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Exode 20.1 – 20.15
J’aime bien les vieilles cartes postales. Elles me fascinent parce que pendant les quelques courts instants que je les regarde, elles me permettent de remonter le temps. Dans mes archives, j’en ai une qui a les Dix Commandements écrits noir sur blanc. Ils ne datent pas d’hier, puisqu’ils furent promulgués il y a environ 35 siècles. C’est loin, mais combien d’actualité. Le texte est très court, mais combien percutant. Au regard des crimes, de la corruption et des haines présents partout sur terre, les 10 Commandements devraient être affichés sur tous les murs du monde. Ils représentent l’âme de toute la Loi divine.
Ils furent promulgués avec pompe sur le mont Sinaï que l’Éternel avait auparavant entouré d’un cordon sanitaire. Le protocole était draconien. Dieu avait donné des instructions d’ordre rituel visant à la préparation d’Israël à le rencontrer et interdit qu’on s’approche trop près de lui sous peine de mort. Certains éléments naturels comme le tonnerre, un tremblement de terre, des éclairs, ont accompagné l’énoncé de la Loi afin d’accentuer le caractère redoutable et saint de l’Éternel. Le peuple en a eu conscience et tremble, ce qui somme toute est une attitude très saine, car dans l’ensemble des Textes Sacrés, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, la crainte respectueuse de Dieu est la condition sine qua non et incontournable de toute relation avec lui.
Avec les Commandements, l’Éternel communique des ordonnances relatives à l’autel des holocaustes, parce que la loi et les sacrifices vont de pair. En effet, si le code moral a pour but de mettre en lumière la culpabilité due aux fautes de l’homme, l’autel est le lieu où le sang innocent est versé pour les couvrir. Dans ma salle de bain, j’ai un miroir qui me dit si je suis présentable. Devant lui se trouve le lavabo où je me débarbouille. La loi agit comme un miroir, elle révèle mes saletés, tandis que le lavabo est une image de l’autel qui lave la culpabilité du repentant. Bien sûr, je peux me regarder dans le miroir et dire que l’un dans l’autre tout va plutôt bien. Si je suis content de moi, alors je n’ai besoin ni de gant de toilette ni de savon ni de lavabo.
Ça me rappelle le conte de Blanche Neige. La méchante fée demande à son miroir magique : Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle de toutes ? Le miroir répond toujours Ô Reine, tu es la plus belle de toutes les femmes. Mais un jour, il a dit : Reine, ce n’est pas toi ! À la différence de la méchante fée, Mr. tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil, répond lui-même à la question qu’il pose à son miroir. Il se croit juste par rapport aux obligations de la loi ou au regard du Sermon sur la Montagne, parce qu’il en ignore les exigences sévères. Pire encore, je peux penser que mon voisin devrait bien s’examiner dans la glace parce qu’il a sérieusement besoin d’une séance de décrassage.
Il y a aussi des gens qui après s’être regardés dans le miroir de la loi de Dieu ne veulent plus y penser. Ils vaquent à leurs occupations quotidiennes sans se soucier de leur état. Un texte du Nouveau Testament s’adresse spécifiquement à eux. Je le cite :
Ne vous contentez pas d’écouter la Parole de Dieu, traduisez-la en actes, sans quoi vous vous tromperiez vous-mêmes. En effet, si quelqu’un se contente d’écouter la Parole sans y conformer ses actes, il ressemble à un homme qui, en s’observant dans un miroir, découvre son vrai visage. Après s’être ainsi observé, il s’en va et oublie ce qu’il est (Jacques 1.22-24).
Les Occidentaux se considèrent plus évolués et plus sophistiqués que ceux d’autres cultures et donc moins coupables devant Dieu. Cet aveuglement spirituel est aberrant. Nous sommes tous des contrevenants très ordinaires et primitifs, tout aussi fautifs que les gens de Sodome l’étaient en leur temps. En effet, même si je ne me suis pas rendu coupable de meurtres ou de délits sexuels, j’ai commis d’autres transgressions qui ne sont pas moindres. Je lis un texte du Nouveau Testament :
Celui qui désobéit à un seul commandement de la Loi, même s’il obéit à tous les autres, se rend coupable à l’égard de toute la Loi (Jacques 2.10).
