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10 févr. 2026

1 Pierre 1.7-12

Tous les grands écrivains ont des traits de génie ; autrement, ils n’auraient jamais fait parler d’eux. J’ai relevé une phrase mémorable de Gustave Flaubert (1821-1880) qui est un peu crue mais qui dit bien ce qu’elle veut dire. Il a déclaré : « J’ai toujours tâché de vivre dans une tour d’ivoire ; mais une marée de m… en bât les murs, à la faire crouler ». À y réfléchir, Flaubert a vu juste, très juste même. Nous essayons de nous protéger contre tous les risques possibles et imaginables, mais en vain.

Dans le Nouveau Testament par contre, les auteurs sacrés ne conseillent jamais de chercher à éviter les épreuves, mais plutôt de les accueillir avec la bonne attitude. Je continue de lire dans le premier chapitre de la première épître de l’apôtre Pierre.

Actuellement, il faut que vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves : celles-ci servent à éprouver la valeur de votre foi. Le feu du creuset n’éprouve-t-il pas l’or qui pourtant disparaîtra un jour ? Mais beaucoup plus précieuse que l’or périssable est la foi qui a résisté à l’épreuve. Elle vous vaudra louange, gloire et honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra (1Pierre 1.6b-7).

Pierre s’adresse à des croyants qui sont persécutés par leurs congénères à cause de leur foi. L’apôtre veut relativiser leurs tribulations sans pour autant les banaliser et, aussi surprenant que cela puisse paraître, il désire également souligner les aspects positifs des épreuves. En effet, quand je souffre, je suis totalement absorbé par moi-même et mon état de détresse. Je suis alors dans une situation semblable à la personne qui se promène dans les bois et qui, à cause des arbres, ne voit pas la forêt ; elle perd la vue globale de sa situation. Pierre veut donc que ses lecteurs puissent prendre du recul par rapport à ce qu’ils sont en train de vivre et qu’ils adoptent une perspective spirituelle de leurs difficultés.

Premièrement, dit-il, les souffrances durent « un peu de temps » ; elles sont temporaires. À ce sujet, dans sa seconde épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :

Nos détresses présentes sont passagères et légères par rapport au poids insurpassable de gloire éternelle qu’elles nous préparent (2Corinthiens 4.17).

Deuxièmement, « il faut que vous soyez attristés », ajoute Pierre. En d’autres mots, ces épreuves sont nécessaires parce qu’elles sont utiles (comparez Job 5.6, 7 ; Actes 14.22 ; 1Thessaloniciens 3.3). Dieu utilise les difficultés dans la vie de ses enfants, pour les rendre humbles (Deutéronome 8.3 ; 2Corinthiens 12.7-10), pour les détacher des valeurs mondaines, pour qu’ils portent leur attention sur les réalités célestes (Jean 16.33 ; Apocalypse 14.13 ; Job 19.25-26), pour leur apprendre à être compatissant envers ceux qui souffrent (2Corinthiens 1.3-7 ; Hébreux 13.3), pour redresser leur mauvaise conduite (Job 5.17 ; Hébreux 12.5-12), et pour forger leur caractère (Jacques 5.10 ; Romains 5.3 ; 2Thessaloniciens 1.4 ; Jacques 1.2-4). Voilà pourquoi Pierre dit que les épreuves « servent à éprouver la valeur de votre foi ». Le mot pour « éprouver » (dokimazomenou) signifie « examiner dans le but d’approuver ». C’est ce que fait l’inspecteur en qualité dans une usine.

Non seulement l’épreuve teste et confirme l’authenticité de la foi (Job 23.10), mais elle la purifie. Pierre explique ce concept en comparant la souffrance engendrée par les persécutions au feu du creuset qui permet d’épurer l’or en lui ôtant ses impuretés (Proverbes 17.3 ; Zacharie 13.9).

Au cours de mes études secondaires, j’ai étudié le fonctionnement du convertisseur Bessemer qui transforme la fonte en acier puis nous sommes allés visiter une fonderie où nous avons pu voir à quoi ressemblait un flot de métal fondu. C’est un peu comme une coulée de lave d’un volcan en éruption. C’est impressionnant et je n’aurais pas voulu tomber dedans. Tout ça pour dire que la comparaison de Pierre fait froid dans le dos, car les épreuves dont il parle et que Dieu permet peuvent être sévères et même aller jusqu’au martyr comme ce fut le cas sous l’empereur Néron. Dans son illustration, Pierre mentionne l’or parce que c’est le métal le plus précieux et le plus recherché, et dans l’antiquité il sert de monnaie d’échange (comparez Matthieu 2.11).

Non seulement Pierre compare la foi à l’or, mais il établit également un contraste entre l’un et l’autre et conclut que même si l’or fin est bien plus précieux quand on lui a ôté ses impuretés, il reste une denrée matérielle périssable (Jacques 5.3), qui dans l’éternité n’existera plus tel que nous la connaissons.

La mise à l’épreuve de la foi n’est pas une idée nouvelle. Dans le Deutéronome, l’Éternel dit à Israël :

N’oublie jamais tout le chemin que l’Éternel ton Dieu t’a fait parcourir pendant ces quarante ans dans le désert afin de te faire connaître la pauvreté pour t’éprouver. Il a agi ainsi pour découvrir tes véritables dispositions intérieures et savoir si tu allais, ou non, obéir à ses commandements (Deutéronome 8.2).

Dès le début de l’Église, les apôtres sont persécutés par les religieux juifs parce qu’ils persévèrent dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus. Dans le livre des Actes, on lit que « après avoir été maltraités les apôtres quittèrent la salle du Conseil tout joyeux de ce que Dieu les avait jugés dignes de souffrir l’humiliation pour Jésus » (Actes 5.41 ; comparez Actes 4.13-21 ; 5.17-29, 40, 41).

Quand Dieu met le croyant à l’épreuve, il le place dans un creuset, mais ce n’est pas pour le détruire ou lui faire du mal mais pour sa maturité dans la foi ; c’est de cette façon que Dieu purifie le caractère de ses enfants. Son école est un peu comme le parcours du combattant et les marches commandos que tous ceux qui étaient appelés sous les drapeaux devaient endurer au temps où le service militaire était obligatoire. Et je peux vous assurer que je n’y ai pas échappé.

Pierre dit aussi que « la foi qui a résisté à l’épreuve […] vous vaudra louange, gloire et honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra ». Aussi incroyable que cela puisse paraître, les croyants qui auront persévéré dans la foi malgré les épreuves recevront la louange du Seigneur. Dans une parabole que nous rapporte Matthieu, Jésus dit à ceux qui se sont montrés dignes de la tâche qui leur avait été confiée :

Très bien […], tu es un bon serviteur, en qui l’on peut avoir confiance. Tu t’es montré fidèle en peu de choses. C’est pourquoi je t’en confierai de plus importantes (Matthieu 25.23 ; comparez Luc 12.35-37 ; 2Timothée 4.8 ; Romains 2.29).

Ce triple hommage – la louange, la gloire et l’honneur – sera rendu aux croyants fidèles « quand Jésus apparaîtra ». Ce dernier verbe (apokalypsei) a donné « apocalypse » en français, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne veut pas dire chamboulement mais « révélation ». Pierre parle ici de l’apparition de Jésus quand il reviendra pour établir son royaume de mille ans sur terre (comparez 1Pierre 1.5, 7 ; 4.13 ; 1Corinthiens 1.7, 8).

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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