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Daniel 4.31 – 5.1
J’ai un ami qui est monté sur son échelle avec sa tronçonneuse pour tailler un arbre, mais ça s’est très mal passé. Une grosse branche s’est rabattue sur lui ; il s’est coupé la main avec la scie ; il est tombé et s’est cassé la jambe. Le tout lui a valu une semaine d’hôpital et son pouce ne fonctionne plus comme avant.
Certes, la vie n’est pas faite que de tuiles et de pépins, mais on sait qu’on en aura et qui seront de dimensions variables. Souvent ils surviennent de nulle part et arrivent sans raison apparente, mais les ennuis peuvent aussi provenir de mon imprudence ou de ma propre folie. Dans les situations où on sait qu’on aurait pu les éviter, on s’en veut et on se mord les doigts d’avoir manqué de sagesse.
Parmi les très grosses tuiles qui peuvent me tomber sur la tête, il y a la maladie grave ou débilitante et c’est exactement ce qui arrive au roi de Babylone, mais lui, il ne l’a pas volé. En effet, Nabuchodonosor est puni par l’Éternel à cause de son orgueil démesuré. Dieu lui met le pied sur la nuque et l’abaisse jusqu’au ras des pâquerettes en l’affligeant par une démence psychotique qui le rend amnésique et lui fait perdre conscience de son humanité. Il se prend soudainement pour un animal, un bœuf pour être exact, et se comporte comme tel en mangeant de l’herbe et en négligeant totalement son apparence. Ce jugement divin dure sept temps qui sont peut-être sept années, période durant laquelle Nabuchodonosor est parqué dans un endroit discret en compagnie des troupeaux royaux.
Parmi les fragments retrouvés dans la Grotte IV de Qumran (1955), on a découvert un texte en araméen appelé : « La prière de Nabonide », qui date probablement de la seconde moitié du Ier siècle avant Jésus-Christ. Son auteur écrit que pendant sept ans, Nabonide « roi d’Assyrie et de Babylonie » fut frappé d’une inflammation maligne, jusqu’à ce qu’il confesse ses péchés à un Juif exilé qui lui donna les explications de sa maladie. L’auteur a tout mélangé car il n’y a pas eu de confession à Daniel ; ce n’est pas Nabonide qui a été frappé et ce dernier n’a pas été roi d’Assyrie mais seulement de Babylonie. Néanmoins, ce fragment soutient la crédibilité du récit de Daniel.
Les Écritures ne disent pas qui a dirigé l’empire pendant tout ce temps, cependant, connaissant la discrétion de Daniel et sa position de numéro deux du royaume et responsable de la province de Babylone, il est probable que c’est lui qui assure l’intérim pendant la maladie du roi. Par ailleurs, Daniel et probablement ses trois amis, sont les seuls à savoir qu’après ce châtiment, Dieu rendra le trône à Nabuchodonosor. Daniel étant l’intégrité personnifiée, il s’assure qu’aucun usurpateur opportuniste ne profite de la maladie du roi pour s’emparer du pouvoir. Je continue de lire dans le chapitre 4 du livre de Daniel.
Au terme du temps annoncé, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. Je remerciai le Très-Haut, je louai celui qui vit éternellement, et je proclamai sa gloire : sa souveraineté est éternelle et son règne dure d’âge en âge (Daniel 4.31).
Le roi raconte simplement comment s’est terminé son temps de jugement. Après avoir mangé de l’herbe pendant sept temps, il lève enfin les yeux vers le ciel. Quand on réalise qu’il se prend pour un animal et qu’il a perdu toute conscience de son humanité, il ne peut faire ce geste que parce que dans sa grâce, Dieu le lui permet. C’est aussi ce que Jésus voulait faire comprendre à ses disciples quand il leur a dit :
Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est accordé par le Père (Jean 6.65).
Si Dieu ne prend pas l’initiative de secourir ou de sauver l’homme, il est perdu, car de lui-même il ne peut strictement rien faire pour se sauver. À une autre occasion, Jésus a aussi dit à ses disciples :
Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, portera du fruit en abondance, car sans moi, vous ne pouvez rien faire (Jean 15.5), sous-entendu, rien de bon pour Dieu.
C’est l’Éternel qui donne donc à Nabuchodonosor la possibilité de se repentir. Le roi se conduit comme le chien battu qui comprend qu’il mérite la punition que lui a infligé son maître et qui le supplie de ne plus le frapper. Nabuchodonosor aurait pu s’endurcir davantage, mais il aurait alors continuer à brouter l’herbe jusqu’à la fin de ses jours. Cependant, au fond du gouffre de la maladie mentale, il comprend la leçon, ce qui lui arrive, et accepte de s’humilier devant son Créateur. Un proverbe de l’Ancien Testament dit :
La malédiction de l’Éternel pèse sur la maison du méchant, mais il bénit la demeure des justes. Il se moque des moqueurs, mais il accorde sa faveur aux humbles (Proverbes 3.33-34).
C’est exactement ce que le puissant roi de Babylone vient d’apprendre à la dure école de la discipline divine.
Il faut bien noter dans quel ordre les faits se sont déroulés. Il a d’abord levé les yeux vers le ciel, et ensuite seulement, la raison lui revint. Ce n’est qu’après s’être humilié que Dieu lui a rendu la conscience humaine grâce à laquelle il a pu éclater en louanges et en actions de grâces.
Nabuchodonosor prend enfin sa juste place de créature et reconnaît que « le Très-Haut vit éternellement, et sa souveraineté et son règne durent d’âge en âge ». Avant son châtiment, quand le roi se prenait pour le centre du monde et bombait la poitrine, il croyait être assis sur le trône à cause de ses talents innés ou grâce à la pointe de son épée, mais maintenant il sait et reconnaît qu’il doit tout à l’Éternel seul.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.