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Daniel 4.16-23
Parmi les gens célèbres qui figurent dans les pages d’une encyclopédie, certains furent véritablement grands, car profondément humains, d’autres étaient des tyrans assoiffés de sang, et la plupart se situent quelque part entre ces deux extrêmes. Curieusement, un nombre important de ces personnages souffraient d’une maladie physique ou mentale. Parmi ceux qui ont fait du vélo dans leur tête ou qui avaient des chauves-souris dans leur clocher, figure Nabuchodonosor, roi de Babylone.
Parce que dans son arrogance, il s’est élevé contre « le Dieu des cieux » et a refusé de se repentir, un jour ou plutôt une nuit, il fait un rêve prémonitoire qui annonce son châtiment. Il va être affligé d’une maladie appelée zoanthropie (ou zoopathie), et c’est un demi-dieu, sorti tout droit de la mythologie babylonienne, qui lui fait cette annonce cauchemardesque et il termine son discours en disant :
Cette sentence est un décret de ceux qui veillent ; cette résolution est un ordre des saints, afin que tous les vivants sachent que le Très-Haut domine sur toute royauté humaine, qu’il accorde la royauté à qui il veut, et qu’il établit roi le plus insignifiant ou le plus vil des hommes (Daniel 4.14 ; Autre).
Cette conclusion est riche d’enseignements. Premièrement, on apprend que c’est « le Très-Haut qui domine sur toute royauté humaine ».
Il est possible qu’en regardant un nouveau drame se dérouler sous vos yeux sur le petit écran, vous pensiez que Dieu s’est retiré de la planète terre pour partir sur une autre galaxie, eh bien vous faites erreur. En effet et contrairement à ce qu’on pourrait penser, Dieu s’intéresse de très près à nous et rien n’échappe à son regard ni à son contrôle. Le poète et philosophe américain Emerson (Ralph Valdo ; 1803-1882), célèbre en son temps, a fait une déclaration sympa quand il a dit : « La seule façon de se faire un ami est d’en être un ».
Oui, mais c’est aussi lui qui a critiqué la révolution industrielle en disant : « Ce sont les choses qui sont sur la selle et qui chevauchent l’humanité », ce qui est une autre façon de dire que notre civilisation est déshumanisée. Pourtant, selon les Écritures, ce n’est ni le hasard ni les choses, mais une personne qui est aux commandes du cours de l’histoire. Dans le psaume second, on lit :
Mais il rit, celui qui siège sur son trône dans les cieux. Le Seigneur se moque d’eux (des maîtres du monde) et, dans sa colère, il les frappe d’épouvante en leur tenant ce discours : “ Moi, j’ai établi mon Roi par l’onction sur Sion, ma montagne sainte. ” Je publierai le décret qu’a promulgué l’Éternel. Il m’a dit : “ Tu es mon Fils ; aujourd’hui, je fais de toi mon enfant. Demande-moi : Que veux-tu ? Je te donne en patrimoine tous les peuples de la terre ; et le monde, jusqu’en ses confins lointains, sera ta propriété. Avec un sceptre de fer, tu les soumettras ; comme des vases d’argile, tu les briseras ” (Psaumes 2.4-9).
C’est Dieu qui tient la barre du navire de ce monde, et il a mis le cap dans une direction précise pour atteindre un but qu’il s’est fixé de très longue date, bien avant même le début de l’univers.
Tout ce qui se passe sur terre concourt à l’établissement du royaume de Dieu et à la proclamation de Jésus-Christ comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. En attendant ce jour, la création du ciel et de la terre est comme une immense expérience scientifique dans laquelle le Créateur se révèle et enseigne les réalités spirituelles aux êtres humains qui veulent bien l’écouter.
Chaque fois que nous avons des élections, il y a un gagnant et des perdants et les journaux attribuent sa réussite ou celle de son parti politique à son ingéniosité, son savoir-faire, sa capacité à organiser et peu importe quoi d’autre. Mais en réalité et dans les coulisses, c’est Dieu qui tire les ficelles parce qu’il domine absolument toutes les affaires humaines. Je me rends bien compte que cette idée est aussi difficile à avaler que du carton, et pourtant c’est bien l’enseignement des Écritures.