Cela veut dire que devant le Dieu trois fois saint, je dégage autant une odeur de purin que le plus vil des pécheurs. C’est vrai que c’est dur à entendre et moi aussi je trouve la pilule difficile à avaler. Au 21e siècle, nous ne sommes absolument pas meilleurs que nos prédécesseurs. La nouvelle moralité, qui a vu le jour dans les années 60, n’a rien inventé et n’est pas neuve du tout. Elle est bien antérieure au 20e siècle et existait avant le jugement du déluge puisqu’elle en fut la cause. En fait, ce mode de vie amoral remonte au jardin d’Éden lorsque nos premiers parents ont choisi de désobéir au Créateur et faire comme bon ils l’entendaient. Nos notions du bien et du mal sont très relatives et fortement influencées par nos désirs égoïstes, notre éducation et milieu de vie.
Maintenant donc, en plein désert, l’Éternel va donner la Loi aux Israélites pour en quelque sorte, remettre les pendules à l’heure, à son heure. Cette loi pure et dure représente le standard de Dieu, l’étalon de mesure moral universel. Elle exprime les exigences divines relatives à ce que l’homme devrait être sans arrondir aucun angle. Ces règles à suivre sont conçues pour administrer une race humaine déchue. Se voulant avant tout justes, elles ne font pas appel à la sentimentalité, à la bonté, l’amour ou la miséricorde. La loi est l’affirmation de la sainte volonté de Dieu et exige la perfection absolue de ma part. Elle ne se nourrit pas de bonnes intentions, mais exige impérativement une mise en pratique stricte. Les commandements ne sont pas des suggestions, mais des ordres. Ils délimitent le bien du mal, ce qui est juste et droit de ce qui est tordu et condamnable. Dans l’Ancien Testament, le psalmiste écrit :
La Loi de Dieu est parfaite, elle nous redonne vie. Toutes ses affirmations sont dignes de confiance. Aux gens sans détour elle donne la sagesse. Justes sont ses exigences, elles font la joie du cœur ; et ses ordres, si limpides, donnent du discernement. Le respect de l’Éternel est pur, il subsiste à tout jamais ; les décrets de l’Éternel sont vrais, ils sont parfaitement justes (Psaumes 19.7-9).
La loi révèle qui est Dieu et pointe le gouffre incommensurable qui me sépare de Lui. Je ne peux pas me mesurer aux préceptes divins et être fier de moi. Les Dix Commandements plus les 600 et quelques autres jouent le rôle de révélateur, ce produit qui dans le bain photographique permet de développer les clichés. D’une manière similaire, la loi appliquée à mon âme en fait ressortir ce qu’elle contient et ce n’est pas beau à voir. Nous sentons tous le fumier à la lumière de la sainteté de Dieu.
Sur l’île de Blackwell, qui fait partie de la ville de New York, il y a un cimetière qui était réservé aux criminels. Sur l’une des pierres tombales, on lit : Ici reposent les restes de John Smith, qui a contredit son Créateur, qui s’est joué des Dix Commandements et qui a quitté ce monde à l’âge de 35 ans. Sa mère et sa femme le pleurent. Personne d’autre ne le regrette. Puisse-t-il reposer en paix. Cet homme ne s’est pas éteint en douceur. Il mourut de mort violente, parce qu’il avait violé la loi de Dieu et des hommes. Mais chacun de nous décédera également ; et même si c’est paisiblement dans mon sommeil, je mourrai quand même parce que j’ai violé les commandements de Dieu.
Dans les sociétés occidentales décadentes, la loi du pays permet qu’on transgresse certains des dix commandements en toute impunité. Mais tôt ou tard, tel un boomerang, je récolterai ce que j’aurais semé. Je peux choisir de ne pas tenir compte de la loi de la gravité, par exemple, mais je ne peux échapper à ses conséquences. Cela me rappelle la blague de l’homme qui sauta de la Tour Eiffel. Arrivé au second niveau quelqu’un qui le vit tomber lui cria : Comment ça va ? Et notre homme de répondre : Jusque là, c’est formidable ! Certes, mais ce n’est ni au 2e ni au 1er étage que vont se faire sentir les conséquences fâcheuses de ce grand saut. C’est tout en bas au niveau du sol que va se manifester toute la force de la loi de la gravité. Et là, cet homme, s’il n’a jamais existé, va constater en un éclair que ça ne va pas bien du tout.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.