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Genèse 1.1 – 1.7
L’univers est grand. Voilà une lapalissade s’il en existe une. L’espace sidéral fourmille de quelque 100 milliards de galaxies pour utiliser un chiffre rond, chacune comptant un nombre d’étoiles quasi incalculable. L’univers est aussi extrêmement varié. Si mes souvenirs sont exacts, à la fin de l’été 2004, un centre de recherche astronomique européen basé quelque part en Amérique du Sud a découvert une planète ayant une forme jusque-là inconnue. Je ne sais pas trop ce que cela veut dire, mais je ne pense pas qu’elle ait été carrée ou triangulaire. Il n’empêche que quand j’y réfléchis, je trouve absolument époustouflante la diversité en apparence, en son et en odeur des choses inanimées comme des êtres vivants qui habitent dans ce vaste univers dont notre bonne vieille terre. Ils défient l’imagination.
Que ce soient les étoiles pulsars, les trous noirs, ou l’antimatière là-haut dans le ciel ou ici-bas la beauté des oiseaux de la forêt tropicale ou l’étrangeté de certains lézards aux relents de préhistoire. Et le plus extraordinaire est que selon la première phrase du livre de la Genèse, tout ça, c’est dû aux simples paroles qu’a prononcées l’Éternel et qui nous sont rapportées en une courte phrase disant : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Ensuite, le texte donne surtout des détails concernant ce monde parce que Dieu veut lui donner une importance particulière. Non seulement la terre est l’habitat des êtres humains façonnés à l’image du Créateur, mais aussi le lieu où le Fils de Dieu est devenu homme.
J’ai déjà eu l’occasion de mentionner un certain Herbert Spencer qui a eu le privilège d’avoir donné une définition tout à fait incompréhensible de l’évolution. Mais ce cher Monsieur s’est racheté, car il a aussi dit quelque chose d’autre qui a retenu mon attention, car plus à ma portée. Après 50 ans de recherches, Herbert Spencer en est venu à la conclusion que je cite : Les formes générales de l’existence sont : le temps, l’espace, la matière, la force et le mouvement. Ce qui est fort intéressant est que ce qu’il a dit est conforme à ce que nous lisons dans les versets 1 et 2 du premier chapitre de la Genèse, ce que vous pouvez faire en moins d’une minute.
Il s’y trouve mentionné noir sur blanc les formes générales de l’existence comme dit Monsieur Spencer, mais cela porte un autre nom ; il s’agit de la Création. Le passage complet dit : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre… Et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. Faisons le compte : Au commencement : il s’agit bien de la notion de temps ; Dieu créa le ciel : ici, c’est l’idée d’espace ; Dieu créa la terre : elle faite de matière ; Et l’Esprit de Dieu : c’est le concept de force agissante. Il planait au dessus des eaux : c’est l’idée de mouvement.
Donc en résumé on a le temps, l’espace, la matière, la force, et le mouvement ; tout y est. La Genèse n’est pas un livre de Physique, mais comme elle explique brièvement l’origine et le fondement de l’univers il n’est pas étonnant d’y trouver des concepts qui relèvent de la science.
Après avoir affirmé sans ambages dès les premiers versets qu’au commencement c’est le Dieu créateur, qui dans son œuvre primitive a créé les cieux et la terre, le texte continue à décrire la manière dont il l’a formée et préparée pour que la vie et finalement l’homme puissent apparaître à sa surface. Mais avant d’en arriver là, le second verset dit une chose des plus surprenantes. Je le lis :
Or la terre était alors informe et vide. Les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux (Genèse 1.2).
Littéralement, en hébreu, il est dit que la terre était un tohu-bohu. C’est ce qu’on a appelé le chaos primitif. L’expression veut dire : en ruine, inoccupée, informe et vide. En français courant, ça veut dire la confusion et le tumulte.
Alors au premier verset, Dieu a créé l’univers et au deuxième tout est en ruine ; cela fait vraiment désordre. Quand Moïse a écrit ces lignes, il aurait pu passer sous silence ce passage très embarrassant. Mais non ; et c’est une caractéristique de l’ensemble des Textes Sacrés, le Saint-Esprit qui en est le véritable auteur n’arrondit jamais les angles ; ce qui a eu lieu et qui nous est utile de connaître, Dieu nous le révèle. Par contre, il ne nous donne pas forcément des détails.