Non seulement, le Très-Haut domine sur toute royauté humaine, mais « il accorde la royauté à qui il veut ». C’est l’Éternel, le Dieu souverain qui fait l’histoire, qui accorde le pouvoir et en fixe les limites, qu’elles soient territoriales ou temporelles. Un royaume, un état, un empire, prend le pouvoir, brille de tous ses feux, puis comme une étoile fatiguée et usée, il s’éteint. Il est remplacé par un nouveau royaume qui renaît des cendres du précédent et le cycle recommence. Tôt ou tard, tous les grands de ce monde passent le bâton puis finissent par tomber dans les oubliettes de l’histoire et sur les pages jaunies d’une vieille encyclopédie.
En ce bas-monde, pendant longtemps c’était par la puissance militaire qu’un nouveau potentat prenait les devants de la scène et fondait sa dynastie, mais depuis la fin de la guerre froide, c’est surtout la puissance économique qui prime.
Quand j’étais enfant, on parlait du péril rouge et du péril jaune car on craignait une invasion et une domination politique. Mais aujourd’hui, au lieu d’être dans son armée ou ses missiles, la puissance de la Russie est dans l’abondance de ses ressources énergétiques.
Quant à la Chine et au continent indien, s’ils sont menaçants, c’est surtout à cause de leur économie émergente, de leur soif insatiable de matières premières et de la pollution qu’ils génèrent.
Dieu fait l’Histoire, non seulement il dirige les grands et les petits courants politiques mais aussi tous les détails intermédiaires, cependant, je suis toujours responsable devant lui des choix que je fais.
Tous ceux qui occupent une position d’autorité, quelle qu’elle soit, l’ont obtenue de Dieu, car c’est lui qui les a placés sur le trône petit ou grand, qu’ils occupent. Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit :
Il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées par Dieu (Romains 13.1).
Cette vérité a été exploitée par tous les souverains passés bons ou mauvais, qui entretenaient l’idée folle que leur règne était de droit divin, qu’ils représentaient Dieu sur terre et donc qu’ils devaient être traités avec tous les égards dus à leur rang. Il va sans dire qu’ils profitaient ainsi de la crédulité des masses pour les tenir assujettis et les exploiter un maximum ; dans ce sens, il est vrai qu’ils ont fait la religion « l’opium du peuple ».
Tous ceux qui ont été sacrés rois de France ou de Navarre ou de tout autre pays avec cette fausse prétention de droit divin sont des imposteurs. En effet, seuls les souverains légitimes d’Israël à Jérusalem régnaient à la place de Dieu parce que ce royaume fonctionnait sous un régime théocratique. Mais aucune autre nation n’a jamais eu ce privilège.
Non seulement le Très-Haut domine sur toute royauté humaine et accorde la royauté à qui il veut, mais « il établit roi le plus insignifiant ou le plus vil des hommes ». Cette troisième déclaration devrait rabattre le caquet de tous ceux qui occupent une haute fonction aussi prestigieuse soit elle. En effet, ce sont rarement les gens les plus qualifiés qui dirigent une nation. Pendant longtemps, et même encore aujourd’hui, ce sont les potentats les plus cruels, ceux qui tueraient père et mère, qui montent sur le podium parce qu’ils ont trucidé tous leurs adversaires. Dans l’antiquité, « empereur » est une profession à haut risque parce que ne sachant jamais ce qui se traque dans l’ombre ni d’où va surgir son assassin, il doit se méfier de tout le monde et devient paranoïaque.
Aujourd’hui aux États-Unis, c’est l’argent et les mensonges qui décident qui sont les prochains sénateurs, députés ainsi que le président ; en France c’est le mensonge, une combinaison de magouilles politiques et de renversements d’alliances des élites des grandes écoles.
Cependant, derrière cette vitrine d’apparences, c’est Dieu qui choisit vraiment les chefs de tout peuple, et souvent ceux-ci sont soit inaptes soit méchants soit les deux, et comme on dit parfois, chaque nation a les dirigeants qu’elle mérite.
Chaque fois qu’a lieu une élection, on croit choisir la personne la plus qualifiée, mais c’est une fausse idée qu’on se fait. Déjà on m’impose une liste restreinte de candidats et si mon voisin n’en fait pas partie, je ne peux pas voter pour lui, même si c’est un gars formidable, capable et tout. Je peux aller plus loin avec cette pensée et dire que quand on y réfléchit, notre liberté est extrêmement restreinte parce que tous mes choix sont plus ou moins déterminés par un ensemble de paramètres que je contrôle peu ou pas du tout.
