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Daniel 11.1-9
Quand on veut interpréter un texte correctement, il est nécessaire de prendre en compte le contexte sinon on peut véritablement faire dire n’importe quoi et donc ce qu’on veut à n’importe quel écrit. C’est d’ailleurs un reproche non mérité que les gens mal informés font à la Parole de Dieu. Pour illustrer mes propos, je prends pour exemple le premier verset du chapitre 11 du livre de Daniel qui dit :
Moi, de mon côté, je me suis tenu auprès de lui, dans la première année de Darius le Mède, pour le soutenir et l’appuyer (Daniel 11.1).
Cette phrase prise toute seule n’a ni queue ni tête ; elle ne signifie pas grand-chose parce qu’on ne sait pas qui parle et qui est le pronom « lui ». Mais si on considère le verset précédent qui dit : « Personne ne me soutient contre tous ces adversaires, excepté Michel, votre chef », on y voit déjà plus clair, car on sait maintenant qu’il s’agit d’un ange, probablement Gabriel, qui s’adresse à Daniel.
Les manuscrits originels hébreux et grecs n’ont ni chapitres ni versets. Ce découpage ne fait donc pas partie de la révélation de Dieu. Il est certes bien pratique mais pas toujours réussi et parfois franchement maladroit. La version catholique « Bible de Jérusalem », a donc raison de coller ensemble les deux versets que j’ai cités. Je les lis :
Nul ne me prête main-forte pour ces choses, sinon Michel, votre Prince, et moi, en l’an 1 de Darius le Mède je me suis tenu ferme pour lui prêter main-forte et le soutenir.
On voit donc que grâce au contexte du dernier verset du chapitre dix, dans le premier verset du chapitre onze, on peut facilement rapporter les pronoms aux personnages auxquels ils se rapportent. Darius le Mède n’est mentionné que pour définir une période de temps (539-538 avant J-C). Gabriel dit donc à Daniel :
De même que l’archange Michel me soutient actuellement dans le combat que je mène contre les démons appelés ‘chef de la Perse et chef de la Grèce’, moi je l’ai soutenu dans la première année de Darius le Mède.
Mais ce passage soulève une question : pourquoi la première année du règne de Darius, Michel, l’ange qui protège Israël, doit-il lutter pour les intérêts de son peuple, et pourquoi a-t-il besoin de l’assistance de Gabriel ? Pour répondre à cette question, il faut commencer par se rappeler que c’est une époque de grands chamboulements puisque la ville de Babylone vient récemment de tomber dans le giron de l’alliance des Mèdes et des Perses. Il est donc important pour les forces angéliques fidèles à Dieu ainsi que pour le royaume des ténèbres, d’influencer de toute urgence la position que prendront les nouveaux dirigeants du Moyen-Orient vis-à-vis d’Israël. C’est la mission des anges Gabriel et Michel qui, à ce moment-là, doivent livrer combat contre la puissance démoniaque surnommée « le chef de la Perse ».
Or, Cyrus, le grand patron du nouvel empire, et son vassal Darius, le nouveau roi de Babylone, sont tous deux favorables à Daniel et à Israël (ch. 6). L’attitude bienveillante de ces deux potentats ainsi que les événements qui préparent la fin de la captivité d’Israël, sont donc le résultat de la lutte de Gabriel et Michel, les deux champions invisibles qui ont pris en mains la défense du peuple élu. Malgré les ennemis qui l’entourent, Israël peut regarder l’avenir avec confiance et sérénité car ceux qui sont avec lui sont plus forts que ses adversaires. Dieu le veut ainsi parce que dans ses décrets, la cause qu’Israël représente est le salut du monde.
Nous commençons le chapitre 11 qui continue la révélation débutée au chapitre 10 et qui va jusqu’à la fin du chapitre 12 du livre de Daniel. Le chapitre 11 donne quelques détails supplémentaires sur la soixante-dixième septaine d’années dont il a été question précédemment dans le chapitre 9 et qui concerne plus particulièrement le peuple de Daniel, c’est à dire la nation juive. Cette révélation reprend aussi et développe la vision du bélier et du bouc ainsi que l’explication qui en a été donnée à Daniel dans le chapitre 8 (19-25).
Cette révélation des chapitres 10 à 12 esquisse d’abord à grands traits l’histoire de l’empire perse puis celle de la Grèce, jusqu’au morcellement de l’empire d’Alexandre le Grand. Ensuite, elle décrit longuement les luttes entre les deux principales dynasties issues de l’empire grec, celle des Ptolémées pour l’Égypte et des Séleucides pour la Syrie, qui se disputent la possession de la Palestine. Cette confrontation est comme un pont prophétique qui remplit une partie du silence de Dieu entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Cette période fut très douloureuse pour le peuple de Dieu parce que son pays se trouve au beau milieu et au croisement de l’affrontement des armées égyptienne et syrienne.
Cette révélation décrit ensuite la venue au pouvoir d’Antiochus IV Épiphane et sa haine contre la religion et le culte des Juifs, puis, après ce temps de calamités, elle annonce la délivrance finale du peuple de Dieu.
Bien que Gabriel ne cite aucun nom propre, les détails qu’il donne sur les rois, leurs relations et leurs guerres, sont si précis qu’il est facile de les faire coïncider avec ce qu’on apprend sur les bancs de l’école.
Le chapitre 11 se divise en trois parties : d’abord une courte histoire des monarchies perse et grecque (Daniel 11.2-4), puis le récit des principales guerres entre les dynasties des Ptolémées et des Séleucides (Daniel 11.5-20), et enfin la description du règne d’Antiochus IV Épiphane, surnommé « le Néron de l’Ancien Testament », à cause des persécutions qu’il orchestra contre les Juifs (Daniel 11.21-45).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.