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1 Pierre 1.13-19
Au 17e siècle, le jésuite Louis Bourdaloue (1632-1704) se fait connaître comme un prédicateur hors pair, mais assez curieusement, dans son « Sermon sur la pénitence » il dit : « Crains, malheureux, et défie-toi de ton espérance même ». Si je dois mettre en doute mon espérance, que me reste-t-il ? Et ce n’est pas Albert Camus qui va me consoler car pour lui : « Tout le malheur des hommes vient de l’espérance ». Quel contraste avec l’affirmation de l’apôtre Pierre qui écrit : « Mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera accordée… » Je continue de lire dans le premier chapitre de la première épître de Pierre.
C’est pourquoi, tout en tenant votre esprit en éveil et en menant une vie sobre, mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera accordée le jour où Jésus-Christ apparaîtra (1Pierre 1.13 ; Autre).
« C’est pourquoi » est une transition qui introduit un passage à l’acte. Pierre passe de la théorie à la pratique. « Mettez toute votre espérance » est le seul verbe conjugué de ce passage, les autres étant des participes. « Mettez » est à l’impératif (aoriste voie active). Pierre bouscule ses lecteurs en leur demandant de prendre par la foi, la décision d’espérer en la grâce de Dieu. C’est un commandement un point c’est tout, et qui ne tient pas compte des sentiments et des circonstances.
Dans sa première épître aux Corinthiens (13.13), l’apôtre Paul écrit que la foi, l’espérance et l’amour sont les trois vertus fondamentales chrétiennes. La foi agit dans le présent et s’approprie ce que Dieu a déjà révélé tandis que l’espérance porte sur ce que Dieu fera dans l’avenir. L’espérance puise ses racines dans la fidélité du Dieu qui est toujours digne de confiance. Les croyants doivent donc espérer pleinement, résolument et sans douter en la grâce de Dieu, à commencer par moi.
Nous avons une description du « jour où Jésus-Christ apparaîtra » (littéralement : dans la révélation de Jésus-Christ ; comparez les versets 3, 5, 7) au début du livre de l’Apocalypse où l’apôtre Jean écrit :
Voici ! Il vient au milieu des nuées, et tout le monde le verra et même ceux qui l’ont percé et toutes les familles de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui, amen ! (Apocalypse 1.7).
Quand Jésus reviendra pour établir son royaume, l’espérance des croyants deviendra une réalité concrète dans le sens qu’ils commenceront alors à tirer de leur espérance, sinon tout, du moins une grosse partie de ses bénéfices. Le salut et la vie éternelle et la gloire qui l’accompagne reposent uniquement et entièrement sur la grâce de Dieu qu’il a manifestée en Jésus-Christ. Tous les dons qu’il fait à l’homme sont des actes bienveillants qui ne dépendent jamais des mérites humains car Dieu ne doit rien à personne, mais toutes ses créatures lui sont redevables.
Le croyant doit espérer en la grâce de Dieu « tout en tenant son esprit en éveil et en menant une vie sobre », littéralement : « en attachant les reins de son entendement et en étant sobre ». Au Moyen-Orient et depuis l’antiquité, les gens portent une longue tunique qu’ils laissent flottante dans leur maison. Mais quand ils veulent marcher, courir, travailler ou passer à l’action, ils relèvent les pans de leur robe qu’ils coincent dans la ceinture qu’ils serrent autour des reins, afin de ne pas être gênés par les plis amples du vêtement (Exode 12.11 ; 1Rois 18.46 ; 2Rois 4.29 ; 9.1). Pierre se sert de cette image comme métaphore pour exhorter les croyants à discipliner leurs pensées afin de vivre selon les valeurs morales et spirituelles des Écritures pour honorer Dieu. Dans son épître aux Éphésiens, l’apôtre Paul utilise la même image quand il dit :
Ayez autour de la taille la vérité pour ceinture, et revêtez-vous de la droiture en guise de cuirasse (Éphésiens 6.14).
Le croyant doit non seulement « tenir son esprit en éveil », mais aussi « mener une vie sobre », ce qui consiste à se préserver du péché sous toutes ses formes et à ne pas se laisser distraire par les attraits de ce monde. Il peut alors exprimer son espérance chrétienne comme l’apôtre Jean qui à la fin de sa vision apocalyptique dit :
Viens, Seigneur Jésus ! (Apocalypse 22.20).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.