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10 juil. 2026

3 Jean 1.11-15

J’ai déjà reçu quelques longues lettres où manifestement l’auteur n’avait rien à dire sinon à s’entendre écrire. D’autres fois, un courrier ne contient que quelques mots mais ils m’ont touché. C’est le cas de la troisième épître de Jean qui est des plus courte mais qui en quelques phrases en dit plus qu’un long discours sur trois hommes : Gaïus à qui Jean rend hommage pour sa conduite et qu’il encourage à persévérer ; Diotrèphe, un responsable d’église qui agit comme un malotru, et Démétrius dont il va être question maintenant et qui comme Gaïus a une conduite plus qu’honorable. Je continue maintenant de lire dans la troisième épître de Jean.

Cher ami, imite non le mal, mais le bien. Celui qui fait le bien appartient à Dieu ; celui qui commet le mal ne sait rien de Dieu (3Jean 11).

Ce verset sert de transition entre la conduite exécrable de Diotrèphe et l’éloge de Démétrius par l’apôtre.

L’expression traduite par « appartient à Dieu », littéralement : « est de Dieu », apparaît plusieurs fois dans la première épître de Jean (1Jean 3.9-10 ; 4.1-4, 6, 7). Elle suggère qu’un croyant qui marche dans la lumière obéit à Dieu (1Jean 2.3-6) et que ses actions tirent leur source de Dieu.

La phrase « celui qui commet le mal ne sait rien de Dieu », littéralement : « n’a pas vu Dieu », est analogue à la déclaration de Jean dans sa première épître quand il dit littéralement : « celui qui pèche ne l’a pas vu ni connu » (1Jean 3.6). En d’autres mots, le comportement de quelqu’un reflète sa relation avec Dieu. Le mal et toute mauvaise action sont toujours le produit d’un aveuglement spirituel de l’homme vis-à-vis de Dieu ainsi que l’expression du péché qui réside dans son cœur.

Cette vérité est amplement illustrée dans cette courte lettre par les attitudes ignobles de Diotrèphe qui se dit et se croit évidemment chrétien, mais qui tel un barbare intimide les autres responsables de l’église dont il se veut le seul chef. Cependant, et comme je l’ai déjà dit, Jean n’a aucune intention de passer sous silence les actes de ce dictateur ecclésiastique.

On peut se demander comment les membres de cette église ont pu accepter que cet homme devienne leur grand manitou. On a coutume de dire que la parole est d’argent et le silence d’or, mais quelques fois le silence est jaunâtre et il est des plus navrant que devant l’intimidation et l’injustice, ceux dont la conduite est droite ne disent rien. Pourquoi personne n’ose tenir tête à ce Diotrèphe ne nous est pas dit, mais l’apôtre a bien l’intention de remédier à cet état de fait, car ce n’est pas pour rien que Jésus lui a donné ainsi qu’à son frère Jacques, le nom de « fils du tonnerre » (Marc 3.17).

Dans le livre des Nombres, on lit que « Moïse était un homme très humble, plus que tout autre homme sur la terre » (Nombres 12.3). Pourtant, quand on lit l’histoire des enfants d’Israël, on constate que chaque fois qu’ils se conduisent mal, Moïse n’hésite pas à intervenir avec la plus grande fermeté. Dans les évangiles, Jésus est décrit comme « doux et humble de cœur » et il se présente lui-même ainsi (Matthieu 11.29), mais ça ne l’empêche pas de maudire les Pharisiens en long en large et en travers, et de chasser brutalement les marchands ambulants qui se rendent au temple pour y faire du fric en tondant leurs concitoyens. Dans son évangile, Jean raconte :

Le jour où les Juifs célèbrent la fête de la Pâque était proche et Jésus se rendit à Jérusalem. Il trouva, dans la cour du Temple, des marchands de bœufs, de brebis et de pigeons, ainsi que des changeurs d’argent, installés à leurs comptoirs. Alors il prit des cordes, en fit un fouet, et les chassa tous de l’enceinte sacrée avec les brebis et les bœufs ; il jeta par terre l’argent des changeurs et renversa leurs comptoirs, puis il dit aux marchands de pigeons : – Ôtez cela d’ici ! C’est la maison de mon Père. N’en faites pas une maison de commerce (Jean 2.13-16).

L’humilité et la douceur ne signifient nullement être une mauviette mais plutôt être prêt à se battre pour ce qui est juste selon Dieu et pour défendre les opprimés.

Ici, Jean appelle Gaïus : « cher ami », littéralement : « bien-aimé », et c’est déjà la quatrième fois qu’il le nomme ainsi dans cette courte lettre. En lui disant : « imite non le mal, mais le bien », il l’exhorte à se comporter non comme Diotrèphe mais comme Démétrius dont il va louer la conduite. Ces paroles de Jean à Gaïus sont très proches de celles de l’apôtre Paul quand il écrit aux Romains :

Ne te laisse jamais dominer par le mal. Au contraire, sois vainqueur du mal par le bien (Romains 12.21).

Quand Jean écrit : « celui qui commet le mal ne sait rien de Dieu », on peut être sûr qu’il a Diotrèphe dans le collimateur. Cependant, il est plus modéré dans ses paroles que Jésus qui n’hésite pas à dire aux Juifs contredisant : « votre père, c’est le diable » (Jean 8.44). On peut cependant dire que ce despote ecclésiastique se comporte vraiment comme si son père était le diable.

Ça me fait penser aux terroristes religieux qui sont à l’origine de tous les excès qui ont été commis au nom du Christ, et plus proche de nous aux extrémistes qui se réclament de l’islam et qui au nom de Allah n’hésitent pas à tuer avec le plus de férocité possible. Il est plus que probable que Diotrèphe ne joue ni du fouet ni de l’arme blanche pour régner, mais qu’il est passé maître dans l’art machiavélique de l’intimidation et de la médisance.

Malheureusement, il arrive trop souvent que de véritables croyants aient des attitudes aussi répréhensibles que Diotrèphe. La question qui se pose le concernant est donc celle-ci : est-il possible que malgré sa façon d’être et de se conduire exécrable, Diotrèphe soit malgré tout été un enfant de Dieu ? Certains commentateurs pensent que oui et d’autres, absolument pas. Je pencherais plutôt pour dire que non parce qu’il me semble que c’est aussi l’opinion de Jean.

Assez avec Diotrèphe, car voici qu’un fidèle du Seigneur monte sur scène.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 25 2023

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