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1 Thessaloniciens 4.13-18
Quand j’étais au collège, nous avions un cours d’histoire qui n’était pas piqué des hannetons à cause des dates qu’il fallait avaler et qui concernent des événements et beaucoup de batailles qui ne me passionnaient guère. Et puis on a appris les guerres de religion, c’est-à-dire entre les catholiques et les protestants. En fait, c’est beaucoup plus compliqué qu’une simple affaire de croyances car ça sent la politique à plein nez avec des luttes pour le pouvoir qui n’en finissent jamais. Comme j’étais catholique, j’ai pris parti contre les protestants. Pourtant, ils ont bien commencé puisque Luther, Calvin et les autres ont dépoussiéré la doctrine du salut, prêchant que l’homme ne peut recevoir la vie éternelle que par grâce. Mais après, le mouvement a vite dégénéré et aujourd’hui, les grandes familles d’églises protestantes ont tourné casaque. Au début du 20e siècle par exemple, les protestants libéraux ont le vent en poupe et réfutent une à une toutes les doctrines chrétiennes de base. Dans les années 20, ils prétendent que la résurrection, si résurrection il y a, est spirituelle et donc ne concerne pas le corps. Lors d’un congrès, à Chicago, un fameux spécialiste de la langue grecque présenta une thèse qu’il avait écrite sur un passage de la première épître de Paul aux Corinthiens où l’apôtre écrit :
Semé corps naturel, on ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel (1 Corinthiens 15.44).
Cet homme érudit voulant prouver qu’il n’y a pas de résurrection corporelle, il met l’accent sur le mot « spirituel ». Pourtant, Paul dit bien : « on ressuscite corps spirituel ». Les protestants de conviction libérale applaudissent comme un seul homme ce fameux spécialiste, se congratulent et proclament haut et fort qu’il faut absolument publier ce manuscrit et le faire circuler partout. Mais c’est alors qu’un autre spécialiste de la langue grecque se lève et jette un énorme pavé dans la mare en faisant remarquer qu’un nom est toujours plus fort qu’un adjectif et que dans la phrase : « Semé corps naturel, on ressuscite corps spirituel », « le corps » est le mot dominant.
Selon les Écritures, la résurrection ne concerne jamais l’âme ou l’esprit, mais toujours le corps qui est transformé, métamorphosé d’un état à un autre. Il meurt parce qu’il est naturel, mais une fois ressuscité il est spirituel, et c’est bien le corps qui est le point focal de la phrase. Suite à cette intervention magistrale du second spécialiste, le manuscrit ne fut jamais publié et il est tombé dans les oubliettes de l’histoire. Je continue maintenant de lire dans le quatrième chapitre de la première épître de Paul aux Thessaloniciens.
Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous attristiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance (1 Thessaloniciens 4.13 ; SER).
Déjà dans l’Ancien Testament, dans sa vision concernant la fin des temps, le prophète Daniel compare la mort au sommeil. Je lis le passage :
Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l’horreur éternelles (Daniel 12.2).
Si la mort est comparée au sommeil, c’est à cause de la similarité entre ces deux états. Peut-être avez-vous eu l’occasion de vous trouver devant une personne décédée, dans son lit ou dans un cercueil, et qui donne vraiment l’impression d’être simplement assoupie, au point où on a l’impression qu’elle va se réveiller d’un instant à l’autre. Tout comme quelqu’un qui dort même profondément ne cesse pas d’être, l’esprit d’un mort continue lui aussi à exister, mais dans une autre dimension. Et tout comme on sort du sommeil en se réveillant, les morts ressuscitent avec un nouveau corps.
Pour exprimer l’idée de résurrection, les auteurs du Nouveau Testament utilisent un mot qui veut dire « mettre debout quelque chose qu’on peut saisir de ses mains ». Il s’ensuit que la mort et la résurrection s’appliquent toujours au corps de la personne et jamais à sa partie immatérielle, à l’esprit ou à l’âme.
Les Grecs ont un mot qu’on peut traduire par « lieu où on dort » (koimeterion) et qui désigne la maison où les étrangers de passage vont dormir. Cet endroit correspond aujourd’hui à un hôtel ou à une auberge. On s’y rend pour passer la nuit et le lendemain matin on se lève et on continue son voyage ou son travail. Eh bien, les premiers chrétiens ont choisi ce mot : « lieu où on dort », pour appeler l’endroit où ils enterrent leurs morts ; la racine de ce mot a d’ailleurs donné « cimetière » en français. Pour les croyants du premier siècle, le cimetière est donc un endroit où on va dormir jusqu’à la résurrection.
Si vous avez un ami qui se rend dans un hôtel, vous ne l’avez pas perdu pour toujours, vous savez que vous le reverrez. Pour cette même raison, concernant leurs bien-aimés qui se sont endormis, c’est-à-dire qui sont morts, Paul dit aux Thessaloniciens de ne pas s’attrister comme le font les païens, car ils les reverront le jour où le Seigneur reviendra, ou dans l’Au-delà.
Quand un être cher nous quitte, on éprouve de la tristesse à cause de la séparation et de la solitude due à ce départ et c’est normal. Même Jésus a pleuré sur la tombe de son ami Lazare (Jean 11.33, 35), car il voyait combien ses proches souffraient à cause de sa mort. Dans son épître aux Romains, Paul écrit :
Partagez la joie de ceux qui sont dans la joie, les larmes de ceux qui pleurent (Romains 12.15).
Cependant, il existe une très grande différence entre l’espérance chrétienne et le désespoir des non-croyants pour qui la mort est une finalité abrupte et un mur infranchissable. Un poète latin du premier siècle de notre ère (Catullus ; 87-54 av. J-C) écrit : « Une fois que notre lumière brève s’éteint, il ne reste plus qu’une nuit perpétuelle où nous devons dormir. » Et sur les tombes antiques, on lit des épitaphes sinistres du genre : « Je n’étais pas, je devins, je ne suis pas, je n’éprouve pas ».
L’adieu des croyants est vraiment ce que ce mot veut dire ; ils confient à Dieu leurs bien-aimés sachant qu’ils les reverront. Au fond, on peut dire que : « ce n’est qu’un au revoir mes frères », car selon les paroles de Paul, il y aura un grand rassemblement auprès de Jésus-Christ lors de sa venue (2 Thessaloniciens 2.1).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.