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Abdias 1.1-4
Tic-tac fait l’horloge. Mais qui s’en soucie ? Dans leur grande majorité, nos contemporains passent leur temps libre en futilités, à se divertir avec des bons repas, des distractions et la satisfaction de leurs désirs, mais au péril de leur âme. Ceux qui en ont les moyens se préparent une retraite dorée et en attendant, c’est ski et surf sans la moindre pensée pour l’éternité vers laquelle nous allons pourtant tous.
Frère jumeau de Jacob, Ésaü, aussi appelé Édom, est l’exemple type de la perspective matérialiste et mondaine qui consiste à dire : « On ne vit qu’une fois et il faut en profiter un maximum ».
Je commence de lire le livre du prophète Abdias.
Vision d’Abdias. Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel, à Édom : Nous avons appris une nouvelle de la part de l’Éternel, et un émissaire a été envoyé parmi les nations : Levez-vous ! Levons-nous contre Édom pour (lui faire) la guerre ! (Abdias 1 ; SER).
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, nous ne savons absolument rien concernant le prophète Abdias sinon qu’il est sans doute membre du royaume de Juda. Pourtant il a fait des émules, car l’annonce du jugement d’Édom se retrouve chez les prophètes Joël, ou encore Jérémie chez qui on peut lire les huit premiers versets de la prophétie d’Abdias (Jérémie 49.14, 15, 16, 9, 10, 7).
Ésaü a très mauvaise presse dans les Écritures Saintes parce qu’un jour, alors qu’il revient de la chasse avec une faim de loup, il se trouve nez à nez avec son frère Jacob qui vient de cuisiner un potage dont l’arôme lui fait tourner la tête au point où, par serment, il échange son droit d’aînesse contre un bol de cette potée. Ésaü n’a pas agi ainsi parce qu’il n’y avait rien à manger dans la maison et qu’il mourrait de faim, mais bien plutôt parce qu’il n’avait pas le moindre égard pour son droit d’aînesse. La faute est grave parce que le premier-né possède beaucoup de privilèges par rapport aux autres enfants. Généralement, dans les familles de type patriarcale, après le père c’est au premier-né qu’incombe la fonction de prêtre et d’intercesseur auprès de l’Éternel. Mais Ésaü vit selon ses pulsions, et pour lui assouvir ses besoins physiques est plus important qu’une relation avec Dieu, et en plus il est méchant. Ses descendants furent à l’image de leur père fondateur, car comme lui, ils cèdent à leurs sentiments du moment et si la tête de quelqu’un ne leur revient pas, ils lui tranchent la gorge. C’est tout au moins de cette manière qu’ils agissaient avec les Israélites.
Par contraste, Jacob à qui on peut reprocher égotisme et fourberie, a au moins le mérite de comprendre que dans la vie il faut aussi tenir compte des réalités spirituelles.
Ésaü porte l’entière responsabilité de ses actions ; il ne peut blâmer personne sinon lui-même. Cependant et en parallèle, on lit que par le prophète Malachie l’Éternel a dit :
J’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Ésaü (Malachie 1.2-3 ; comparez Romains 9.13).
Cette affirmation-choc n’exprime pas des sentiments mais un choix souverain. En substance, Dieu dit : « J’ai choisi de bénir Jacob et de rejeter Ésaü ». Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Seigneur n’a pas pris cette décision suite à la faute d’Ésaü, mais avant même que les deux jumeaux ne voient le jour. Dans sa souveraineté absolue, Dieu avait décidé depuis toujours que des deux frères, ce serait Jacob qui porterait le flambeau de Dieu. Quelqu’un ne manquera pas de dire : « J’ai un problème avec Dieu qui d’emblée rejette Ésaü » ! Eh bien moi aussi mais ce n’est pas le même. Je peux comprendre pourquoi Dieu a mis Ésaü à l’écart, mais je n’ai pas la moindre idée pourquoi il a aimé Jacob. Et puis ce n’est pas la peine de crier : « C’est pas juste » car c’est Dieu qui décide ce qui est juste et ce qui ne l’est pas.
Comme je l’ai déjà bien montré, depuis la nuit des temps, les Édomites couvent une haine ancestrale et profonde contre leurs frères israélites et s’ils en pâtissent, c’est bien de leur faute. Plus loin dans le texte, Abdias dit :
Ah ! comme Ésaü est fouillé ! Comme ses cachettes sont éventrées ! (Abdias 6 ; LSR).
En d’autres mots, tous les crimes dont ce peuple s’est rendu coupable et toutes les richesses qu’il a emmagasinées et cachées sont dorénavant mis à jour.
Le prophète commence son livre sans tambour ni trompette, sans introduction, sans dire qui il est ou pourquoi il écrit. Il entre directement dans le vif du sujet avec : « Vision d’Abdias ». Le mot hébreu pour « Vision » exprime toute révélation communiquée par Dieu sans que ce soit nécessairement par le biais d’une transe extatique. Le même mot « Visions » introduit également les livres prophétiques d’Ésaïe, de Michée et de Nahum. Dieu utilise plusieurs méthodes pour se révéler à ses serviteurs. Joseph et Daniel par exemple, voient l’avenir dans leurs rêves.
La révélation reçue par Abdias constitue l’ensemble de la prophétie contenue dans son livre. Après cette introduction abrupte, on s’attend à une sentence de l’Éternel lui-même, mais assez curieusement la prophétie commence par un rapport de plusieurs personnes qui disent : « Nous avons appris une nouvelle de la part de l’Éternel ». Cette annonce suggère peut-être qu’Abdias cite ici un oracle prophétique antérieur qui est sur le point de s’accomplir. Il apparaîtrait donc que Abdias ne soit pas le premier prophète à menacer ainsi Edom.
Puis Abdias voit un messager parcourir les nations et ordonner :
Levez-vous. Partons en guerre contre Édom (SEM).
Il décrit la constitution d’une coalition qui sera l’instrument du jugement de Dieu contre les Édomites. Cet émissaire est une façon poétique d’exprimer le mouvement quasi spontané qui pousse les nations à se coaliser contre Édom. Cette impulsion n’est pas d’inspiration humaine mais procède de la volonté de l’Éternel, à laquelle ces peuples obéissent sans en être conscients (comparez Ésaïe 13.2 ss.). Les nations qui sont ainsi appelées à combattre contre Édom répondent à l’appel divin et disent : « Levons-nous contre Édom pour (lui faire) la guerre » ! On sait que dans la première moitié du 6e siècle av. J-C (580 ?), les Babyloniens et les Arabes nabatéens ont pris d’assaut la montagne de Séir. Plus tard, les Juifs Maccabées puis les Romains s’en sont pris aux Édomites finissant par les faire disparaître complètement en tant que peuple et c’est Abdias qui explique le mieux la raison pour laquelle la nation d’Édom a été rayée de la carte.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.