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1 Timothée 1.9-17
Lors de la conquête de l’ouest américain, les villes poussaient comme des champignons et la loi et l’ordre laissaient souvent à désirer. Dès qu’une bourgade a un shérif, il est obligé de mettre des pancartes un peu partout indiquant à la populace comment elle doit se conduire sous peine de sanctions. Un indien qui a été invité par un pasteur se rend en Californie en train. Il s’arrête plusieurs heures dans la ville de Barsow. Dans la salle d’attente de la gare, il voit un écriteau qui dit : « Ne pas cracher par terre ». Il examine attentivement l’état du sol et constate qu’il est absolument dégueulasse (traduction en iroquois). De toute évidence, nul ne prête attention à ce panneau. Après un moment d’attente, le train repart et l’indien arrive à destination. Son hôte qui l’attend l’emmène chez lui dans sa belle maison bourgeoise. C’est la première fois qu’il va chez les blancs et il regarde tout avec curiosité. Il remarque que des beaux tableaux décorent le mur du salon mais il n’y a pas d’écriteau qui dit : « Ne pas cracher par terre ». Il tâte le sol de sa main et constate qu’il est bien lisse et propre ; personne n’a craché par terre. Dans la ville de Barsow, le shérif essaie tant bien que mal de faire respecter la loi tandis que dans cette maison de bonne famille, c’est inutile parce qu’il y règne une autre loi, celle de l’amour. Je continue de lire dans le premier chapitre de la première épître à Timothée.
Il faut savoir ceci : la Loi n’est pas faite pour ceux qui font le bien, mais pour les malfaiteurs et les rebelles, pour les gens qui méprisent Dieu et les pécheurs, pour ceux qui n’ont ni respect ni scrupule à l’égard de ce qui est sacré, ceux qui tueraient père et mère, les assassins, les débauchés, les homosexuels, les marchands d’esclaves, les menteurs, les gens sans parole et, d’une manière générale, pour tous ceux qui commettent des actions contraires à l’enseignement authentique que vous avez reçu (1 Timothée 1.9-10).
Paul suit l’ordre des dix commandements et exprime sans ambages la façon extrême dont ils sont violés. Les lois qui nous gouvernent ne sont pas destinées aux gens qui agissent bien relativement parlant. L’interdiction de tuer, de voler, de faire du trafic de drogue ne sont pas faites pour ceux qui de toute façon n’ont pas l’intention d’agir ainsi parce qu’ils obéissent déjà à leur conscience. Les lois sont destinées à tenir les voyous en bride. Quant au croyant qui marche selon la lumière des Écritures, il est encore moins concerné par les lois d’ordre moral qui peuvent être votées par la chambre des députés, parce que sa façon de vivre se situe à un niveau bien plus élevé que ce qui pourrait lui être dicté.
Cela dit, dans ce passage, l’apôtre Paul n’a pas à l’esprit les lois romaines qui sont d’un niveau plutôt bas dans le domaine moral puisque l’infanticide, l’homosexualité, toutes les perversités sexuelles imaginables, le meurtre d’esclaves, pour ne citer que quelques horreurs, sont largement répandus dans tout l’empire. Paul parle de la Loi de Moïse. Quand l’Éternel l’a donnée à Israël, son objectif est de lui communiquer sa volonté ; il veut que son peuple soit différent des autres en obéissant à des règles de vie qui sont en harmonie avec sa Sainteté.
La Loi de Moïse est un moyen de contenir la mauvaise nature de l’homme, sa tendance innée à mal faire. Elle a été donnée aux Israélites, des gens au cœur rebelle qui auraient dû se reconnaître comme tels. Par contre, la Loi ne s’adresse pas à deux catégories de personnes : elle n’est pas faite pour ceux qui n’en ont pas besoin ni pour ceux qui se croient justes. Soit, mais le problème est que les premiers n’existent pas et les seconds font lourdement erreur.
Personnellement et hormis le code de la route que je ne respecte pas toujours, je ne suis pas concerné par les lois humaines parce que mon idéal de vie se situe à un niveau bien plus élevé. Par contre, les règles morales de l’Ancien Testament et surtout les innombrables exhortations du Nouveau Testament sont pour moi parce que je m’écarte trop facilement de la ligne droite que Dieu a tracée.
La Loi de Dieu, qu’elle soit de Moïse ou de Jésus et des apôtres, a pour but d’harnacher ma mauvaise nature, mais en second lieu, Dieu veut par là me montrer mon péché. Bien qu’à l’origine les règles morales de la Loi de Moïse furent données à Israël, elles sont toujours en vigueur. Jésus a dit :
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Oui, vraiment, je vous l’assure : tant que le ciel et la terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la Loi, ni même un point sur un i n’en sera supprimé jusqu’à ce que tout se réalise (Matthieu 5.17-18).
Tous ceux qui n’acceptent pas la grâce en Jésus-Christ que Dieu leur offre sont automatiquement sous le régime des règles morales de la Loi de Moïse et du Sermon sur la montagne. Soit ils la suivent à la lettre, ce qui est impossible, soit ils admettent humblement leur incapacité de lui obéir et donc leur péché. Aux Romains, l’apôtre Paul écrit :
Ce que l’Écriture dit dans la Loi, elle l’adresse à ceux qui vivent sous le régime de la Loi. Il en est ainsi pour que personne n’ait rien à répliquer et que le monde entier soit reconnu coupable devant Dieu. Car personne ne sera déclaré juste devant lui parce qu’il aura accompli les œuvres demandées par la Loi. En effet, la Loi donne seulement la connaissance du péché (Romains 3.19-20).
