- Chemins de vie
- Émissions
- 1 Pierre
- 1 Pierre 4.7-14
1 Pierre 4.7-14
Tout le monde ou presque connaît le petit refrain : « Frère Jacques, frère Jacques dormez-vous, sonnez les mâtines, sonnez les mâtines, ding dang dong, ding dang dong ».
Un jour, je me suis demandé ce que voulait dire le mot « mâtines ». Eh bien figurez-vous que c’est le premier office des heures canoniales et il commence très tôt, en fait, au milieu de la nuit, et il est surtout destiné aux personnes qui mènent une vie monacale. Mais qui sont ces gens qui choisissent de vivre ainsi retirés du monde ? Je suis sûr que parmi les moines qu’on appelle « les pères », certains tracent leur appel à la vie monacale à une parole que l’apôtre Pierre dit dans le chapitre quatre de sa première épître et qui est :
L’accomplissement de toutes choses est proche. Soyez sains d’esprit et disciplinés, afin d’être disponibles pour prier (1Pierre 4.7 ; Autre).
La tournure de phrase, « l’accomplissement de toutes choses est proche », est la même que celle de Jacques quand il écrit : « (Prenez patience, soyez pleins de courage, car) la manifestation du Seigneur est proche » (Jacques 5.8 ; comparez Tite 2.13). Le mot traduit par « accomplissement » (telos) veut dire « conclusion, réalisation, but ». Il s’agit du retour du Seigneur en gloire. Même si l’enlèvement de l’Église est le prochain grand événement sur le calendrier divin, Pierre regarde plus loin encore quand Jésus reviendra pour établir son royaume de 1000 ans sur terre.
Pour Pierre, le retour du Seigneur est imminent au point qu’il croit qu’il aura lieu de son vivant. Il ignore qu’il y aura d’abord l’enlèvement de l’Église parce que cette révélation n’a été donnée que plus tard et à l’apôtre Paul qui en parle dans ses première épîtres aux Corinthiens (15.51-53) et aux Thessaloniciens (4.14-18). Comme je le dis de temps en temps, Dieu fait connaître les mystères du royaume petit à petit et un à un pour ainsi dire. C’est vrai sous le régime de l’Ancienne Alliance et pendant tout le temps qu’a duré la rédaction des écrits du Nouveau Testament. Quand l’apôtre Jean qui est exilé sur l’île de Patmos reçoit la vision apocalyptique de la fin des temps, les autres apôtres sont déjà morts et aucun n’a jamais eu connaissance de cette révélation.
Quant à nous, ce n’est pas l’établissement du royaume que nous attendons mais la venue du Seigneur dans les airs quand il viendra chercher son Église pour l’emmener avec lui dans les cieux. Comme cet enlèvement peut survenir à tout instant, pour Pierre et ses lecteurs comme pour nous d’ailleurs, la venue du Seigneur est imminente et le comportement à observer est le même ; les exhortations que l’apôtre adresse aux croyants du 1er siècle sont parfaitement adaptées à notre situation au 21e siècle. Comme Dieu désire que tous les croyants vivent dans l’expectative, dans l’espérance du retour de Jésus, il n’a pas révélé quand aura lieu l’enlèvement de l’Église ou l’établissement du royaume de mille ans.
Quand Pierre dit : « Soyez sains d’esprit et disciplinés », il utilise deux mots pratiquement synonymes. Celui pour « soyez sain d’esprit » (sophronésate) a donné « sophrologie » en français et signifie « avoir une bonne maîtrise de soi ». Pierre écrit donc à ses lecteurs de ne pas se laisser aller à une passion passagère ou à un sentiment malvenu. Le croyant doit toujours garder la tête froide et avoir pour objectif principal une vie droite et bien réglée. Il doit construire sa vision du monde comme s’il avait déjà un pied, non pas dans la tombe, mais au-delà, dans le royaume des cieux avec l’éternité en arrière-plan et devant lui.
Le mot pour « soyez disciplinés » (népsate) signifie « être vigilant, se tenir en éveil, ne pas se laisser distraire par les mondanités » (comparez Matthieu 24.42 ; 26.41). Le croyant doit adopter une perspective spirituelle de la vie afin de recevoir la sagesse qui vient d’en-haut et être rempli de la pensée du Seigneur (1Corinthiens 2.8-16). Alors, il sera disponible pour prier et la prière sera pour lui aussi vitale que respirer.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.