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31 mars 2026

2 Pierre 2.5-9

En 1972, un anthropologue du nom de Colin Turnbull a écrit un livre (Mountain people) sur une tribu située au nord-est de l’Ouganda appelée « Ik ». La caractéristique de ce peuple est que chaque individu est uniquement centré sur lui-même et sa survie sans la moindre considération pour les autres. Leur maxime est que chacun doit faire ce qu’il veut et n’agir différemment que s’il y est forcé. Les Ik n’ont aucun sentiment familial ou de pitié. Pour eux, l’idée d’aider quelqu’un dans le besoin est simplement absurde. Ils considèrent les vieux comme nuisibles et les enfants inutiles, alors quand l’un est blessé ou malade, nul ne songe à lui venir en aide car c’est une perte de temps et d’énergie. Dès qu’un gosse atteint l’âge de trois ans, souvent, ses parents l’abandonnent. Alors pour survivre, les enfants se rassemblent en bandes. Il existe deux groupes, l’un pour les 3 à 8 ans et l’autre pour les 9 à 13 ans. Les adultes sont ceux qui ont plus de 13 ans et qui ne s’occupent jamais des enfants.

Quand le gouvernement leur apporte des victuailles, les plus forts s’en emparent et les gardent pour eux sans en donner à quiconque, car ce serait du gaspillage, et ils préfèrent se gaver et vomir plutôt que de partager, même avec leur famille. Le « chacun-pour-soi » règne en maître suprême au point où l’auteur de ce livre écrit qu’on ne peut même pas accuser les Ik de se conduire comme des bêtes car ce serait insulter le monde animal. Ce type de fonctionnement étonnant et qui n’est rien de moins que la loi de la jungle révèle la vraie nature, la vraie composition du cœur humain à l’état brut. Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit :

Je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l’accomplir (Romains 7.18).

Les droits de l’homme, les règles morales et civiques qui font partie de notre héritage judéo-chrétien et dont nous sommes si fiers, n’ont pas pour origine un humanisme bienveillant, car de nature l’homme n’est pas un être civilisé du tout, mais bien plutôt tordu et méchant. C’est d’ailleurs pour cette raison que quelques millénaires en arrière, Dieu a déjà anéanti par les eaux du déluge la quasi-totalité de cette race perverse.

Je continue maintenant de lire dans le second chapitre de la deuxième épître de Pierre.

Dieu n’a pas non plus épargné le monde ancien, lorsqu’il fit fondre le déluge sur ce monde qui n’avait aucun respect pour lui. Il a néanmoins protégé Noé, qui appelait ses contemporains à mener une vie juste, ainsi que sept autres personnes avec lui (2Pierre 2.5).

Littéralement le texte dit que « Dieu a préservé Noé, la huitième personne ». Les sept autres sont sa femme, ses trois fils (Sem, Cham et Japhet) et leur épouse respective.

Pierre doit être très impressionné par l’histoire du déluge car il en parle à trois reprises dans ses deux lettres (1Pierre 3.20 ; 2Pierre 2.5 ; 3.6).

Non seulement Dieu a jugé certains anges déchus, mais il a éliminé toute la population du globe sauf la famille de Noé. D’après le récit de la Genèse, le monde d’alors a été détruit parce que :

« L’Éternel vit que les hommes faisaient de plus en plus de mal sur la terre : à longueur de journée, leur cœur ne concevait que le mal. Alors, l’Éternel fut peiné d’avoir créé l’homme sur la terre, et il en eut le cœur très affligé. Il dit alors : Je supprimerai de la surface de la terre les hommes que j’ai créés. Oui, j’exterminerai les hommes et les animaux jusqu’aux bêtes qui se meuvent à ras de terre et aux oiseaux du ciel, car je regrette de les avoir faits (Genèse 6.5-7).

Toutefois, Dieu a sauvé huit personnes, dont Noé. Le texte dit « qu’il obtint la faveur de l’Éternel parce qu’il était un homme juste et irréprochable au milieu de ses contemporains. Il conduisait sa vie sous le regard de Dieu » (Genèse 6.9).

