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- Esaïe 61.3 – 62.12
Esaïe 61.3 – 62.12
En général, on s’exprime par la parole et les gestes, cependant il existe d’autres formes de communication et en particulier une qui est tout aussi fréquente, mais dont on est moins conscient ; je veux parler de ce qu’on choisit délibérément de ne pas dire. Au début de son ministère, Jésus s’est rendu dans la synagogue de Nazareth et a fait la lecture du jour. Il a ouvert le livre d’Ésaïe et a lu le passage devant lui :
L’Esprit de l’Éternel, du Seigneur, est sur moi car l’Éternel m’a oint pour annoncer aux humiliés une bonne nouvelle. Oui, il m’a envoyé afin de panser ceux qui ont le cœur brisé, d’annoncer aux captifs leur délivrance et à ceux qui sont prisonniers leur mise en liberté, afin de proclamer l’année de la faveur de l’Éternel (Ésaïe 61.1-2).
Puis il s’est arrêté net alors que la phrase continue avec : « et un jour de rétribution pour notre Dieu ». Jésus n’a pas voulu dire que l’Éternel l’avait envoyé pour exercer la vengeance divine parce qu’il y a 2 000 ans, il est venu pour sauver le monde et non pour le juger. Après avoir donc fait une lecture partielle du passage, il a rendu le parchemin et s’est assis. Puis, alors que tous les yeux sont braqués sur lui, il a dit :
Aujourd’hui même, pour vous qui l’entendez, cette prophétie de l’Écriture est devenue réalité (Luc 4.21).
Dans sa prophétie, Ésaïe ne fait pas de distinction entre la première et la seconde venue du Christ. Ces deux événements sont seulement séparés dans le texte par la petite conjonction « et ». Pourtant, ce mot insignifiant est énorme puisque cela fait maintenant deux mille ans qu’il dure. Dans sa première épître, l’apôtre Pierre confirme que les prophètes télescopent à la fois les souffrances et la gloire du Christ. Il écrit :
Ce salut a fait l’objet des recherches et des investigations des prophètes qui ont annoncé d’avance la grâce qui vous était destinée. Ils cherchaient à découvrir à quelle époque et à quels événements se rapportaient les indications données par l’Esprit du Christ. Cet Esprit était en eux et annonçait à l’avance les souffrances du Messie et la gloire dont elles seraient suivies (1Pierre 1.10-11).
Les prophètes de l’Ancien Testament distinguent bien les événements futurs, mais ils les voient sur un seul plan, sans profondeur de champ, comme s’ils avaient lieu simultanément. Je peux donner un exemple. La ville de Grenoble se trouve dans une cuvette entourée de montagnes. Nous habitions un appartement à Meylan et de notre balcon nous pouvions voir la chaîne de la Belledonne avec ses pics. De notre point de vue, ils semblaient tous être serrés les uns à côté des autres alors qu’en réalité ils sont décalés et séparés par de grandes vallées que nous ne pouvions pas voir parce que cachées par la montagne la plus proche de nous.
Un autre exemple serait une forêt. De loin, tous les arbres semblent former une grosse clôture, mais au fur et à mesure qu’on se rapproche on se rend compte que non seulement les arbres sont séparés sur le plan horizontal mais aussi en profondeur dans la forêt.
Ésaïe entrevoit à la fois la première et la seconde venue du Christ parce qu’il ne peut pas voir le temps qui sépare les deux événements. Dans la même foulée, il proclame donc « l’année de la faveur de l’Éternel et le jour de rétribution pour notre Dieu ». Ésaïe a dû se demander comment cela était possible. S’il avait pu voyager dans le temps et entrer dans l’ère de l’Église où nous nous trouvons actuellement, il aurait compris. Nous sommes pour ainsi dire dans la vallée, entre la première et la seconde venue du Christ. De notre point de vue nous pouvons regarder en arrière quand Jésus est venu offrir sa vie et devenir le Sauveur du monde, ce qui est d’ailleurs ce que Ésaïe a décrit dans le chapitre 53, mais sans trop savoir ce qu’il prophétisait.
À un certain moment dans le futur aura lieu la seconde venue du Christ. Mais avant cet événement, l’Église universelle du Christ sera enlevée dans les airs. En effet, Jean rapporte que Jésus a dit à ses disciples :
Lorsque je vous aurai préparé une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis (Jean 14.3)
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.