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05 sept. 2023

1 Rois 1.1 – 1.37

A un moment donné de leur histoire, toutes les nations ont été dirigées par un roi, un pharaon, un empereur ou un autre despote qui était le représentant de la dynastie régnante. En France, on a coupé court à cette pratique à l’aide de la guillotine. Israël est un cas particulier parce qu’au tout début de son histoire c’est une théocratie, c’est-à-dire que l’Éternel Dieu lui-même en est le chef. Pourtant et assez rapidement, l’état spirituel et bien sûr moral de ce peuple a dégénéré et les Hébreux ont voulu être comme les autres nations et avoir à leur tête une royauté humaine. C’est ce qui est raconté dans deux livres qui ont pour titre 1 et 2 Samuel mais aussi dans les deux livres intitulées : « Les Rois ». À l’origine, ces deux ouvrages formaient ensemble le 2e tome d’une série de trois livres historiques de l’Ancien Testament appelées respectivement : Samuel, les Rois et les Chroniques.

Quand la version grecque de l’Ancien Testament a été rédigée au 3 ème siècle à Alexandrie, les traducteurs ont divisé chacun des 3 ouvrages que j’ai cités en deux parties pour aider le lecteur à s’y retrouver plus facilement. Dans la Septante donc, les deux livres de Samuel s’appellent : 1 et 2 Règnes, et les deux livres des Rois : 3 et 4 Règnes. Il sont ainsi nommés parce qu’ils rapportent les règnes des rois d’Israël et de Juda après David, et jusqu’à la destruction des deux royaumes israélites. La coupure entre les 2 volumes des Rois est très arbitraire et pas très réussie puisqu’elle scinde en deux le règne d’un roi et le cycle d’un prophète.

Les histoires rapportées dans les deux livres des Rois sont la continuation du récit de Samuel. Le premier relate la fin du règne de David et raconte comment son fils Salomon est venu au pouvoir. Le deuxième livre des Rois raconte l’histoire de la nation d’Israël scindée en deux royaumes : d’une part, celui du Nord appelé communément « les 10 tribus » bien qu’il n’y en ait que neuf plus la majorité des Lévites, et d’autre part le royaume de Juda situé au sud et qui inclut la tribu de Siméon qui lui est confondue, et celle de Benjamin.

L’auteur ou plutôt l’éditeur, raconte les règnes des rois d’Israël et de Juda en alternance. L’histoire des deux prophètes Élie et Élisée, qui ont exercé leur ministère dans le royaume du Nord, est également racontée en parallèle à celle des rois. La dernière partie du second livre relate les règnes des rois du royaume de Juda jusqu’à sa destruction, et se termine sur la notification du retour en grâce d’un de ses derniers rois, qui est alors en exil à Babylone.

