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1 Pierre 1.3-6
Pour la plupart des gens, il est toujours difficile de rendre visite à une personne qui souffre parce qu’on ne sait pas trop quoi lui dire sinon des banalités à mourir d’ennui ou des bobards du genre : « Tu verras demain ça ira mieux ! ». Comment encourager quelqu’un qui est sur le point de pénétrer dans la vallée de l’ombre de la mort ? C’est à cette question que l’apôtre Pierre répond dans son discours où il donne les raisons pour lesquelles il est possible de faire face aux persécutions et à la mort avec courage et même avec joie. Je continue de lire dans le premier chapitre de la première épître de Pierre.
Loué soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Dans sa grande miséricorde, il nous a fait naître à une vie nouvelle, grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour nous donner une espérance vivante (1Pierre 1.3 ; Autre).
Dans cette doxologie qui pourrait être qualifiée de « hymne de louanges du combattant chrétien », Pierre encourage les croyants en leur rappelant qu’ils possèdent une espérance à toute épreuve, la vie éternelle que nul ne peut leur ravir car elle est déjà acquise dans les cieux. Pierre veut donc que ses lecteurs regardent au-delà de leurs afflictions présentes afin de se réjouir par la foi et par anticipation.
La source du salut est en Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et pour cette raison il doit être exalté. Le mot pour « loué soit Dieu », a donné « éloge » en français, et dans les Écritures, il n’est utilisé que pour Dieu.
Dans le Nouveau Testament, appeler Dieu « le Père de notre Seigneur Jésus-Christ », est une façon assez typique de l’identifier, mais qui est choquante pour les Juifs traditionalistes. En effet, ils rendent grâces à l’Éternel en le reconnaissant comme l’ordonnateur de tout ce qui existe et comme rédempteur de leur peuple. En créant le monde Dieu a prouvé sa toute-puissance, et en délivrant Israël de l’esclavage égyptien il est devenu leur sauveur. Mais pour ceux qui ont foi en Jésus, il convient de louer Dieu parce qu’il est « le Père du Seigneur Jésus-Christ », un titre qui résume ce que les Écritures enseignent concernant le Fils de Dieu. Il est « Seigneur », c’est-à-dire le maître suprême ; l’apôtre Jean le désigne d’ailleurs comme « la Parole devenue chair ». Quant au mot « Christ », c’est l’équivalent grec du mot Messie qui veut dire : « celui qui est oint ou consacré ».
Avant sa mort sur la croix Jésus s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné » (Matthieu 27.46 ; LSG). Mis à part ce temps dont on ignore la durée, pendant lequel Dieu le Père s’est détourné de son Fils, Jésus appelle toujours Dieu « Père » ou « mon Père » . Par ses paroles, Jésus rompt totalement avec la tradition juive où Dieu n’est jamais appelé « Père » par les individus et quand il l’est, c’est toujours au nom de la nation. Dans le livre du Deutéronome, Moïse dit à Israël :
Comment peut-on ainsi se conduire envers lui, nation folle, insensée ! N’est-il pas votre père et votre créateur, celui qui vous a faits, qui vous a établis ? (Deutéronome 32.6 ; comparez Ésaïe 63.16 ; 64.8 ; Jérémie 3.19 ; 31.9 ; Malachie 1.6 ; 2.10).
Quand Jésus appelle Dieu son Père, il prétend et sous-entend qu’il est son Fils éternel, c’est-à-dire de la même nature que lui. D’ailleurs Jean rapporte que Jésus a dit très franchement : « Moi et le Père nous sommes un – Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 10.30 ; 14.9 ; LSG), des affirmations qui lui valent de gros ennuis de la part des chefs religieux.
La relation que Jésus le Fils entretient avec Dieu le Père n’est pas comparable avec celle du croyant, et Jésus a bien marqué cette distinction, quand le matin de sa résurrection il a dit à Marie Madeleine :
Va […] trouver mes frères et dis-leur de ma part : Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu (Jean 20.17).
Le croyant appelle Dieu « son Père » parce qu’il est né dans la famille de Dieu et a été adopté comme fils, alors que Jésus est le Fils éternel de Dieu égal au Père.
Pierre écrit aussi que « dans sa grande miséricorde, Dieu nous a fait naître à une vie nouvelle ». C’est l’immense mansuétude divine qui est le fondement du salut, et cette vie nouvelle qu’il nous donne est rien de moins que Dieu qui partage l’essence de sa vie même avec ses créatures (Éphésiens 2.4-5 ; Tite 3.5). C’est tout à fait extraordinaire et impossible à saisir ; rien n’est comparable à un tel privilège. Dieu a vu la condition pitoyable des misérables pécheurs (Éphésiens 2.1-3) que nous sommes ; il a aussi considéré que dans sa justice absolue et à cause de sa sainteté il était obligé de nous condamner ; alors, il a eu compassion de nous et nous a fait grâce de nos offenses contre lui en Jésus-Christ. Ce n’est qu’en Jésus-Christ que la grâce de Dieu est disponible et qu’on reçoit le pardon des péchés.
La miséricorde divine conduit le pécheur de la détresse à la gloire (changement de condition de vie) et la grâce de Dieu le mène de la culpabilité à l’acquittement (changement juridique de position). Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit :
Tous ont péché, en effet […] et ils sont déclarés justes par sa grâce (Romains 3.23-24 ; comparez Éphésiens 1.7).
Quand Jésus opère des guérisons miraculeuses, c’est pour prouver que Dieu est tout-puissant et miséricordieux (Exode 34.6 ; Romains 9.15-16 ; 2Corinthiens 1.3), et quand il pardonne les péchés, c’est pour révéler sa grâce (Matthieu 9.5-13 ; Michée 7.18).
Pierre écrit donc : « Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a fait naître à une vie nouvelle grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour nous donner une espérance vivante ». L’expression « fait naître à une vie nouvelle » (anagennêsas) traduit un seul verbe en grec ; il n’est utilisé que deux fois dans le Nouveau Testament, uniquement par Pierre et seulement dans ce chapitre (1.3, 23). Le temps du verbe (aoriste) signifie un événement ponctuel et unique qui a déjà eu lieu. Cette nouvelle naissance produit une espérance vivante parce que le croyant sait qu’un jour il sera glorifié dans les cieux pour l’éternité (Romains 5.2 ; Colossiens 1.27).
L’espérance de la vie éternelle que le croyant possède a ses racines dans la résurrection du Christ. Dans l’évangile selon Jean, avant d’appeler Lazare hors de son tombeau, Jésus dit à sa sœur Marthe :
Je suis la résurrection et la vie, lui dit Jésus. Celui qui place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. Et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais (Jean 11.25-26).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.