est fidèle à lui-même, ce changement est surtout dans la forme mais le fond demeure le même et le moyen de salut n’a jamais changé.
Sous l’Ancienne Alliance, les hommes sont sauvés sur la même base que sous la Nouvelle, à savoir par la mort expiatoire de Jésus-Christ à la place des pécheurs. Le système complexe et lourd du judaïsme avec ses nombreux sacrifices n’est pas une course d’obstacles à franchir en vue d’être sauvé, mais une illustration de l’œuvre rédemptrice que Jésus accomplirait sur la croix.
Dans l’Ancien Testament, on obtient la vie éternelle comme aujourd’hui, par la foi. Quand les Israélites reconnaissent leur incapacité à garder la loi sainte de Dieu, ils vont au temple faire une offrande pour leur péché ou participent par la foi aux sacrifices quotidiens et à celui du Yom Kippour, et ils crient à Dieu dans leur cœur pour obtenir sa miséricorde et recevoir son pardon (Psaumes 32.1, 2 ; Ésaïe 55.6, 7 ; Michée 7.18, 19 ; Luc 18.13, 14).
Tous ceux qui sont sauvés ont été élus de toute éternité (Apocalypse 13.8), et doivent leur salut au Christ et à sa mort sur la croix. Dans l’Ancien Testament, les croyants sont au bénéfice de ce sacrifice par anticipation alors que depuis la venue de Jésus, les croyants regardent à son sacrifice qui a déjà eu lieu.
Depuis le début de l’humanité, le juste est et a toujours été celui qui établit une relation avec Dieu par la foi (Habakuk 2.4 ; Romains 1.17), si bien qu’aucun sacrifice, aucune confession, aucun rite ni aucune observance de la Loi, à n’importe quelle époque, ne peut mériter le statut de juste devant Dieu, ni permettre d’éviter son juste jugement contre les pécheurs (Romains 4.1-24 ; Hébreux 9.11-15).
Seule la mort expiatoire du Christ pouvait satisfaire la justice de Dieu et sauver les pécheurs de sa colère (2Corinthiens 5.21 ; 1Pierre 1.18, 19). Et parce que la vie parfaite de Jésus est imputée aux croyants, ils jouissent de la faveur de Dieu. Pourtant, même le disciple de Jésus le plus consacré commet encore des fautes qu’il doit reconnaître et avouer afin d’être pardonné et rétabli dans sa communion avec le Seigneur.
Le pardon a deux aspects : l’aspect judiciaire qui a été réglé une fois pour toutes sur la croix, et l’aspect pratique qui a trait à la vie quotidienne du croyant. Jésus illustre ces deux aspects du pardon quand il lave la poussière des pieds de ses apôtres. Dans son évangile, Jean rapporte qu’à cette occasion, Pierre qui est tout à fait conscient de ses péchés, lui dit :
Ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête (Jean 13.9).
Mais Jésus refuse et lui répond :
Celui qui s’est baigné est entièrement pur, il lui suffit de se laver les pieds. Or vous, vous êtes purs… (Jean 13.9-10).
Par ces paroles, Jésus fait une distinction entre le bain et le dépoussiérage. Le bain qui lave tout est l’aspect judiciaire, où sur la base du sacrifice du Christ, Dieu déclare juste à tout jamais le pécheur repentant (Actes 13.39 ; Romains 3.22, 24 ; 4.6-8 ; 5.1 ; Galates 2.16). Le lavage des pieds par contre, représente le pardon quotidien ou encore la sanctification, c’est-à-dire le processus qui consiste à devenir de plus en plus juste et conforme à Jésus.
Bien que les croyants soient justifiés une fois pour toutes, ils ne sont pas affranchis ni de la puissance ni de la présence du péché dans leur vie. Dans son épître aux Romains et aux Galates, l’apôtre Paul exprime cette réalité dans sa propre vie quand il écrit :
Je ne comprends pas ce que je fais : je ne fais pas ce que je veux, et c’est ce que je déteste que je fais. Et si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais par là que la Loi est bonne. En réalité, ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi. Car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l’accomplir. Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets. Si donc je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais mais c’est le péché qui habite en moi (Romains 7.15-20 ; SEM).
Car la chair a des désirs contraires à l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à la chair ; ils sont opposés l’un à l’autre, afin que vous ne fassiez pas ce que vous voudriez (Galates 5.17 ; SER).
Cependant, quand le croyant commet une faute, il doit la reconnaître, non pas face à un juge mais devant leur Père céleste ; c’est ce qui correspond au lavage des pieds que le Seigneur a opéré.
La repentance, qui est la reconnaissance de ses fautes et la volonté de changer, accompagne toujours la foi qui sauve (Actes 2.38 ; 3.19 ; 11.18 ; 2Corinthiens 7.10 ; 2Timothée 2.25), mais la repentance est aussi un élément essentiel de la marche dans la lumière d’un enfant de Dieu (2Corinthiens 7.1). Le véritable croyant est déjà pardonné, mais il accepte aussi que le Saint-Esprit lui révèle la tête hideuse du péché qui est encore dans sa vie, puis il l’avoue et s’en détourne. C’est en agissant ainsi qu’il reste en communion avec Dieu son Père. Je continue maintenant de lire dans le premier chapitre de la première épître de Jean.
Si nous marchons dans la lumière, tout comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors nous sommes mutuellement en communion et, parce que Jésus, son Fils, a versé son sang, nous sommes purifiés de tout péché (1Jean 1.7 ; auteur).
La lumière est la réalité fondamentale que partagent Dieu et le croyant qui marche avec lui. Quand un pécheur est déclaré juste par Dieu, son statut pénal ou judiciaire est inversé car il n’est plus condamné (Jean 3.18). Dès lors, s’il accepte de se soumettre au Saint-Esprit qui lui a été donné, il marche dans la lumière et modifie ses comportements pour devenir juste dans ses actions dans tous les domaines de sa vie.
Dans le Nouveau Testament et en particulier dans les épîtres de Paul, le verbe « marcher » est utilisé pour décrire la sanctification du croyant, c’est à dire sa vie avec Dieu. Comme Jean conjugue ce verbe au présent de l’indicatif, il exprime une action continue. On pourrait donc traduire : « Si nous continuons à marcher dans la lumière […] nous sommes mutuellement en communion ». Le « si » montre que cette action n’est pas automatique ; seuls les fidèles qui choisissent de marcher dans la lumière sont en communion avec Dieu.
Quand le croyant est ouvert à la lumière de la vérité divine qui le scrute et balaie tous les recoins de son âme, ses fautes sont sous la puissance purificatrice du sang que Jésus a versé. On pourrait dire qu’il a continuellement les pieds lavés, débarrassés de toute souillure. Seulement, si on lave bien ses pieds avec de l’eau, seul le sang de Jésus peut purifier l’âme.
Dans le Nouveau Testament, le mot « sang » est souvent utilisé pour signifier le sacrifice de Jésus sur la croix (Actes 20.28 ; Romains 3.25 ; 5.9 ; Éphésiens 1.7 ; Hébreux 9.12 ; 10.19) par lequel il nous a délivrés de nos péchés par son sang (Apocalypse 1.5 ; LSG ; Colossiens 1.20 ; Apocalypse 5.9).
Cependant et comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas parce qu’un croyant marche dans la lumière, en communion avec Dieu, qu’il n’a plus de problème avec le péché ; toute sa vie il aura à le combattre du fait qu’il traîne toujours avec lui comme un boulet cette nature pécheresse qu’il a héritée d’Adam, son ancêtre.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.