Les émissions

20 juil. 2023

1 Samuel 1.1-20

Chaque pays a son passé, ses heures de gloire et de détresse qui lui sont propres et tous ceux qui ont usé des fonds de culotte sur des bancs d’école en savent quelque chose. L’histoire du peuple d’Israël comporte une période de plusieurs siècles pendant laquelle une partie de la nation est dirigée par des chefs militaires ayant aussi la fonction de juge, c’est-à-dire, ayant la charge de régler les différends entre les personnes ou les familles. Il y a eu une douzaine de juges, dont une femme. Le dernier et le plus influent de tous ces chefs fut Samuel qui exerça comme juge pendant 40 ans environ (1075-1035).

Il existe deux livres de l’Ancien Testament qui portent son nom, mais à l’origine, dans les manuscrits hébreux, ils constituent un seul ouvrage. C’est dans l’ancienne version grecque appelée « la Septante » qu’il se trouve scindé en deux, portant le nom de 1er et 2e livres des règnes. Ce découpage a été suivi dans la traduction latine puis par nos versions françaises. Une tradition des Rabbins fait de Samuel le principal auteur du premier livre ou au moins des 24 premiers chapitres, tandis que deux prophètes : Nathan et Gad, auraient écrit le reste.

Avec le livre des Juges qui les précède et les livres des Rois qui les suivent, les livres de Samuel font partie de cet ensemble de textes qui relate la longue histoire des défaillances du peuple d’Israël qui vont le conduire à subir les châtiments de Dieu sous forme de malheurs divers et variés, puis de l’exil. Le thème central des deux livres de Samuel est la monarchie israélite, et c’est lui le juge qui, à contre-coeur, l’a instituée en désignant et oignant Saül (1045-1010) puis David (1010-970), les deux premiers rois, et en énonçant leurs responsabilités ainsi que celle du peuple hébreu. À cet égard, Samuel peut être comparé à Moïse qui a donné à Israël ses institutions fondamentales à commencer par les tables de la Loi. Saül est le premier roi et celui qui satisfait les désirs des Israélites, mais il laissera derrière lui un mauvais exemple de ce que l’exercice du pouvoir royal peut donner. David, par contre, est le souverain qui correspond aux désirs de l’Éternel. C’est lui qui a posé les fondements d’une monarchie solide et même d’une dynastie à laquelle l’Éternel promet un avenir brillant durable et même éternel. Cette promesse n’est pas une simple façon de parler car on la retrouve dès les premières pages de l’Évangile dans le premier message de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus-Christ, quand il proclame aux Israélites :

Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. (Matthieu 3.2)

Le royaume dont il parle correspond à cette dynastie que l’Éternel a promise d’établir à tout jamais au roi David. Il s’agit d’un vrai règne ayant commencé à un moment défini de l’histoire de l’humanité, en un lieu précis de la terre, et avec le roi David régnant sur des sujets israélites. Mais à cause des défaillances humaines, ce royaume est tombé dans les oubliettes de l’histoire comme tous les autres avant et après lui. Cependant, à la différence des règnes des hommes qui surgissent et disparaissent à tout jamais, le royaume de David a déjà été offert une fois par Jésus aux Juifs qui l’ont rejeté, mais il sera rétabli, toujours par Jésus-Christ, et cette fois-ci ce sera avec gloire et puissance, quand il viendra pour établir par la force le millénium sur toute la terre et y régner en tant que seul souverain, Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Alors que l’avenir s’annonce glorieux, l’établissement de la première monarchie israélite fut tout le contraire car elle a lieu dans un contexte historique particulièrement troublé. En effet, avec Samuel, le dernier des Juges, nous sommes à la fin d’une époque caractérisée par l’idolâtrie et l’infidélité persistantes d’Israël envers l’Éternel son Dieu. De plus, la magistrature de Samuel est marquée par des guerres incessantes contre les Philistins, un peuple qui est établi dans le sud-ouest de la Palestine, en bordure de la Méditerranée. C’est la pression exercée par ses ennemis qui fait qu’Israël désire un roi qui conduise ses armées au combat. Mais il ne s’agit là que d’une solution boiteuse, car la victoire sur l’ennemi quel qu’il soit, dépend avant tout de l’obéissance d’Israël à l’Éternel. Il en est d’ailleurs ainsi depuis qu’il l’a libéré de l’esclavage égyptien sous la conduite de son serviteur Moïse. La fidélité du peuple choisi à son Dieu est nécessaire et suffisante car l’Éternel est aussi son souverain qui le conduit à la victoire sur ses ennemis. Mais cela ne suffit pas aux Israélites qui insistent auprès du juge Samuel et lui disent :

Nous voulons un roi. Nous voulons, nous aussi être dirigés comme tous les autres peuples. Notre roi rendra la justice parmi nous et prendra notre commandement pour nous mener au combat (1Samuel 8.20).

Cette détermination du peuple est un manque flagrant de confiance en Dieu pour assurer sa sécurité. Cela dit, il faut aussi voir l’autre côté des choses; l’institution de la royauté n’est pas mauvais en soi, puisqu’elle a déjà été prévue par Moïse dans le Deutéronome, son 5e livre. Il faut en effet savoir que c’est la forme de gouvernement préférée de Dieu parce qu’elle est beaucoup plus efficace pour diriger des hommes pécheurs que la démocratie. Ainsi, c’est l’Éternel lui-même qui choisit David, qui lui donne de son Esprit, et le conduit à la victoire sur les ennemis d’Israël. De plus, un jour il placera son Roi sur le trône du monde ; ce sera Jésus-Christ, le Prince de la Paix. Quand il régnera, les affaires des hommes changeront vraiment : la justice et la paix couvriront toute la surface du globe comme les eaux remplissent les mers.

