Les émissions

04 août 2026

Habaquq 3.1-6

Je n’ai pas l’oreille musicale mais j’aime quand même écouter certaines musiques. Je ne suis pas matheux mais j’aime bien le calcul mental. Je ne suis pas bricoleur mais j’aime bien observer quelqu’un qui remet en état un objet cassé. Je sais apprécier ceux qui ont du talent et je suis fasciné quand je les regarde exercer leur art. J’aime aussi lire un article bien rédigé, les phrases bien dites, les jeux de mots et les tournures d’esprit. Eh bien parmi les écrivains sacrés, il en est qui ont le verbe éblouissant. En effet, d’un point de vue littéraire, le livre d’Habaquq est un chef-d’œuvre car son auteur use de la plume comme Dartagnan manie l’épée. Habaquq utilise un hébreu classique rempli d’expressions rares qui lui appartiennent en propre, et avec lequel il présente ses réflexions et ses pensées avec force, clarté, élégance et beauté. Dans son oraison, ou plutôt son cantique puisque cette prière est destinée à être chantée, se trouvent réunies la puissance oratoire d’Ésaïe et la tendre sensibilité de Jérémie.

Je commence maintenant de lire le troisième chapitre du livre d’Habaquq.

Prière d’Habaquq le prophète, sous forme lyrique. Ô Éternel, j’ai entendu ce que tu viens de proclamer, et je suis effrayé devant ton œuvre, ô Éternel. Dans le cours des années, fait revivre ton œuvre ! Dans le cours des années, fais-la connaître ! Dans ton indignation, rappelle-toi d’avoir pitié ! (Habaquq 3.1-2 ; auteur).

Habaquq a reçu une réponse à sa prière ; il comprend très bien tout ce que l’Éternel veut lui dire et ce qu’il envisage d’accomplir. Dieu lui a dit quelque chose du genre : « Écoute, Habaquq, je veux que tu me fasses confiance. Tu croyais que j’étais indifférent au mal qui règne dans Juda, mais je l’ai vu et je vais punir. Je vais élever Babylone au rang de puissance dominante au Moyen-Orient et l’utiliser pour châtier mon peuple. Après cela je réduirai l’empire chaldéen en poussière et finalement, à la fin des temps, je ferai connaître ma gloire à toute la terre ». Comme je l’ai dit précédemment, l’Éternel a déjà agi ainsi avec le royaume israélite des X tribus du Nord qu’il a jugé par les Assyriens. Mais ensuite, il les a fait disparaître.

Habaquq accepte sans réserve le plan de l’Éternel mais de toute façon Dieu ne lui demande pas son avis. Habaquq se rend bien compte que l’Éternel doit donner libre cours à sa colère contre son peuple, mais il craint ces événements à venir et exprime son angoisse. Ici encore, le prophète nous montre qu’il n’y a aucun mal à dire au Seigneur ce qu’on a sur le cœur tant qu’on ne s’oppose pas à lui et qu’on reste soumis à sa volonté. Dans sa prière, Habaquq reconnaît donc avoir compris que Dieu veut d’abord juger Israël avec Babylone, le bâton de sa colère. Mais ensuite, ce sera au tour des Chaldéens de tomber dans les oubliettes de l’histoire, et l’instrument de leur jugement sera une coalition conduite par Cyrus le Perse. Sachant tout ce qui doit arriver, le prophète demande à Dieu, d’une part, de se montrer miséricordieux envers son peuple qu’il va devoir châtier, et d’autre part, de hâter ces événements, c’est-à-dire, abréger les souffrances des Israélites en faisant rapidement disparaître Babylone.

Mais cette deuxième requête aura deux accomplissements : le premier sera la ruine des Chaldéens une fois qu’ils auront châtié Juda ; le deuxième aura lieu à la fin des temps, quand la nouvelle Babylone qui se lèvera sous la bannière de l’Antichrist, sera détruite. Ensuite Dieu établira le royaume millénaire du Messie caractérisé par la paix et la justice aux quatre coins du globe, avec Israël à la tête des nations.