Tout en construisant l’arche, Noé œuvre également comme prédicateur de la justice, avertissant ses contemporains qu’ils encourent la rétribution divine et la mort, et il les appelle à se repentir. Plusieurs siècles plus tôt, Hénoc, l’arrière-grand-père de Noé, avait prêché un message similaire : lui, le septième patriarche depuis Adam, il a dit :

Voici, le Seigneur va venir avec ses milliers d’anges pour exercer son jugement sur tous, et pour faire rendre compte, à tous ceux qui ne le respectent pas, de tous les actes qu’ils ont commis dans leur révolte et de toutes les insultes que ces pécheurs sacrilèges ont proférées contre lui (Jude 14-15).

Mais que ce soit Hénoc ou Noé, on ne les a pas écoutés.

Le mot pour « déluge » (kataklusmon) a donné « cataclysme » en français. Le récit de la Genèse parle d’une catastrophe à l’échelle planétaire qui est d’une telle violence qu’elle a littéralement sculpté et redessiné la totalité de la topographie de la terre (Genèse 7.10-24). Pour ceux qui ont des yeux pour voir, les preuves géologiques de cette catastrophe sont plus qu’évidentes. Dieu a détruit tout ce qui respirait à la surface de la planète en recouvrant d’eau la terre entière y compris les sommets des montagnes qui existaient avant le déluge (Genèse 7.19, 20).

On peut penser que ce châtiment est sévère, mais on a aucune idée de la situation qui prévaut juste avant que ce jugement ne survienne. Il semble en effet que les meurtres font alors partie du quotidien ordinaire de l’humanité et qu’ils sont banalisés au point où personne n’y prête plus la moindre attention. Pour cette raison, après ce cataclysme et afin de tenir le mal en bride, Dieu institue la société structurée, hiérarchisée et organisée autour de la répression du crime. Dans le livre de la Genèse, il ordonne à Noé :

Dieu a fait l’homme pour être son image : c’est pourquoi si quelqu’un répand le sang d’un homme, son sang à lui doit être répandu par l’homme (Genèse 9.6).

Vous me direz peut-être que cette règle viole l’un des 10 commandements, celui qui dit :

Tu ne tueras point (Exode 20.13).

Eh bien pas du tout, parce que en hébreu, ce n’est pas le mot pour « tuer » qui est utilisé. Littéralement, le commandement dit : « Tu ne commettras pas de meurtre », ce qui est correctement rendu dans la version du Semeur (SEM). En d’autres mots, nul n’a le droit d’ôter la vie de son prochain pour des motifs personnels, par contre, la société a le droit et le devoir d’imposer la peine capitale à ceux qui enfreignent cette règle divine. Contrairement à cette fausse notion si répandue, ce n’est pas respecter la vie humaine que de laisser vivre un meurtrier. Au contraire, on donne de la valeur à la vie de l’être humain en mettant à mort celui qui a tué pour satisfaire ses passions ou ses vices. Mais aujourd’hui ce sont les sentiments culturels de notre époque qui dictent les lois qui régissent la justice. Au nom d’un sentimentalisme morbide dépravé, l’opinion publique prend le criminel en pitié et on entend parfois dire : « Oh le pauvre, il a eu une enfance difficile, il faut l’aider », et veut oublier qu’il a ôté la vie à un être humain. Le pire est qu’après avoir fait un peu de prison, on le relâche et dans la plupart des cas, il poursuit tranquillement sa carrière de hors-la-loi.

Avec le temps du verbe et le vocabulaire utilisé, Pierre dit en substance que « Dieu fit soudainement survenir (Epaxas, participe passé ; comparez 2Pierre 2.1 ; epagontes, attireront sur eux une perdition soudaine) le déluge sur un monde d’impies » (asebôn). En d’autres mots, dès que Dieu a fermé la porte de l’arche sur Noé, sa famille et les animaux, une forte tempête s’est déclenchée sur une humanité qui n’avait pas le moindre égard, ni la plus petite révérence pour Dieu. Le mot que Pierre emploie pour « impies » est celui que les Pères de l’Église primitive utilisent pour désigner les hérétiques et les athées.

En rappelant « les eaux du déluge », Pierre souligne que le sort qui a frappé les mécréants de l’époque de Noé est également réservé aux imposteurs religieux qui s’introduisent dans les assemblées chrétiennes ; ils n’échapperont pas au jugement de Dieu.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 25 2023

Émission du jour | 2 Rois 3.1 – 4.37

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