Les livres des Rois couvrent la période qui va de 972 à 562 av. J-C. Ils ont été rédigés pendant l’exil babylonien et peut-être en même temps que les deux livres de Samuel comme un ensemble racontant l’histoire de la monarchie israélite, de son début avec le premier roi Saül jusqu’à la fin du royaume de Juda. L’auteur a utilisé des écrits antérieurs à l’exil et même inséré dans son œuvre des documents entiers, comme les récits concernant les deux prophètes Élie et Élisée, par exemple. C’est ce qui explique pourquoi on trouve certaines notes indiquant que tel ou tel état de fait a perduré « jusqu’à ce jour », alors que ce n’est plus vrai au moment de l’exil. Certains prophètes jouèrent un rôle important à la cour des rois et ont eux aussi constitué au fil des siècles une collection racontant l’histoire de la monarchie israélite qui s’appelle « archives royales ». L’éditeur final y a certainement puisé sa source première. On sait par exemple que les chapitres 18 à 20 du second livre des Rois ont été empruntés aux écrits du prophète Ésaïe. En effet, l’ouvrage mentionne plusieurs sources écrites par différentes personnes. Mise à part la portion attribuée à Ésaïe (37:9-39:8), d’autres passages sont parallèles au prophète Jérémie ou au récit des livres des Chroniques. Ailleurs dans les livres des Rois, les différences de style sont si importantes (histoires d’Élie et d’Élisée) qu’elles suggèrent une source non mentionnée. Cependant, malgré l’utilisation de documents préexistants, l’auteur ne s’est pas contenté d’un simple travail d’édition car il a élaboré une œuvre cohérente dans sa forme, ses thèmes, et sa théologie, qui répond aux interrogations de ses contemporains. En effet, lorsque ces livres sont rédigés, les deux royaumes d’Israël ont été rayés de la carte. Or, les habitants de Juda croyaient que jamais l’Éternel ne laisserait l’ennemi détruire Jérusalem et son Temple. Mais c’est bien ce qui est arrivé et il n’y a plus de royaume malgré la promesse inconditionnelle faite par Dieu à David concernant sa dynastie. Bien que l’Éternel ait choisi Jérusalem pour y résider, la ville sainte est en ruines. La question que se posent les Israélites exilés est donc : « Dieu a-t-il failli à ses promesses » ? L’auteur les rappelle à trois reprises, ces promesses, et chaque fois il écrit que leur accomplissement dépend de la fidélité des descendants de David à l’Éternel. C’est vrai à court terme, cependant à long terme, la promesse de Dieu tient toujours et un jour il y aura un royaume terrestre sur lequel régnera un descendant du roi David; il s’agit bien sûr de Jésus-Christ.

Comme pour les livres de Samuel, les livres des Rois ne sont pas écrit selon une chronologie rigoureuse. Les écrivains sacrés nous fournissent beaucoup de dates isolées, mais quand on veut connaître la durée d’une longue période, il faut combiner une série de dates et les erreurs s’accumulent. Déjà pour commencer, il faut savoir qu’en hébreu, les chiffres sont exprimés par des lettres ayant une valeur numérique et qu’ils peuvent donc très facilement être altérés par les copistes. Puis les Israélites ne dataient pas les événements à partir d’une époque fixe comme nous ; ils se bornaient à indiquer à quelle année du règne de tel roi tel événement avait eu lieu. Cette façon de fixer une date donne lieu à une foule d’erreurs parce qu’on peut calculer de différentes manières le commencement d’un règne; et puis les co-régences père et fils, les régences pendant la minorité du souverain, et les inter-règnes créent de nouveaux problèmes. En additionnant les nombres indiquant la durée de plusieurs règnes successifs, on accumule les erreurs et le résultat n’est pas fiable.

L’histoire des rois des deux monarchies illustre la mise à exécution des sanctions prévues par la Loi en cas de désobéissance ; l’exil en particulier est la conséquence directe de l’infidélité persistante d’Israël à l’alliance que l’Éternel a conclue avec la nation d’Israël. D’ailleurs l’exil avait déjà été envisagé et prédit par Moïse (Deutéronome 28.45-52) ce qui est surprenant.

Quand l’auteur porte un jugement sur les des rois de Juda, il utilise toujours David comme référence et modèle ; ceux qui imitent sa conduite sont approuvés et les autres condamnés. L’auteur s’intéresse avant tout à la situation morale et religieuse des rois et du peuple pour expliquer le cours des événements, laissant la plupart du temps de côté les facteurs sociaux, économiques et politiques qui intéressent les historiens modernes. Par exemple, le long règne du roi Jéroboam II sur les X tribus, ne fait l’objet que d’une courte notice et est utilisé comme contre-exemple moral et religieux pour expliquer la destruction du royaume du Nord. Je lis ce passage :

Dès lors, les Israélites n’avaient cessé de se livrer à tous les péchés que Jéroboam lui-même avait commis ; ils ne les abandonnèrent pas jusqu’au jour où l’Éternel les bannit loin de lui comme il l’avait annoncé par tous ses serviteurs, les prophètes. Israël a été déporté loin de son pays, en Assyrie où il est resté jusqu’à ce jour (2Rois 17.22-23).

