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Daniel 8.22 – 9.3
Certaines personnes ont une vie particulièrement bien remplie, font des prodiges, deviennent des virtuoses ou des athlètes accomplis. Oui, mais ils disparaissent au même titre que ceux qui n’ont pas laissé la moindre trace de leur passage sur terre. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant d’entendre le sage dire :
Vanité des vanités, oui, vanité des vanités, tout est dérisoire. Car, après tout, le sort des humains est identique à celui des bêtes. Ils meurent les uns comme les autres. Un même souffle les anime tous. L’homme n’a aucun avantage sur l’animal, car tout passe (Ecclésiaste 1.2 ; 3.19).
Alexandre le Grand est peut-être le général le plus brillant de tous les temps et un conquérant accompli, mais aussi un vulgaire jouisseur et un idolâtre de bas étage. En l’an 331 avant J-C, il fait un pèlerinage au grand Temple d’Amon-Ré, le dieu égyptien du soleil que les Grecs identifient à Zeus. À l’instar des pharaons, il veut que cette divinité le reconnaisse comme son fils.
Cette même année, à la tête de 40 000 hommes de pieds et de 7 000 cavaliers, il part à la conquête de l’empire perse. Il traverse les fleuves Euphrate et Tigre et arrive dans ce qui est aujourd’hui l’Irak où il rencontre à nouveau l’armée de Darius III qu’il anéantie complètement (bataille d’Arbèles à Gaugamèles ; aujourd’hui : Gomal). Comme la première fois Darius s’enfuit précipitamment ; c’est désormais une habitude chez lui, puis il est assassiné par l’un de ses satrapes l’année suivante (en 330). Babylone capitule devant l’armée d’Alexandre, et Suze avec ses immenses trésors est rapidement conquise. Puis en l’an 330, dans un accès de délire éthylique, Alexandre brûle Persépolis, la capitale officielle de la Perse. Cette fois-ci, c’est le point final à l’histoire et à l’existence de cet empire.
Afin de faire mieux que les despotes précédents, Alexandre lance son armée vers l’est en direction de l’Inde. Il fait un crochet jusqu’au nord du Tajikistan (en 327) puis redescend vers le sud, traverse le fleuve Indus en 326 et envahit l’est de l’Inde. Il voudrait poursuivre son offensive mais ses troupes épuisées refusent de continuer. Il descend alors le fleuve Indus et arrive à son delta dans l’océan Indien durant l’été de l’an 325. Il longe ce fleuve vers l’ouest et passe une bonne année à explorer le golfe Persique et à commencer à organiser son empire. Il arrive à Babylone au printemps de l’an 323, mais ayant contracté la malaria et suite à une partouze, il est soudainement pris de fièvre et meurt en juin de cette même année.
Comme je l’ai déjà dit, Alexandre est l’un des plus grands généraux que le monde ait connus, un stratège de génie et un dirigeant qui commande le respect. Il sait prendre les bonnes décisions au bon moment et les faire exécuter sur-le-champ. Mais il est surtout connu pour la manœuvrabilité de son armée qu’il peut déplacer en un temps record sur des distances phénoménales. Brave et souvent généreux, il peut aussi se montrer cruel et sans pitié pour des raisons politiques ou par folie. En effet, Alexandre est un alcoolique et en pleine crise éthylique, il tue son meilleur ami Clitus ce qu’il regretta amèrement toute sa vie.
Comme chef d’État, Alexandre a la folie des grandeurs ; il rêve en effet d’unifier l’est à l’ouest en un empire universel dans un monde fraternel nouveau et éclairé. Il adopte les coutumes perses, prend des femmes orientales, dont la fille aînée du roi perse Darius III, et il encourage ses officiers à faire de même.
Je continue de lire dans le chapitre 8 de Daniel.
Le bélier à deux cornes que tu as vu, représente les rois de Médie et de Perse. Le bouc velu, c’est le roi de Grèce, et la grande corne entre ses yeux représente le premier de ces rois. Puis elle s’est brisée et quatre cornes ont poussé à sa place : celles-ci représentent quatre royaumes issus de cette nation, qui, cependant, n’auront pas la même puissance (Daniel 8.20-22).
À l’âge de 30 ans, Alexandre le Grand domine le monde connu qui va de l’Europe aux Indes. En seulement 8 ans (334-326), il a accompli bien davantage que les potentats égyptiens, assyriens, babyloniens et médo-perses, qui l’ont précédé. Mais « la grande corne s’est brisée » ; il meurt en pleine force de l’âge à trente-trois ans. Dans une perspective humaine, on peut se lamenter et dire : « quel dommage, quel gâchis ! », et comme Salomon dans le livre de l’Ecclésiaste :
Vanité des vanités, oui, vanité des vanités, tout est dérisoire.
Peu de temps avant sa disparition, Alexandre ordonne aux villes grecques de l’adorer comme dieu, car il se dit d’origine divine, mais cet ordre n’a pas d’écho à cause de sa mort prématurée.
Alexandre est non seulement un grand général, mais il sait aussi administrer les territoires conquis. Afin de les unir entre eux, il fonde soixante-dix villes auxquelles, en grand mégalo qui se respecte, il donne souvent son nom. Elles sont bien construites, bien situées, approvisionnées en eau potable et possèdent un très bon réseau de communication avant même les fameuses voies romaines. Les vétérans grecs de l’armée d’Alexandre s’y installent les premiers, mais comme il y fait bon vivre, elles deviennent rapidement des pôles d’attraction. C’est aussi ce qui permet à la culture et langue grecque de se répandre partout dans ce vaste empire. En étendant l’influence grecque, Alexandre prépare le terrain pour les royaumes qui seront créés après lui par ses généraux, ainsi que pour les futures conquêtes de l’empire romain.
Les derniers mots d’Alexandre le Grand furent : « Je laisse mon empire au plus fort », une phrase ambiguë qui entraîne un demi-siècle de conflits entre ses quatre généraux puis leurs descendants. Il faut vingt-deux ans de luttes aux quatre généraux avant qu’ils parviennent à s’accorder et se partager l’empire grec. Ces quatre hommes sont représentés par les quatre vents qui agitent la grande mer que Daniel a vus (Daniel 7.2), et par les quatre cornes du bouc velu qui remplacent la grande corne qui s’est brisée. Cependant, ces quatre cornes n’ont ni la force, ni la puissance ni l’envergure de la grande corne.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.