Ce passage du livre de Daniel soulève des questions qui dérangent profondément. Comment se fait-il en effet, que des tyrans assoiffés de sang prennent le pouvoir et massacrent ou oppriment des millions de gens comme ce fut le cas au 20e siècle dans pas mal de pays ? On pense généralement que de telles aberrations sont dues à des causes économiques, que c’est la faute à pas-de-chance, à l’Occident, ou que sais-je encore. Mais si on est fidèle à l’enseignement des Écritures, on est forcé de reconnaître que « le Très-Haut établit roi le plus insignifiant ou le plus vil des hommes ». C’est Dieu qui donne le pouvoir aux pires dictateurs, une affirmation troublante mais la seule possible si l’Éternel est vraiment souverain dans les affaires des hommes.
Tout politicien qui remplit un mandat devrait se poser la question suivante : « puisque c’est Dieu qui m’a mis au pouvoir, que veut-il que je fasse pour faire avancer son royaume et son agenda ? » Mais les rares qui connaissent ce passage de Daniel l’écartent d’un revers de la main parce qu’il dérange trop et rabaisse l’orgueil humain. Pourtant, bien que Dieu décide tout, les dés ne sont pas pipés d’avance parce que j’ai vraiment la possibilité de faire des choix dans les domaines moral et spirituel. Ces deux vérités : la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme, sont enseignées dans les Écritures.
Après avoir raconté ce qu’il avait vu en songe, le roi de Babylone conclut son récit en disant :
Tel est le rêve que j’ai eu, moi le roi Nabuchodonosor. Quant à toi, Beltchatsar, donne-m’en l’interprétation puisque tous les sages de mon royaume s’en sont montrés incapables, mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints réside en toi. Alors Daniel, nommé aussi Beltchatsar, demeura un moment interloqué : ses pensées l’effrayaient. Le roi reprit et dit : Beltchatsar, que le songe et son explication ne te troublent pas ! Mon Seigneur, répondit Beltchatsar, je souhaiterais que ce songe s’applique à tes ennemis, et sa signification à tes adversaires ! (Daniel 4.15-16).
J’ai déjà eu l’occasion de parler de Joseph, fils de Jacob et arrière-petit-fils d’Abraham qui avait le don d’interpréter les rêves. Eh bien, Daniel possède également ce don. On lui raconte ce qu’on a vu dans un songe et immédiatement il sait ce qu’il veut dire ; il n’a pas à réfléchir ou à consulter un manuel spécialisé ni à échanger ses idées et impressions avec un sage. Alors qu’il écoute le récit du roi Nabuchodonosor, Daniel devient d’abord inquiet puis franchement alarmé par la signification menaçante du rêve et par la crainte de la faire connaître à son royal bienfaiteur.
Alors qu’il n’a pas hésité le moins du monde, pas même une seconde, à expliquer ce que le rêve de la statue signifiait, ici au contraire, Daniel est très réticent ce qui peut se lire sur son visage. Il faut dire que le premier rêve glorifie Nabuchodonosor puisqu’il est représenté par la tête en or (Daniel 2.38). Mais cette fois-ci, le vent a tourné et un cyclone se dessine à l’horizon. Ce que le roi a vu en rêve est ni plus ni moins que sa chute soudaine et brutale. En voyant son plus fidèle sujet devenir blême, il comprend que les nouvelles ne sont pas bonnes, mais il l’encourage quand même à dire franchement ce qu’il en est. Alors, avant de donner l’interprétation du rêve, Daniel qui est ému de compassion pour le roi, l’assure qu’il ne lui veut que du bien.
Daniel aurait fort bien pu inventer n’importe quoi pour caresser les oreilles de son maître, mais ce n’est pas son genre. Non seulement il ne veut pas trahir la confiance de son roi, mais lui mentir ne servirait pas ses intérêts car lorsque ce malheur fondra sur lui, n’en comprenant pas la raison, le roi ne voudra pas se repentir.
On a coutume de dire que : « un homme averti en vaut deux ». Si vous allez chez le médecin et qu’il vous fait subir des examens, voulez-vous entendre la vérité ou qu’il vous raconte des bobards ? Si j’étais atteint d’une maladie grave, je voudrais le savoir afin de pouvoir me soigner et préparer l’avenir le mieux possible. De toute manière, en tant que croyant, la mort n’est jamais qu’un passage, un mauvais moment à passer j’en conviens, mais il conduit le croyant vers un état de perfection où il sera délivré à tout jamais de tous les fardeaux et surtout du péché sous toutes ses formes. Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit :
Oui, j’en ai l’absolue certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur (Romains 8.38-39).
En effet, tous ceux qui font confiance à Jésus possèdent déjà ici-bas et dès maintenant, la vie éternelle.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.