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1 Jean 2.29 – 3.3
On a coutume de dire « Tel père, tel fils », ce qui veut dire que les enfants ressemblent souvent à leurs parents bien que ce ne soit pas systématique. S’il n’y a rien de surprenant à ce qu’un fils agisse comme son père, ce n’est pas toujours le cas. Mon père aimait beaucoup bricoler et mes frères aussi, mais moi pas du tout. Je finis maintenant de lire le second chapitre de la première épître de Jean.
Puisque vous savez qu’il est juste ; reconnaissez, que tout homme qui accomplit ce qui est juste est né de lui (1Jean 2.29 ; auteur).
Jean ne précise pas s’il parle de Dieu le Père ou de Jésus parce que pour lui, les deux personnes de la Trinité sont pratiquement interchangeables.
Ce passage est le premier de cette épître où il est question de la nouvelle naissance, et l’expression « né de Dieu » apparaîtra encore six fois (1Jean 3.9 ; 4.7 ; 5.1, 4, 18 [deux fois]). Dans ce verset, Jean utilise deux verbes différents qui sont respectivement traduits par « savez » (infinitif, oida) et « reconnaissez » (infinitif, ginoskô). Le premier signifie « saisir une vérité absolue » tandis que le second se réfère à une « connaissance par l’expérience ». Jean dit donc que si on est convaincu que Dieu est absolument juste, on en déduit qu’il est la source de toute justice, et on en conclut que celui qui la pratique est né de lui. Jean va de l’effet à la cause, de la conduite juste à la nouvelle naissance.
De là à dire que l’inverse est également vrai, il n’y a qu’un pas que presque tous les commentateurs franchissent allègrement. Ils suivent le raisonnement logique suivant : puisque tout homme qui accomplit ce qui est juste est né de Dieu, tous ceux qui sont nés de Dieu pratiquent la justice. C’est un argument béton sauf que Jean ne le dit pas, et heureusement parce que je crois bien que beaucoup d’entre nous seraient éliminés de la course au royaume des cieux. Il est donc sage et préférable de s’en tenir strictement au texte qui dit simplement qu’on reconnaît un enfant de Dieu au fait qu’il pratique la justice. Voilà pour la partie facile de ce passage, maintenant il faut définir ce qu’est la justice selon Dieu.
On sait que la vie de Jésus est caractérisée par l’amour pour les autres, la compassion, la miséricorde et l’obéissance aux commandements de Dieu. Que sait-on d’autre ? Dans la quatrième béatitude de Matthieu, Jésus dit :
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés ! (Matthieu 5.6).
Le Seigneur prend des mots qui décrivent des besoins physiques et les applique à des réalités spirituelles. La plupart de ceux qui l’écoutent ont connu ou connaissaient encore la faim et peut-être même la soif.
Jésus enseigne que le croyant est heureux parce qu’il aspire continuellement à vivre selon la justice, cherchant à être juste dans tous les aspects de sa vie. « Heureux ceux qui aspirent à être justes et à voir la justice de Dieu se réaliser autour d’eux ».
« La justice » est un mot qu’on rencontre souvent dans les Écritures. Cependant, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, il n’exprime généralement pas une norme éthique idéale et absolue, mais une relation.
En effet, et premièrement, dans les Écritures la justice de Dieu est souvent mise en parallèle avec les actions par lesquelles l’Éternel s’engage à sauver ou racheter son peuple. Dans un passage du livre de Michée (6.3-5), Dieu dresse une liste de ses actes bienveillants envers Israël puis conclut en disant :
Souviens-toi du chemin que tu as parcouru de Chittim à Guilgal et reconnais que l’Éternel t’a fait justice (Michée 6.5).
Par ses actes bienveillants, Dieu a fait justice à son peuple.
Deuxièmement, la justice d’un individu consiste à être prononcé juste par Dieu sur la base de sa foi ; c’est une déclaration d’ordre légale qui est indépendante de la conduite personnelle. Les justes ne sont pas ceux qui font tous leurs efforts pour être absolument justes d’eux-mêmes et en eux-mêmes. Ceux-là sont nombreux et sont appelés « propres-justes ». Les vrais justes selon Dieu, sont ceux qui désirent ardemment que le Seigneur les déclare justes par rapport à lui lorsqu’il prononce son jugement sur eux. Ce sont ceux dont l’ambition est de s’entendre dire un jour :
Bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître (Matthieu 25.21 ; LSG).
Troisièmement, la justice est un style de vie juste qui est la réponse à la sentence de juste prononcée par Dieu, et qui bien sûr est un don de sa grâce. Dieu demande à ses justes de se conduire avec justice, c’est à dire d’être droit dans leur conduite. La justice consiste à mener une vie d’obéissance à Dieu ce qui se manifeste de diverses manières, et surtout en ayant de la compassion envers les opprimés, les faibles, les rejetés, souvent symbolisés dans les Écritures par les veuves et les orphelins. Cette caractéristique des justes apparaît très fréquemment dans les Écritures. En effet, quand Job énonce ses actes de justice, il mentionne ce qu’il a fait pour les démunis (comparez Job 29.14-16). Et le prophète Ésaïe écrit de Jésus :
Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore ; il annoncera la justice selon la vérité (Ésaïe 42.3 ; LSG).
La justice pratique de Jésus consiste en sa miséricorde et sa compassion envers les faibles et les pécheurs.
À la fin du passage de Michée que j’ai cité, le prophète dit :
On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; et ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu (6.8 ; LSG).
Comme les béatitudes de Jésus s’entrecoupent, cette troisième caractéristique de la justice rejoint la deuxième béatitude qu’on trouve dans l’évangile selon Matthieu et qui est :
Heureux ceux qui pleurent (à cause de l’injustice qui est en eux et autour d’eux) car ils seront consolés (Matthieu 5.4).
Ainsi que la cinquième béatitude qui est :
Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde (Matthieu 5.7 ; NEG).
Résumons nous : Dans les Écritures la justice est souvent mise en parallèle avec les actions miséricordieuses de Dieu, deuxièmement, la justice d’un individu consiste à être prononcé juste par Dieu sur la base de sa foi et non pas à cause des actes de justice qu’il a fait. Troisièmement, la justice est un style de vie juste en réponse à la grâce de Dieu.
Nous arrivons à la quatrième caractéristique de la justice qui est en rapport étroit avec la paix. En ce monde, il n’y a pas de justice et donc il n’y aura jamais de paix. C’est peut-être une déclaration à l’emporte-pièces, mais elle est vraie quand même. Ésaïe écrit :
Le fruit de la justice sera la paix. L’effet de la justice, ce sera la tranquillité et la sécurité à tout jamais (Ésaïe 32.17).
Une fois encore et en résumé, on peut donc dire que sont heureux ceux qui aspirent à la justice avec le même empressement que les affamés et les assoiffés cherchent à manger et à boire.
- La justice de Dieu se voit dans ses actes de salut et de bienveillance à travers l’histoire.
- Dieu donne gratuitement ce salut aux membres de son peuple qui sont alors prononcés justes devant lui. Faut-il rappeler que l’état de juste devant Dieu s’obtient exclusivement par la foi ?
- En retour, ces croyants doivent aspirer à mener une vie qui soit conforme à la relation qu’ils ont avec leur Père céleste.
Je n’essaie pas d’être juste pour satisfaire mes proches ou pour me grandir à mes propres yeux, mais par reconnaissance envers Dieu et pour maintenir ma relation avec lui. La justice telle que les Écritures la définissent est la plus grande des vertus.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.