Aujourd’hui, quand on considère la situation géopolitique du monde, entre les républiques façon banane, les despotes de tout poil et l’exploitation honteuse des faibles, il y a de quoi être scandalisé. Mais les fidèles du Seigneur doivent faire confiance à leur Dieu car il a un plan, il sait ce qu’il fait et c’est lui qui gère les affaires des hommes. Nous pouvons apprendre à discerner les temps et les circonstances dans lesquels nous vivons afin de leur donner un sens. Alors nous pourrons peut-être aussi regarder dans les coulisses et voir que derrière le rideau des événements qui défraient la chronique, les roues divines tournent.

De temps en temps je mentionne la traduction de l’ancienne version grecque. Ici et pour la petite histoire, elle vaut la peine qu’on s’y arrête. Au milieu du verset, au lieu de : « Dans le cours des années, fais revivre ton œuvre » qui est la traduction traditionnelle de l’hébreu, dans la version grecque on lit : « Au milieu de deux animaux, tu seras connu », ce qui n’est pas du tout pareil; cette différence énorme étant due à une confusion de la part des traducteurs de la version grecque. Cependant, et bien que les Pères de l’Église se rendent compte de l’erreur de la version grecque, ils l’acceptent quand même comme inspirée de Dieu parce qu’elle va dans le même sens qu’ une parole d’Ésaïe qui dit :

Le bœuf sait bien à qui il appartient, et l’âne connaît la mangeoire où le nourrit son maître (Ésaïe 1.3).

Et elle cadre aussi avec le récit de l’Évangile selon lequel, à sa naissance à Bethléem, Jésus est placé dans une mangeoire au milieu des animaux de la ferme (Luc 2.7-16). Vous allez me dire que tout ça c’est vraiment tiré par les cheveux. C’est vrai si comme moi, on a pour principe d’interpréter littéralement les Textes sacrés, mais pour les Pères de l’Église qui adoptent une perspective mystique des Écritures, il existe un lien évident et inspiré de Dieu entre la naissance de Jésus, l’erreur de traduction de l’ancienne version grecque et la déclaration d’Ésaïe.

Selon la version hébraïque, Habaquq demande à Dieu de hâter les événements et d’avoir de la compassion pour son peuple. Ensuite, ce n’est plus une prière à proprement parler mais plutôt un hymne de louanges (Habaquq 3.3-19), un cantique dans lequel le prophète rappelle les œuvres extraordinaires que Dieu a faites pour Israël depuis sa sortie d’Égypte jusqu’à son entrée en Terre promise. En se remémorant cette glorieuse épopée, la foi d’Habaquq est fortifiée et il croit fermement que Dieu délivrera son peuple de Babylone.

Dans la suite du texte, Habaquq s’inspire de tout ce que l’Éternel a fait pour son peuple en Égypte, à la mer Rouge, sur le mont Sinaï, au fleuve Jourdain et dans le pays de Canaan. Il fait écho aux cantiques de Moïse (Deutéronome 31.30 et suivants ; Psaumes 90), du juge Deborah (Juges 5.1 et suivants) et des psalmistes.

Habaquq considère ces actions divines passées comme une anticipation des œuvres puissantes que l’Éternel réalisera dans l’avenir, c’est-à-dire la destruction de l’empire chaldéen et de tout ce qui s’oppose à la volonté de Dieu, jusqu’à ce que le Messie établisse son royaume de mille ans.

En hébreu, Habaquq utilise le temps futur parce qu’il se place avant que ne se réalise tout ce qu’il prédit. Il parle en prophète qui annonce les grands événements qui se réaliseront dans la suite des temps.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 25 2023

Émission du jour | 2 Rois 3.1 – 4.37

Élie aide une veuve à s'en sortir

Nos partenaires