Le but de la Loi est de condamner tous les hommes afin de les pousser à se réfugier en Jésus-Christ, le Sauveur. Dans son épître aux Galates (3.24 ; comparez Romains 3.22), Paul compare la Loi à un précepteur qui nous conduit au Christ afin que nous trouvions en lui la Justice par la foi.
Cette logique est très simple, car dès que je me rends compte que je ne peux pas obéir aux lois de Dieu, de Moïse, le Sermon sur la Montagne, ou les autres exhortations du Nouveau Testament, je cherche un autre moyen de satisfaire la justice de Dieu qui est par la foi, car à quatre reprises dans les Écritures, il est écrit :
Le juste vivra par la foi (Habakuk 2.4 ; Romains 1.17 ; Galates 3.11 ; Hébreux 10.38).
A Timothée donc, l’apôtre énumère une liste de péchés. La première moitié concerne plutôt des fautes dirigées contre Dieu lui-même. Il s’agit des hors-la-loi, des rebelles, des impies indifférents à ce qui est saint, de ceux qui vivent continuellement dans le vice, les amoraux, ceux pour qui la moralité n’existe pas, les indifférents à ce qui est juste et droit et enfin ceux qui méprisent ce qui est sacré.
La seconde partie de la liste concerne mes rapports avec autrui. Il est possible que les péchés auxquels Paul fait référence soient ceux dont les hérétiques se rendent coupables, à commencer par les meurtres. Ça ne nous concerne pas parce que nous ne tuerons pas nos parents, mais sous le régime de l’Ancienne Alliance, leur manquer de respect est aussi une faute qui entraîne la peine capitale (Exode 21.17).
Ensuite, Paul mentionne, la débauche, l’homosexualité et les trafics d’enfants qui sont alors des pratiques courantes, puis enfin le mensonge. Que celui qui a toujours dit la vérité et rien que la vérité lève le doigt et qu’on lui remette une médaille ! Personne ! C’est bien ce que je pensais. Il est relativement facile de prendre toute l’humanité sans qu’il manque un seul être humain à l’appel, et de l’entasser sur le banc des accusés. Il suffit pour cela de mesurer chacun avec l’étalon du Sermon sur la Montagne. Par exemple, Jésus a dit :
Celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice. Celui qui lui dit “ imbécile ” passera devant le tribunal, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de l’enfer. Si quelqu’un jette sur une femme un regard chargé de désir, il a déjà commis adultère avec elle dans son cœur (Matthieu 5.22, 28).
Suite à la liste qu’il dresse à Timothée, et pour s’assurer qu’il n’a rien oublié, Paul ajoute que la Loi est faite « pour ceux qui commettent des actions contraires à l’enseignement authentique que vous avez reçu ». Le mot traduit par « authentique » a donné « hygiène » en français. Ces mauvaises actions sont tout ce qui n’est pas sain, pur et moral. Y a-t-il quelqu’un de non coupable dans la salle ? Personne ? C’est bien ce que je pensais. L’apôtre nous a tous cloués au pilori.
Il est évident que la Loi de Dieu avec ses normes de sainteté ne peut que nous condamner. Voilà une déclaration déprimante, mais elle est heureusement suivie par la plus prodigieuse nouvelle qui a jamais été annoncée, celle que les anges ont proclamée aux bergers quand ils leur ont dit :
Un Sauveur vous est né aujourd’hui dans la ville de David ; c’est lui le Messie, le Seigneur (Luc 2.11).
En Jésus-Christ, Dieu nous accorde le plein pardon et le statut de fils de Dieu, ce qui défie l’imagination.
Supposons que le juge d’une petite ville ait un fils qui soit le meilleur ami d’un jeune hors la loi. Une nuit alors que ce dernier est en train de dévaliser une villa isolée, il se fait pincer par une patrouille de police. Le lendemain, il comparaît devant le juge qui est obligé de le faire incarcérer pendant six mois. Mais le fils du juge décide alors d’aller en prison à sa place. Le hors-la-loi est très touché et repentant surtout que le juge accepte en plus de le prendre chez lui, où il remplacera son propre fils en quelque sorte. À partir de ce moment, le juge ne va plus traiter le hors-la-loi comme tel, mais comme son fils et lui enseigner les bonnes manières : le respect et l’amour des autres, l’apprentissage d’une profession, la participation au fonctionnement de la maisonnée et tout ce qui fait partie de l’éducation d’un adolescent. Ce jeune homme est dorénavant traité d’une tout autre manière que lorsqu’il était considéré comme un vulgaire voyou. Eh bien c’est de cette manière que Dieu agit envers ceux, qui touchés par la grâce qu’il leur offre, se repentent de leurs fautes ; ils ne sont plus sous une loi, jugés coupables et condamnés, mais deviennent ses fils et ses filles et doivent donc aussi se comporter comme tels envers leur père.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.