Alors qu’est-ce que ça veut dire que la terre était informe et vide ? On pourrait y voir comme la description d’une ébauche d’un chef d’œuvre à venir. Avant qu’elle ne soit une sphère, dans un premier temps, notre terre aurait été une masse informe de gaz ou de particules qui au fil du temps se serait finalement refroidie et condensée en une forme sphérique et une surface solide et habitable. Mais cette vision des choses ne cadre pas avec un autre passage d’un prophète de l’Ancien Testament que je cite :
Voici ce que déclare l’Éternel qui a créé le ciel, lui qui est Dieu, et qui a fait la terre, qui l’a formée et affermie, il ne l’a pas créée afin d’être un chaos, mais il l’a façonnée pour que l’on y habite (Ésaïe 45.18).
Ce texte spécifie que l’Éternel n’a pas créé la terre afin qu’elle soit un tohu, un chaos, mais pour qu’elle soit habitable ; et puis si Dieu est le Tout-Puissant il est difficile de le concevoir comme l’auteur d’un tohu-bohu et de s’y prendre à deux fois pour créer notre planète. Il est probable qu’il a dû se passer un événement très grave, quelque chose comme une grande catastrophe, entre les deux premiers versets, entre Dieu créa le ciel et la terre et : La terre était informe et vide. Un passage de l’Ancien Testament écrit par un autre prophète va dans ce sens. Je cite :
Je regarde la terre ; elle est informe et vide,
le tohu-bohu du chaos primitif. Je continue à lire ce passage :
Je regarde le ciel : il n’a plus de lumière. Je regarde les monts : ils sont bien secoués et toutes les collines sont ébranlées (Jérémie 4. 23-24).
Il semble vraiment que les planètes de notre système solaire comme toutes celles qui remplissent l’espace sidéral soient toujours dans cet état de tohu-bohu informe et vide, comme si dans la nuit des temps, l’univers avait effectivement subi un cataclysme d’une envergure colossale et en porterait les stigmates encore aujourd’hui. Les photos de la lune, par exemple, montrent un désert inhospitalier troué de cratères.
Tous les luminaires de l’univers ou tout au moins toutes les planètes connues semblent être dans ce même état de chaos primitif parce que Dieu, contrairement à la terre, n’y a pas remédié. Il s’est spécifiquement intéressé à notre planète et c’est la raison pour laquelle il nous en parle. De plus comme c’est elle qui allait devenir notre résidence principale, ça nous concerne au plus près. D’après ce qu’on connaît de l’univers, la terre est pour l’instant le seul astre qui peut accommoder la vie.
Dans l’ensemble des Écritures, Dieu est décrit comme un Dieu d’ordre et de lumière. Le tohu-bohu comme la phrase Les ténèbres couvraient l’abîme expriment plutôt son absence qu’une ébauche de création. Au grand commencement, Dieu a créé un cosmos, pas un chaos et il a façonné la terre de manière à ce qu’elle soit habitable, mais il s’est passé un grand chamboulement qui a contrecarré ses plans ; c’est une façon inadéquate de parler parce que dans sa souveraineté cet événement était prévu de toujours.
Alors quelle est la catastrophe qui a bien pu désertifier une terre que Dieu avait créée paradisiaque ? À la lumière de l’ensemble des Écritures, il semblerait que ce cataclysme ait accompagné la rébellion d’un personnage créé avant l’homme ; il s’agit de Lucifer, le premier et le plus glorieux des anges puisqu’il est appelé Astre brillant, fils de l’aurore dans un des textes prophétiques de l’Ancien Testament (Ésaïe 14.12).
Cette insurrection, aussi incroyable que cela puisse paraître, consistait en une tentative de coup d’État par lequel il a tout simplement essayé de prendre le pouvoir et de se proclamer égal à Dieu. En conséquence, il a été éjecté des cieux et aujourd’hui il est connu sous bien des noms dont en particulier, Satan ou le diable. Je suis tout à fait conscient que l’immense majorité des gens, même dans les pays de tradition catholique ou protestante, considéreraient ce que je viens de dire comme plus que ringard et digne d’une mythologie moyenâgeuse.