Par contre, les réformes religieuses entreprises dans le royaume de Juda par les rois Ézéchias et Josias retiennent longuement l’attention de l’auteur. Par ailleurs, il s’étend sur les fautes graves de certains monarques et sur l’influence désastreuse qu’ils eurent en promulguant l’idolâtrie. Concernant le long règne du roi idolâtre Manassé en Juda, l’auteur écrit :

Voici ce que déclare l’Éternel, le Dieu d’Israël : “ Je vais amener sur Jérusalem et sur Juda un malheur tel que tous ceux qui en entendront parler seront abasourdis. Je viderai la ville de ses habitants [..]. J’abandonnerai ce qui reste du peuple qui m’appartient et je le livrerai au pouvoir de ses ennemis [..]. ” — Je chasserai aussi Juda loin de moi, comme j’ai chassé Israël, et je rejetterai cette ville, Jérusalem, que j’avais choisie, ainsi que le Temple où j’avais promis d’établir ma présence (2Rois 21.11-14 ; 23.27).

Le message essentiel des livres des Rois est la faillite complète du peuple de Dieu vis-à-vis de l’Éternel et c’est ce qui a entraîné la ruine des deux royaumes israélites, tant celui des X tribus du Nord que celui de Juda, ce qui inclut Simeon et Benjamin au sud. D’une manière plus générale, l’auteur, l’éditeur, enseigne l’incapacité de l’homme à se gouverner lui-même d’une façon qui soit droite aux yeux de Dieu. Il dresse un bilan de chacun des règnes israélites en fonction de la conduite que le roi aurait dû avoir par rapport à certaines lois de Moïse et à David pour les rois du sud. En somme, et à quelques exceptions près, les livres des Rois racontent une longue histoire de l’infidélité d’Israël à l’égard de l’Éternel, et qui va en s’empirant au fil du temps.

La disparition des deux royaumes israélites et l’exil de leur population est la conséquence et l’aboutissement logique de leurs péchés accumulés ce qui fait que le peuple de Dieu en porte l’entière responsabilité. Cependant, tout espoir n’est pas perdu. L’auteur s’attache à rappeler comment Dieu s’est montré fidèle par le passé, entrevoyant ainsi la restauration future du royaume de David afin d’accomplir la promesse que l’Éternel lui avait faite. La fin des deux livres des Rois mentionne le retour en grâce de Yehoyakîn, l’héritier du trône de David, survenu une quinzaine d’années après que Juda ait été emmené en captivité par Nabuchodonosor. Son successeur tire de sa prison le descendant de David, Yehoyakîn, et lui donne une place privilégiée à sa cour; c’est le présage du retour d’exil. Dans le même ordre d’idée, l’auteur rappelle souvent que l’Éternel a choisi Jérusalem parce qu’il s’attend à sa reconstruction future. Ce sont les Perses qui après avoir vaincu Babylone, autoriseront les Israélites à retourner en Palestine et à reconstruire le temple et Jérusalem. Cependant et comme je l’ai déjà souvent dit, la promesse d’une dynastie éternelle à David trouve son accomplissement en Jésus-Christ, l’héritier du trône. La faillite d’Israël dans l’obéissance à la Loi qui est le thème principal du livre, montre la nécessité pour Dieu de conclure une alliance avec l’humanité qui repose sur la grâce sans la Loi.

Le règne de Salomon occupe la moitié du premier livre des Rois; le peuple est alors réuni sous son sceptre et c’est la période la plus brillante de l’histoire d’Israël. Ce règne accomplit les promesses que l’Éternel avait faites à Abraham, Moïse et plus particulièrement à David (2 Samuel 7:8-17). Pendant les premières années du règne de Salomon, le roi et tout Israël furent fidèles à l’Éternel et bénis par lui. Cette paix et la prospérité font de cette période la meilleure image que l’on possède du règne messianique à venir.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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