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27 févr. 2026

Amos 1.1-8

Dans la fable « Le grillon » (1792), Florian (1755-1794), petit-neveu de Voltaire, écrit : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Voilà une philosophie qui me va comme un gant. Mais ça ne marche pas toujours car parfois on vous débusque. C’est un peu ce qui arrive au prophète Amos, un habitant de Juda, qui est éleveur et arboriculteur de son état. Ses affaires marchent plutôt bien ; il vit tranquille et ne demande rien à personne. Dieu par contre le repère et vient lui demander un gros service. En fait, il lui ordonne de traverser la frontière et d’aller dans le royaume des X tribus du Nord, pour annoncer la venue du jugement divin à la fois sur les Israélites et sur les nations païennes alentour à moins qu’ils ne se repentent de leurs mauvaises actions. On ne sait pas comment Amos a réagi parce qu’il ne partage pas ses états d’âme, mais ce qu’on sait est que sac à dos, le voilà parti. Il se rend à Béthel, le principal sanctuaire idolâtre du royaume d’Israël Nord, et il commence son ministère prophétique. Amos est le premier prophète écrivain et c’est à lui qu’on doit ces paroles adressées à Israël et qu’on voit parfois sur une horloge : « Prépare toi à la rencontre de ton Dieu »

Cependant, comme Amos est un homme très pieux, entre ses oracles de jugement, il célèbre plusieurs fois la grandeur de l’Éternel et martèle son nom pour rappeler aux Israélites incrédules qui il est, ce qu’ils n’ont pas l’air de vouloir entendre (Amos 4.13 ; 5.8, 16-27 ; 6.8 ; 9.5).

Amos souligne le privilège unique d’Israël, peuple de l’alliance et peuple de Dieu (Amos 2:9-11; 3:2) mais il ne dit jamais que l’Éternel est « le Dieu d’Israël » et il n’emploie pas le mot « alliance ». En d’autres termes, il présente Dieu en omettant tout ce qui pourrait entretenir la suffisance d’Israël. Les titres qu’Amos emploie pour Dieu soulignent son autorité et sa souveraineté. Il appelle Dieu « le Seigneur, l’Éternel » (1:8; 3:7,8,13; 4:2,5; 5:3; 6:8; 7:1,2,4,5,6; 8:1,3,9,11; 9:8), « le Dieu des armées » (4:13; 5:14,15,16,27; 6:8,14), « le Seigneur » (5:16; 7:7,8; 9:1), et parfois de longs noms composés (5:16). Enfin, Amos termine son livre par la qualification pleine de bienveillance « l’Éternel, ton Dieu » (9:15).

Contrairement à ce que les Israélites semblent croire, le Dieu d’Israël n’est pas comme une idole qu’on peut acheter ou avec qui on peut conclure un marché (Amos 4.4). Tout lui appartient car il est le Seigneur, le Dieu qui a conclu une alliance avec Israël pour la seule raison qu’il a choisi ce peuple selon le seul conseil de sa volonté. Ayant sa demeure dans les cieux, l’Éternel ne se laisse pas enfermer dans un sanctuaire terrestre, et encore moins dans les sanctuaires illicites et idolâtres établis dans le royaume israélite des X tribus du nord. Il ne se laisse pas non plus impressionner ou manipuler par des actes religieux car il est le Dieu des armées angéliques et n’a pas besoin des hommes ou de leurs simagrées. En tant que Dieu de l’Alliance, il exige le plus grand respect de la part de ses créatures ainsi que l’obéissance à ses commandements. Les ayant rejetés, les Israélites devront le rencontrer comme leur juge (Amos 4.12). Voilà en gros le message d’Amos !

Les Israélites présomptueux s’imaginent être à l’abri du jugement uniquement parce qu’ils sont le peuple de Dieu. Mais Amos leur rappelle que les privilèges entraînent dans leur sillage de plus grandes responsabilités. Or, comme Israël ne les a pas assumées, il subira un châtiment exemplaire justement parce qu’il est le peuple de Dieu. L’Éternel se conduit différemment à l’égard des nations païennes ; il va certes les punir à cause de leur dépravation et de leur cruauté, et parce qu’ils ont violé la loi de leur conscience (comparez Genèse 9.5-17 ; Romains 1.18-32), mais les nations ne seront pas jugées en fonction de la loi de Moïse parce que celle-ci ne les concerne pas.

