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2 Pierre 2.16-21
Les livres d’histoire sont remplis de noms d’individus qui d’une manière ou d’une autre ont laissé derrière eux leur empreinte, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Pareillement, l’Ancien Testament est marqué par des personnages illustres et dignes de louanges, et par d’autres qui ont fait la page des faits divers ou de la Une des journaux de l’époque à cause de leur fourberie, leur méchanceté ou leur rébellion contre Dieu. Dans cet ordre d’idée, Pierre accuse les imposteurs religieux de son siècle de marcher sur les traces d’un certain Balaam qui, dit-il, « aimait l’argent mal acquis », l’argent sale en quelque sorte.
Je continue maintenant de lire dans le second chapitre de la deuxième épître de Pierre.
Mais Balaam a été rappelé à l’ordre pour sa désobéissance. C’est une ânesse muette qui, se mettant à parler d’une voix humaine, a détourné le prophète de sa démence (2Pierre 2.16 ; Autre).
Balaq, roi du royaume de Moab est terrorisé par l’arrivée des tribus d’Israël aux portes de son pays. Le livre des Nombres rapporte qu’il envoie alors des émissaires auprès du prophète Balaam pour lui dire :
Maintenant, viens, je te prie ! Maudis-moi ce peuple, car il est plus fort que moi. Peut-être parviendrai-je alors à le battre et à le chasser du pays, car je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit (Nombres 22.6).
Mais Dieu n’est pas d’accord et il dit à Balaam :
Ne va pas avec eux. Tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni (Nombres 22.12).
Ce prophète est appelé dément parce que son comportement défie le bon sens. Il est insensé tordu et aveugle, car malgré le commandement de Dieu qui ne peut pas être plus clair, il est prêt à le transgresser et à faire n’importe quoi pour s’enrichir un peu plus, pour ajouter un autre million à sa fortune déjà considérable. Il parlemente donc avec les princes du royaume de Moab et argumente avec Dieu qui, assez curieusement, finit par céder. Voilà donc Balaam en route avec les émissaires de Moab qu’il suit de loin. Il les accompagne pour se rendre sur des sommets élevés d’où il pourra voir le camp des Hébreux, embrasser du regard les douze tribus d’Israël et les maudire puisqu’il en a le pouvoir. S’il réussit malgré l’interdit de Dieu, il touchera une forte somme d’argent pour ses services. Balaam est monté sur son ânesse, son moyen de transport habituel, quand tout à coup, dit le texte :
L’ânesse vit l’ange de l’Éternel posté sur le chemin, son épée dégainée à la main. Elle se détourna du chemin et prit à travers champs. Balaam se mit à la frapper pour la ramener sur le chemin. Alors, l’ange de l’Éternel se plaça dans un chemin creux passant dans les vignes entre deux murets. L’ânesse vit l’ange de l’Éternel et elle rasa le mur, de sorte qu’elle serra le pied de Balaam contre le mur. Celui-ci recommença à la battre. L’ange de l’Éternel les dépassa encore une fois et vint se poster dans un passage étroit où l’on ne pouvait l’éviter ni à droite ni à gauche. L’ânesse vit l’ange de l’Éternel et elle s’affaissa sous son maître. Balaam se mit en colère et lui administra une volée de coups de bâton. Alors, l’Éternel fit parler l’ânesse, qui dit à Balaam : Que t’ai-je fait pour que tu me battes ainsi par trois fois ? Balaam lui répondit : C’est parce que tu te moques de moi. Ah ! si j’avais une épée sous la main, je t’abattrais sur-le-champ ! L’ânesse reprit : Ne suis-je pas ton ânesse qui te sert de monture depuis toujours ? Est-ce que j’ai l’habitude d’agir ainsi avec toi ? Et il répondit : Non ! (Nombres 22.23-30).
C’est en faisant parler cette ânesse que Dieu détourne le prophète de sa « démence » (paraphronian), un mot qui signifie littéralement « hors de son esprit ». Autrement dit, Balaam qui a un coffre déjà bien rempli est tellement obsédé par le désir de posséder toujours davantage de richesses, qu’il est devenu fou, hors de lui. L’Éternel lui dit plusieurs fois de ne pas maudire Israël, mais ce prophète ne se maîtrise plus car c’est l’argent son idole, qui le contrôle ce qui le conduit à agir en insensé. Quand l’ânesse lui parle, Balaam se comporte comme si cette façon de faire et de parler de l’animal est normale ; il ne manifeste aucune surprise tellement son esprit est occupé par la tâche qui l’attend ou plutôt par les pièces d’or qui dansent devant ses yeux.
Après cet incident, Balaam est forcé de mordre la poussière car Dieu l’oblige à bénir Israël trois fois et à donner plusieurs prophéties dont le jugement des nations voisines d’Israël, Moab inclus, ainsi que la venue du Christ qu’il appelle « l’astre qui monte de Jacob » (Nombres 24.17). Bien qu’il soit devenu apostat, Balaam est toujours prophète de l’Éternel. Après ces événements et n’ayant pas pu maudire les Israélites, ce faux jeton rentre chez lui mais pas avant d’avoir touché son sale fric. En effet, il l’obtient en suggérant aux Moabites une autre façon d’attirer la malédiction de l’Éternel sur le peuple élu. Il leur dit d’utiliser leurs femmes plantureuses pour aguicher les Israélites afin qu’ils s’engagent avec elles dans des actes d’orgies et d’idolâtries. Dans le livre des Nombres on lit :
Ce sont elles qui, sur les conseils de Balaam, ont incité les Israélites à être infidèles à l’Éternel dans l’affaire de Peor, de sorte qu’un fléau a frappé la communauté de l’Éternel (Nombres 31.16).
Le plan machiavélique de Balaam a marché comme sur des roulettes et le peuple d’Israël se livre à la débauche avec les femmes Moabites ce qui lui vaut de subir un châtiment sévère de la part de Dieu. Toujours dans le livre des Nombres, on lit :
Israël demeurait à Chittim ; et le peuple se mit à se livrer à la débauche avec les filles de Moab. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux ; et le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux. Israël s’accoupla avec Baal-Peor, et la colère de l’Éternel s’enflamma contre Israël (Nombres 25.1-3).
Depuis cette sinistre affaire, les Écritures désignent Balaam comme chef de file des faux prophètes, et il a fait beaucoup d’émules.
Tous les enseignants de mensonge d’antan et d’aujourd’hui ont certains points communs. Ils fonctionnent d’une manière despotique et ne rendent pas de comptes à quiconque ; à quoi bon puisqu’ils ont toujours raison ; ils dénoncent avec force toute personne qui oser mettre en doute leur autorité ; ils méprisent la saine doctrine fondée sur des faits historiques et les Écritures, mais ils aiment les nouveautés et tout ce qui est à la mode. Ils enseignent leur propre vision du monde, des tromperies édulcorées qui flattent l’homme dans sa vanité et qui plaisent aux appétits charnels de ceux qui les écoutent.
Indépendamment des divinités qu’ils représentent, les fondateurs de sectes et les gurus ont au moins deux caractéristiques communes : ils s’enrichissent sur le dos de leurs adeptes qu’ils tondent un maximum, et ils font usage de manipulations diverses pour obtenir les faveurs sexuelles des femmes. Au final, cette mauvaise graine est relativement facile à démasquer.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.