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- 2 Corinthiens 1.1-3
2 Corinthiens 1.1-3
Dans toute famille ou presque, il y a des moments de vrais partages, de joie et d’autres où pour une raison ou pour une autre, on peut palper la tension dans l’air, car elle pourrait presque être coupée au couteau. La dynamique est d’ailleurs la même dans tous les rapports humains. Dès que deux personnes sont sous un même toit ou ensemble que ce soit pour affaires, une relation amicale, filiale ou pour toute autre activité, tôt ou tard, il y aura des accrocs.
Dans un cercle de chrétiens, c’est la même chose. Le grand apôtre Paul et Barnabas ont combattu et ont souffert ensemble pour Jésus-Christ et ils étaient unis comme les doigts de la main. Pourtant à un moment leurs rapports se sont tellement envenimés qu’ils ont dû se séparer. Pareillement les relations entre Paul et plusieurs églises qu’il a fondées n’étaient pas toujours au beau fixe. Si parfois le courant passait bien, à d’autres moments le ciel se couvrait de lourds nuages. Quand l’apôtre écrit sa première lettre à l’église de Corinthe, c’est pour répondre à leurs questions, mais aussi pour les réprimander à cause d’abus grossiers qu’ils tolèrent dans leur assemblée. En effet, la plupart de ces chrétiens sont jeunes dans la foi et pour la plupart, issus d’un paganisme pur et dur, ce qui fait qu’ils ont bien du mal à se détacher de leur ancien mode de vie qui inclut une débauche débridée alliée à une grande admiration pour la sagesse humaine. Ce sont des humanistes avant l’heure qui se laissent facilement impressionner par les apparences comme le tape-à-l’œil des dons spectaculaires ou qui aiment se faire caresser les oreilles par l’éloquence. En somme, ces Corinthiens sont des enfants de Dieu immatures au regard de la foi parce qu’ils marchent plutôt par la vue ou selon les sntiments du moment.
Au vu de la situation, l’idéal pour Paul est d’aller sur place en chair et en os vu qu’il est le père spirituel de la plupart d’entre eux. Seulement à l’époque du Nouveau Testament, les déplacements prennent un temps considérable : on marche à pied ou on va à dos d’âne et la navigation est périlleuse en hiver. Quand l’apôtre reçoit des nouvelles déprimantes de Corinthe, il est à Éphèse en Asie Mineure, la Turquie actuelle, où il travaille dans un climat d’hostilité, mais son ministère est fructueux, ce qu’il mentionne aux Corinthiens à la fin de sa première épître quand il leur dit :
Pour le moment, je vais rester à Éphèse jusqu’à la Pentecôte, car j’y ai trouvé de grandes possibilités d’action, en même temps que beaucoup d’adversaires (1Corinthiens 16.8-9).
Ne pouvant donc pas se rendre sur place facilement, Paul écrit aux Corinthiens et c’est Timothée, son jeune protégé, qui leur achemine la première lettre. Mais lorsque ce dernier revient, il est à nouveau porteur de mauvaises nouvelles. C’est ce qui fait que quelque temps plus tard, dès que cela lui est possible l’apôtre se rend sur place, mais cette visite est très désagréable autant pour lui que pour l’église car il doit faire face à des critiques acerbes et à une vive opposition de la part d’un certain membre de l’église qui l’insulte. Paul quitte alors Corinthe et retourne à Éphèse son port d’attache. C’est alors qu’il écrit sa deuxième lettre qu’il dit avoir rédigée avec beaucoup de larmes. Celle-là est acheminée par Tite, un autre jeune disciple de l’apôtre ; mais, cette lettre ne nous est pas parvenue. Après un séjour de 3 ans à Éphèse, Paul part avec Timothée pour la ville de Troas, située juste au sud du détroit des Dardanelles, afin d’y attendre Tite qui est à Corinthe, car il faut bien dire que le grand apôtre est très inquiet concernant l’église. Mais comme Tite n’arrive pas, Paul et Timothée continuent leur route jusqu’à la ville de Philippe qui se trouve de l’autre côté de la mer Égée, en Grèce et juste en face de Troas.
Après bien des péripéties, Tite les rejoint avec de bonnes nouvelles cette fois-ci. Paul rédige alors la seconde épître aux Corinthiens ou plutôt la 3e, puisque la deuxième ne nous est pas parvenue. Cette épître, environ un an après la première (en 57), témoigne de l’ambivalence de l’apôtre vis-à-vis des Corinthiens car le ciel n’est pas sans nuages, tant s’en faut. Les 9 premiers chapitres de cette seconde épître expriment le bonheur d’une communion restaurée tandis que les 4 derniers surprennent par la dureté du ton de l’apôtre. Il semble donc que cette lettre ait été rédigée en deux temps.
En effet, alors qu’il se trouve dans la ville de Philippe, dès que Tite arrive et lui annonce des bonnes nouvelles de Corinthe, l’apôtre rédige la première partie, les neuf premiers chapitres de cette épître, mais alors qu’il est en train d’y mettre la dernière touche et qu’il organise un nouveau voyage pour Tite chargé à nouveau de faire le porteur, il apprend que la situation de l’église de Corinthe a évolué dans la mauvaise direction car elle s’est singulièrement détériorée. En effet, des perturbateurs sont arrivés dans l’église et accusent l’apôtre de tous les maux, d’inconstance dans ses projets, et même de taper dans la caisse de la collecte en faveur de pauvres ; ils remettent également en cause son autorité apostolique. A ces nouvelles désastreuses, Paul reprend sa plume et écrit d’un trait les chapitres 10 à 13 de cette seconde Épître. Dans la deuxième partie de cette épître, il durcit le ton parce qu’il doit contrecarrer la calomnie et la perfidie des perturbateurs qu’il accuse à juste titre d’annoncer un autre Évangile que celui de Jésus et d’être animés d’un mauvais esprit plutôt que de l’Esprit Saint. En fait, il qualifie ces faux frères d’agents de Satan, ce qu’ils sont sans aucun doute.
Cela dit, malgré ces dissensions, la deuxième épître aux Corinthiens est la plus personnelle et la plus intime de toutes les lettres écrites par Paul. Il y met son âme à nu pour ainsi dire, et il professe un amour inconditionnel pour les chrétiens de Corinthe malgré l’inconstance de leur affection à son égard. On découvre en lui un cœur passionné pour la vérité et pour le salut des âmes. Aussi sa parole, toujours ardente, coule-t-elle tantôt comme un ruisseau limpide, tantôt comme un torrent troublé par les débris qu’il entraîne, tantôt enfin comme un fleuve qui s’élargit en grands lacs profonds. Peu de temps après avoir envoyé ce qui est pour nous la seconde épître aux Corinthiens, l’apôtre retourne à Corinthe, où il reste pendant trois mois (Actes 20:2,3). Je commence maintenant à lire cette seconde épître.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.