Cependant, plusieurs passages des Textes Sacrés y font allusion bien que de façon succincte. Ce qui est sûr c’est que dans l’ensemble des Écritures, Dieu a choisi de nous dire peu de choses à ce sujet et rien du tout dans le premier chapitre de la Genèse. Il faut noter au passage et même insister sur le fait que cette lutte de Satan contre Dieu ne consiste absolument pas en un affrontement entre deux adversaires qui seraient égaux comme dans toutes les visions du monde extrabibliques. Absolument pas ! L’un est créateur et l’autre une simple créature, bien que très puissante.
Cependant, et pour des raisons qui ne nous sont pas complètement divulguées, Dieu tolère pour l’instant la présence du diable et lui laisse une certaine liberté d’action comme nous le verrons par la suite. Il y a donc eu une création de l’univers, les cieux et la terre puis sa désolation suite à un cataclysme. À partir d’ici et tout au long du reste de ce premier chapitre de la Genèse il va être question de la reconstruction de la terre en six jours. Pour ajouter de l’eau à mon moulin, je dirais que du point de vue des Écritures la balance penche très fortement en faveur de cette explication.
Dans le livre de l’Exode, celui qui fait suite à la Genèse, il est écrit : En six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve. Ce texte emploie le mot faire et non le terme hébreu bara qui signifie créer ex nihilo. Dieu a modelé ce qu’il avait initialement créé à partir de rien et qui est décrit dans le 1er verset de la Genèse ; il a reconstruit la planète à partir de la matière déjà existante suite à la rébellion de Lucifer. Cela dit, la durée de cette tentative de coup d’État ne nous est pas donnée.
Entre la création initiale et le chantier de reconstruction dirigé par l’Esprit de Dieu, un temps indéfini s’est écoulé qui a pu être un laps de temps considérable où seulement quelques heures. Je suis très conscient que je m’éloigne de plus en plus des croyances scientifiques du moment. Cependant, à mon avis, depuis l’école primaire jusqu’aux affirmations qui nous parviennent des masses-médias, on nous a fait subir un lavage de cerveau en nous imposant une façon de voir humaniste bien précise qui proviendrait d’un certain soi-disant consensus scientifique. Moi je n’arrive pas à gober le fait que tout serait apparu comme ça, tout seul grâce à un monstre coup de chance multiplié par le temps à la puissance infinie. C’est de la superstition au même titre que la génération spontanée que Pasteur a désavouée.
À l’école, on m’a enseigné qu’on ne sait pas d’où vient la matière, mais qu’elle a donné naissance à la vie sous l’effet d’un phénomène chimique ; ça manque singulièrement de clarté pour une explication qui se veut scientifique. L’enseignement de la Genèse est aux antipodes de l’évolution des espèces telle que Charles Darwin l’a conçu. D’aucuns essaient pourtant de réconcilier le texte biblique avec la théorie de l’évolution.
Ce modèle d’interprétation, dont j’ai déjà dit deux mots, tente de comprendre les origines de l’univers avec Dieu qui dirige le processus de la création sur des périodes de milliards d’années. Ces évolutionnistes théistes, comme on les appelle, expliquent tout le premier chapitre de la Genèse en suivant pas à pas ce que la science dit avoir découvert, mais avec un coup de pouce divin continuel en arrière-plan. Et effectivement, ils sont à même de donner des réponses là où le transformisme traditionnel et athée n’en a aucune. Ce point de vue est défendu par Ralph Shallis, un auteur chrétien qui va dans tous les détails du processus dans son petit livre intitulé Il faut beaucoup de foi pour être athée, aux éditions Farel.
Pour ma part, je trouve que ce mélange entre un Dieu créateur et ce que la science croit connaître n’est pas très rationnel, car il manque de rigueur. Voici d’ailleurs ce qu’en pense le fameux évolutionniste Thomas Huxley dont j’ai déjà parlé. Je le cite : Il est clair que la doctrine de l’évolution est directement antagoniste à celle de la création… L’évolution, si on l’accepte dans toute sa logique la rend incompatible avec la Bible. En d’autres termes, il faut choisir son camp ; c’est la théorie de l’évolution ou l’enseignement de la Genèse, et pas un croisement hybride entre les deux.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.