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2 Thessaloniciens 3.10-18
Il y a toujours eu des gens bizarres. J’ai lu qu’au 19e siècle, les membres d’une secte qui croyaient au retour immédiat du Christ ont vendu tout ce qu’ils possédaient et se sont installés sur le toit de leur maison enveloppés d’un drap blanc. Une chose pareille est-elle vraiment arrivée ou est-ce un simple ouï-dire ?. Je ne sais pas, mais vu la crédulité généralisée du public, je ne serais pas surpris que certains fanatiques se soient comportés de cette manière. Mais ça sert à quoi de monter sur un toit ? Le Seigneur ne peut-il pas prendre quelqu’un s’il est simplement dans la rue ? Et s’il faut vraiment aller en hauteur, alors pourquoi ne pas être allé au sommet d’une haute montagne ? Et à quoi bon tout vendre ? Est-ce que ces gens s’imaginent qu’ils vont emmener leur compte en banque avec eux ? Et puis quelle est l’utilité du drap blanc ? Ce comportement n’a aucun sens. Pourtant, il semble que certains croyants de Thessalonique en sont presque là car ils ne font rien ; ils ne travaillent plus et passent leur temps en occupations oisives et à se mêler de ce qui ne les regarde pas. De plus, ils paraissent vivre aux crochets des autres croyants qui n’osent pas leur refuser le couvert. Je continue maintenant de lire dans le troisième chapitre de la deuxième épître de Paul aux Thessaloniciens.
Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne. Mais, de nuit comme de jour, nous avons travaillé, dans la fatigue et la peine, pour n’être à charge à aucun d’entre vous. Pourtant, nous en aurions eu le droit, mais nous avons voulu vous laisser un exemple à imiter. En effet, lorsque nous étions chez vous, nous vous avons donné cette recommandation : “ Que celui qui refuse de travailler renonce aussi à manger ” ! (2 Thessaloniciens 3.7-10).
Après s’être déclaré un modèle à imiter, l’apôtre rappelle le principe de base selon lequel celui qui refuse de travailler n’a pas non plus le droit de manger. Cet enseignement n’est pas nouveau puisque Paul l’a donné quand il était à Thessalonique, puis répété dans sa première épître (1 Thessaloniciens 4.11 ; 5.14). La logique de Paul est simple : quelqu’un qui a suffisamment faim travaillera afin de pouvoir acheter de quoi se nourrir. Dans le livre des Proverbes, le roi Salomon exprime la même pensée quand il dit :
La faim du travailleur est une bonne collaboratrice : sa bouche le pousse à travailler (Proverbes 16.26).
Dans sa première épître à Timothée, Paul va jusqu’à dire que le chef de famille qui a la possibilité et la capacité de travailler mais qui ne le fait pas, est pire qu’un infidèle. Il écrit :
Si quelqu’un ne prend pas soin des siens, en particulier des membres de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu’un incroyant (1 Timothée 5.8).
Ce n’est pas tout, car non seulement je dois pourvoir aux besoins de ma famille, mais j’ai aussi une responsabilité envers les pauvres. Beaucoup de passages aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament, ordonnent aux croyants d’aider les démunis qui ne sont pas capables de se suffire à eux-mêmes (Matthieu 6.2-3 ; Galates 2.10 ; 1 Timothée 5.4 ; Hébreux 13.16 ; Jacques 2.15-16 ; 1 Jean 3.17). Par contre, personne n’est redevable à ceux qui sont trop paresseux pour travailler.
Il y a bien longtemps, un été, j’ai eu l’occasion d’entrer dans un monastère parce que l’entreprise pour laquelle je travaillais y faisait des travaux. Eh bien, j’ai découvert que les Pères qui vivent absolument seuls parce qu’ils ont fait vœu de silence sont peut-être des contemplatifs, mais en plus, ils bossent. Déjà, ils ne font pas la grasse matinée puisqu’ils se lèvent au milieu de la nuit pour les mâtines. Ensuite, ils scient et fendent leur bois pour se chauffer l’hiver ; ils tendent un jardin et fabriquent des objets qui sont vendus. D’autres étudient les plantes et les insectes, font des expériences scientifiques ou fabriquent du fromage, des liqueurs et je ne sais quoi encore qui sont vendus aux touristes. Aujourd’hui, la chartreuse est produite à Voiron à une échelle industrielle, mais à l’origine elle était artisanale et distillée par les moines. En tout cas, ce ne sont pas des fainéants comme certaines mauvaises langues le prétendent et au travers des siècles ils ont contribué à l’avancement du savoir et de la science.
Marcher par la foi ne veut pas dire avoir la tête dans les nuages, au contraire c’est avoir les pieds sur terre et l’esprit pratique. Ici et là, j’ai rencontré des gens qui se disent croyants mais qui ont une façon de voir les choses des plus bizarre. Ils essaient de vivre selon les révélations particulières qu’ils disent recevoir de Dieu, mais comme ils fonctionnent à un niveau irrationnel, il est impossible d’avoir une conversation raisonnable avec eux. Pour de telles personnes, travailler comme tout le monde à des heures précises est très pénible, parce qu’on doit obéir à un patron qui n’est pas toujours un ange, et puis il faut se salir les mains ou fabriquer un objet, ce qui à leurs yeux n’est pas très spirituel.
Ce genre de fanatisme n’existe pas dans les Textes sacrés. Même les prophètes de l’Éternel qui reçoivent de véritables révélations gardent toujours la tête sur leurs épaules. L’apôtre Paul qui est monté au troisième ciel, qui a reçu les secrets de plusieurs mystères, manie aussi les ciseaux, les aiguilles et le fil à coudre puisqu’il fabrique des tentes pour subvenir à ses besoins et aider les plus démunis que lui. Dans sa première épître aux Corinthiens, il écrit :
Nous nous épuisons à travailler de nos propres mains. On nous insulte ? Nous bénissons. On nous persécute ? Nous le supportons (1 Corinthiens 4.12).
Dans les deux épîtres aux Thessaloniciens où Paul parle de prophéties complexes qui auront lieu à la fin des temps, il est également très pratique. Les croyants qui espèrent le retour du Seigneur ne sont pas la tête en l’air à regarder le ciel. Non ! En attendant sa venue, ils s’affairent et travaillent.
J’ai lu une histoire intéressante à ce sujet. Quelque part dans le nord de l’Italie on peut visiter un immense domaine qui appartient à un homme très riche qui a ouvert sa propriété aux touristes. Un horticulteur s’occupe de la propriété qui est toujours impeccable car très bien entretenue et donc un régal pour les yeux. Un visiteur a eu avec ce jardinier la conversation suivante :
— Vous êtes un artiste et vous faites un travail admirable ; le propriétaire doit être content de vous.
— Oh, mais je ne le vois jamais, ça fait dix ans qu’il n’est pas venu. Comment ? Dix ans ! Mais alors pourquoi vous donnez-vous tant de mal ?
— Parce que je m’attends à ce qu’il vienne, je ne sais pas quand, mais je fais comme s’il revenait aujourd’hui.
Cet horticulteur ne scrute pas l’horizon pour voir si son maître arrive ; il est constamment occupé à tailler, à sarcler, à désherber, à bêcher et à planter ; il travaille sans relâche. C’est exactement ce que Paul dit aux Thessaloniciens de faire ; ils doivent espérer la venue du Seigneur dont le retour est imminent, mais en attendant ils sont tenus de bosser dur afin de gagner leur croûte.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.