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Esaïe 36.1 – 37.29
À plusieurs occasions, j’ai essayé de démêler un sac de nœuds mais c’est pire qu’un casse-tête chinois. C’est un peu la même chose entre les récits bibliques et l’histoire profane parce qu’ils se recoupent, s’amalgament et s’entremêlent. Pour y voir clair dans l’un, il faut regarder à l’autre. Quand Ésaïe écrit ses prophéties, le contexte géopolitique de l’époque est particulièrement complexe et au Moyen-Orient, ce sont les Assyriens qui mènent le bal. D’après les inscriptions qu’ils nous ont laissées et selon l’historien grec Hérodote (II, 141), ils convoitent l’Égypte depuis déjà fort longtemps. Alors la révolte de quelques petits états de Palestine qui sont leurs vassaux fournit au roi Sennachérib l’occasion de tenter la conquête de l’Égypte. Au nombre de ceux qui ont secoué la tutelle assyrienne, se trouve Ézéchias, le bon roi de Juda, qui, après avoir refusé le tribut annuel qu’il paie à l’Assyrie depuis le temps de son père Ahaz, s’est hâté de conclure une alliance avec l’Égypte (2Rois 18.7 ; Ésaïe 30.1-31.9 ; 36.6).
En envahissant la Palestine, Sennachérib se propose donc non seulement de faire rentrer dans les rangs ses vassaux infidèles, mais aussi de s’assurer une base d’opérations contre l’Égypte. Alors qu’il guerroie en Phénicie et attaque les Philistins, Sennachérib envoie un corps d’armée en Juda qui s’empare de toute les principales villes du royaume à l’exception de Jérusalem, et il déporte 200 000 Judéens (2Rois 18.13).
Désespérant de voir arriver les Égyptiens à son secours, Ézéchias accepte de payer une très forte somme à Sennachérib pour prix de la paix (2Rois 18.13-16). Mais ce dernier, devenu gourmand, exige maintenant la reddition pure et simple de Jérusalem. Les émissaires qu’Ézéchias a envoyés à Sennachérib avec le tribut, reviennent à Jérusalem avec ces tristes nouvelles (Ésaïe 33.7-8). Telle est la situation qui se présente à nous. Avec le chapitre 36 du livre d’Ésaïe, nous quittons les hauts plateaux de la parole prophétique concernant la fin des temps, pour descendre dans le récit historique. Même la forme du langage change.
Jusqu’à présent, Ésaïe a montré la façon de gouverner de l’Éternel et comment il juge les peuples, mais à partir du chapitre 40, il va parler davantage de la grâce de Dieu et du salut, et moins de jugement. Ces deux grandes sections du livre sont séparées par un interlude historique de 4 chapitres, du 36 au 39, qui sert à éclairer par l’histoire profane les prophéties qui précèdent et celles qui suivent cette section.
Quand j’apprenais l’histoire antique sur les bancs de l’école, je trouvais ça barbant au possible. Mais maintenant, je me rends compte que l’histoire antique est vitale pour comprendre l’histoire sainte et surtout les prophéties, bien que celles-ci soient beaucoup plus qu’un simple compte-rendu, même exact, des événements passés. En effet, entremêlées avec l’histoire profane, les Écritures enseignent toujours des vérités spirituelles qu’on ne peut saisir qu’avec les yeux de la foi parce qu’elles sont présentées par le Saint-Esprit selon le point de vue divin, ce qui est très différent de la perspective des historiens profanes.
Le sujet de cette section historique en 4 chapitres du livre d’Ésaïe se trouve en trois endroits différents dans les Textes Sacrés. Ainsi, les événements que raconte le second livre des Rois (2Rois 18 à 20) sont quasi identiques à la description qu’en fait Ésaïe dans les chapitre 36 et 37, la différence essentielle étant que le texte des Rois ne rapporte pas le cantique d’Ézéchias. Enfin, cette même histoire se trouve aussi dans le second livre des Chroniques (32) mais sous une forme encore plus concise.
Les 4 chapitres d’Ésaïe qui décrivent l’interlude historique comprennent 3 miracles : la mort soudaine de 185 000 soldats assyriens tués par l’ange exterminateur (Ésaïe 37.36-38) ; le recul de l’ombre de 10 degrés sur le cadran solaire (Ésaïe 38.7-8) ; et la guérison surnaturelle du roi Ézéchias (Ésaïe 38.1-5). Cette section qui s’ouvre avec l’Assyrie et qui se termine avec Babylone est scindée en deux parties. Dans chacune d’elles, Ézéchias reçoit une lettre. La première que mentionne Ésaïe est une grave menace de la part des Assyriens. Aussitôt, Ézéchias la lit devant l’Éternel dans une prière de supplication qui est exaucée (Ésaïe 37.14-20). Les chapitres 36 et 37 racontent cette histoire.
La seconde lettre vient du roi de Babylone et elle est si flatteuse qu’Ézéchias ne consulte pas l’Éternel. Les chapitres 38 et 39 racontent le péché d’orgueil du roi qui est à l’origine de la prédiction d’Ésaïe qui annonce l’exil de Juda à Babylone (Ésaïe 39.1-8). Cette prophétie sert d’ailleurs de point de départ historique à la dernière partie du livre (Ésaïe 40 à 66) qui concerne l’exil à venir et la délivrance finale.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.