Par ailleurs, Amos ose affirmer qu’Israël, que ce soit Juda ou le royaume des X tribus, n’a rien de plus que les autres peuples, et que l’Éternel s’occupe également des autres nations (Amos 9.7). Ce qui distingue Israël des autres peuples est qu’il a reçu la révélation de Dieu et sa Loi. Mais si Israël rejette cette lumière et se détourne du Dieu unique et vrai, et s’il rend un culte aux idoles à la manière des païens, il n’est pas différent des autres peuples et sera traité en conséquence, par un jugement destructeur qui viendra en temps voulu.

Cela dit, l’Éternel reste fidèle au peuple d’Israël ce qui fait qu’il sauvera un petit reste (Amos 9.8-9) qui sera au bénéfice des promesses de bénédictions prévues par l’Alliance (Amos 9.11-15). Et au travers de ces rescapés, Dieu accordera aussi sa bénédiction à tous les peuples. De cette façon, le choix souverain et privilégié d’Israël sera maintenu et le monde entier en bénéficiera.

La prédication d’Amos est unique sous plusieurs aspects, mais le plus frappant chez lui est la très grande place qu’il accorde à dénoncer les injustices sociales, la corruption de la société, et l’oppression des pauvres. Amos rappelle que l’Éternel est le défenseur de la veuve, de l’orphelin et du miséreux, comme cela ressort souvent dans la loi de Moïse. Il faut cependant noter que Amos ne critique pas le système socio-économique d’Israël et qu’il n’en propose pas d’autre ; ce qu’il condamne par contre, ce sont les abus à l’intérieur du système existant.

S’il dénonce l’exploitation outrageuse des pauvres par les nantis, il ne range pas pour autant les démunis et les opprimés dans le camp des bons et des justes, et ne les laisse pas espérer qu’ils échapperont au jugement, car eux aussi participent aux cultes des idoles. Aux yeux du prophète, les pauvres ne valent pas mieux que ceux qui les exploitent et autant les uns que les autres ont besoin de se repentir et de changer de vie.

Amos ne prône donc pas une révolution par laquelle la classe défavorisée prend le pouvoir sur ses despotes, façon 1789 ; ce qu’il demande est bien plutôt une révolution des cœurs, de tous les cœurs. Il ne réclame pas seulement la pratique de la justice sociale, mais aussi et avant tout un retour à Dieu, car pour lui, on ne peut pas agir avec justice et droiture (Amos 5.14) sans être préalablement retourné à Dieu (Amos 5.6). On ne peut donc pas utiliser le livre d’Amos pour défendre un idéal politique socialiste. Cependant, la justice sociale est proche du cœur de Dieu et c’est un enseignement très important des Textes sacrés. Il s’ensuit que les croyants ne doivent pas accorder les yeux fermés leur suffrage au grand capital comme c’est le cas dans certains pays où l’ultra libéralisme est la religion d’État.

Les prophéties d’Amos trouvent un écho dans le Nouveau Testament. Jacques tient lui aussi un discours très sévère contre les riches qui exploitent les pauvres (Jacques 2.6 ; 5.1-6). De plus, et à l’exemple d’Amos, Jacques a une vision mondiale du salut (Amos 9.11 et suivant). Au concile de Jérusalem, il cite un oracle de Amos pour montrer que Dieu compte aussi des non-Juifs parmi son peuple (Actes 15.16-18).

Le diacre Étienne est un autre personnage du Nouveau Testament qui cite un texte d’Amos (Amos 5.25 et suivant) pour prouver que le péché d’Israël remonte au temps de ses débuts, et pour dire que ce peuple est corrompu depuis son origine (Actes 7.42-43, 51-53). Ce discours d’Étienne a un grand retentissement et lui vaut d’être tué à coups de pierres.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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