Même si Dieu approuve la royauté en soi, celle de Saül a été instaurée pour de mauvaises raisons qui constituent un rejet de l’Éternel et conduisent Samuel à mettre le peuple en garde contre les dérives potentielles du pouvoir royal. En effet, la royauté n’est pas la solution à tous les maux d’Israël car tout dépend de l’attitude du roi vis-à-vis de l’Éternel. Tout d’abord, la monarchie ne doit pas remettre en cause l’alliance qui lie Israël à son Suzerain, à l’Éternel, son premier et véritable souverain. Le pouvoir royal ne fonctionne bien que si le roi du peuple élu se considère comme un instrument au service de Dieu afin que l’Éterne règne sur Israël. Pour cette raison, dès son origine, la royauté israélite est placée à l’intérieur du cadre de l’alliance, pour qu’elle ne soit pas exercée d’une manière despotique comme chez les peuples païens.

Chez les Israélites, c’est la Parole de Dieu qui définit les actions du pouvoir royal, d’abord par l’intermédiaire du chef-juge Samuel, ensuite par les grands-prêtres qui interrogent l’Éternel au moyen de l’ourim et du toummim afin d’obtenir un oui ou un non de la part de Dieu. Plus tard apparaîtront les premiers prophètes de cour, Nathan et Gad. Il s’en suit qu’un document officiel définissant les droits et devoirs du pouvoir royal est déposé dans le sanctuaire de l’Éternel. Le roi ne remplacera donc pas Dieu et ne sera pas un tyran; il devra au contraire gouverner dans l’obéissance à la volonté divine et dans le respect des lois de l’alliance que Moïse a reçues sur le mont Sinaï et qu’il a données au peuple. L’exercice de la royauté étant ainsi balisée, la volonté et toutes les actions du roi sont subordonnées à la Parole de Dieu. Sa dépendance à l’égard de l’Éternel se signale aussi par l’octroi du don de l’Esprit qui lui permet d’accomplir des exploits militaires. Cependant, la royauté reste une institution humaine qui a des limites que souligne bien l’auteur. En effet, le livre de Samuel s’ouvre sur deux fiascos que l’auteur met intentionnellement en parallèle : d’une part, la déchéance du sacerdoce qui est dévoyé par les fils du prêtre Éli, et d’autre part, la faillite de la royauté de Saül. Cependant, dans sa souveraineté, Dieu remplace Éli par Samuel, et Saül par David. Une fois roi, ce dernier commence par unifier les 12 tribus, pour ensuite achever la conquête qui reste à faire et traîne depuis des siècles, depuis l’époque de Josué. Il va assujettir l’ensemble des territoires que l’Éternel avait promis au patriarche Abraham et pacifier son royaume en mettant ses ennemis hors d’état de nuire, comme par exemple les Philistins avec qui les Israélites étaient en conflit quasi permanent, ce qui avait engendré des guerres meurtrières sous le règne du premier roi Saül. David va les écraser au point où ils ne constitueront plus une menace pour Israël. Ce grand roi va ainsi donner à son peuple cette existence paisible promise par Moïse dans le livre du Deutéronome et qui est nécessaire à l’établissement d’un lieu de culte unique et définitif. David conquiert aussi Jérusalem qu’il choisit comme sa capitale, et où il fait venir le coffre sacré de l’alliance, symbole de la présence de Dieu. Il exprime le désir de construire un Temple à l’Éternel mais c’est son fils Salomon qui l’érigera. En fin de compte, et malgré les circonstances déplorables dans lesquelles elle a été instituée, la royauté a été voulue par Dieu pour réaliser ses projets pour Israël d’abord, et pour le monde entier, ensuite.

David fut un roi brillant mais il a misérablement et gravement péché. Il a à grand-peine réussi à rallier les 12 tribus derrière sa bannière et à unifier son royaume autour de Jérusalem. Mais en se rendant coupable d’un adultère puis d’un meurtre par personne interposée, il a provoqué la zizanie au sein de la famille royale : un inceste et un meurtre, contre lesquels il ne peut pas moralement réagir comme il aurait normalement dû parce qu’il s’est lui-même rendu coupable de fautes semblables. Les répercussions politiques sont catastrophiques et les désastres s’enchaînent. Absalom fils de David se dresse contre son père et gagne à sa cause une majorité des habitants de Jérusalem. Le roi doit s’enfuir en toute hâte pour sauver sa vie. Cet incident très douloureux est suivi par une autre révolte, celle des tribus du Nord. La royauté de David commence déjà à se lézarder de son vivant.

Le schisme de la nation d’Israël qui survient après la mort de Salomon, le fils de David qui lui succède, et le désastre de l’exil des X tribus du nord d’abord puis de celles du sud ensuite, trouvent déjà leurs racines dans les gros écarts de conduite commis par David. Malgré tout, l’Éternel ne remet pas en question la promesse de la royauté éternelle qu’il lui a faite. Elle s’accomplira comme prophétisée en la personne d’un roi issu de sa dynastie. Le Nouveau Testament déclare que ce descendant de David est Jésus-Christ.

La véracité du récit des livres de Samuel est évidente quand on considère la franchise avec laquelle sont racontés les égarements, les chutes et les folies des acteurs les plus vénérés de cette histoire, tels que le grand-prêtre Éli, le prophète et juge Samuel lui-même, puis les grandes figures politiques comme Saül et David. Sacerdoce, prophétisme et royauté, tout ce qui est honoré en Israël, ainsi que le peuple élu, sont sous le jugement impartial de Dieu.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 04 2023

Émission du jour | 2 Rois 16.1 – 17.41

Ahaz, roi de Juda - Osée, dernier roi d'Israël

Nos partenaires