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- Esaïe 45.1 – 46.13
Esaïe 45.1 – 46.13
Le découpage des chapitres des Textes Sacrés laisse parfois perplexe et à désirer. On dit que le moine chargé de ce travail l’a réalisé alors qu’il traverse les Alpes à dos d’âne, et chaque fois que l’animal cahote, la plume de son maître marque une fin de chapitre. C’est une blague bien sûr, cependant, certaines divisions semblent avoir été faites de cette manière. C’est ainsi que le dernier verset du chapitre 44 et le premier du 45 du livre d’Ésaïe, sont artificiellement séparés alors qu’ils parlent du même personnage et se complètent. Je les lis :
Et je (l’Éternel) dis de Cyrus : “ C’est mon berger, et il accomplira tout ce que je désire ”. Il dira de Jérusalem : “ Qu’elle soit rebâtie ”, et il dira du Temple : “ Posez ses fondations ! ” Ainsi dit l’Éternel à son oint, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour abaisser les nations devant lui et désarmer les rois, pour ouvrir devant lui les deux battants afin qu’aucune porte ne lui reste fermée (Ésaïe 44.28-45.1).
Cyrus est le seul roi païen à être nommé « oint » de l’Éternel. Il est appelé ainsi parce que Dieu l’a choisi (comparez Ésaïe 41.2-3) pour libérer son peuple de l’exil babylonien (Ésaïe 44.28). D’une certaine manière, on peut dire que ses conquêtes peuvent être qualifiées de guerres saintes, car Cyrus joue le même rôle qu’un roi israélite. En effet, d’une part, il libère le peuple d’Israël de ses ennemis, et d’autre part, il préfigure le Messie, qui, à la fin des temps, délivrera les Juifs du monde entier des griffes de l’Antichrist.
Les textes de l’Antiquité décrivent la facilité et la rapidité inouïes avec lesquelles Cyrus a réalisé ses exploits militaires. L’historien grec Hérodote écrit : « Où qu’il plût à Cyrus de porter la guerre, cette nation-là était incapable de lui échapper (Hérodote, I, 204) ».
L’Éternel a choisi de coucher sur le parchemin le nom du libérateur de son peuple plus d’un siècle avant sa naissance pour deux raisons : d’une part, il veut rassurer son peuple en lui disant d’avance que l’exil qu’il va subir ne signifie pas sa fin en tant que nation, ce qui est très important, puisque on lit dans le second livre de Samuel (7.24 ; comparez Ésaïe 40.27 ; 49.14-15) que Dieu promet à David qu’Israël existera toujours. Par ailleurs, si la prophétie qui annonce la victoire de Cyrus sur Babylone s’accomplit, alors il n’y aucune raison de mettre en doute la prophétie qui annonce qu’un « Emmanuel » naîtra d’une vierge, et sera le serviteur souffrant qui expirera les péchés du peuple. Il s’en suit que quand Jésus est né, les Juifs auraient dû savoir tout de suite qu’il est « Emmanuel », Dieu avec nous, fait homme, mais leur incrédulité les a aveuglés.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.