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Hébreux 1.1-2
Une fois à la télé, on a demandé à certains grands hommes quel est le livre qu’ils prendraient avec eux s’ils devaient se trouver exilés sur une île déserte. Sans surprise, quelqu’un a mentionné Robinson Crusoé (1719) qui, il faut le dire, est l’un des plus célèbres romans de la littérature mondiale. Puis une autre personne a dit : « Moi, je prendrai la Bible ». En réalité, ce n’est pas vraiment un livre puisque les Textes Sacrés se composent de 66 ouvrages différents, composés par plus de 40 auteurs et éditeurs.
Dans le Nouveau Testament, l’épître aux Romains écrite par l’apôtre Paul est considérée comme une œuvre de maître, mais l’épître aux Hébreux est d’une stature toute aussi élevée bien que son auteur ait choisi l’anonymat.
La première partie de cette lettre à des destinataires inconnus et qui couvre dix des douze chapitres, est surtout doctrinale, alors que les deux derniers chapitres en sont l’application pratique. Mais cette distinction entre la partie doctrinale et la partie pratique est moins nette dans l’épître aux Hébreux que dans les écrits de Paul. Comme je l’ai déjà dit, nous ne savons pas qui est ni où se trouve la communauté judéo-chrétienne à qui cette épître est adressée. L’antique ville de Cyrène est une réelle possibilité. La ville fut détruite par un tremblement de terre en 365, et ses ruines, situées en Libye, sont aujourd’hui (depuis 1982) classées sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Même si on n’est pas sûr de l’identité de l’auteur, il ne fait pas le moindre doute que l’épître aux Hébreux fait partie des Écritures inspirées de Dieu, et c’est un magnifique exemple de la révélation que Jésus a promise à ses disciples quand il leur a dit :
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais elles sont encore trop lourdes à porter pour vous. Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans la vérité tout entière, car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et il vous annoncera les choses à venir. Il manifestera ma gloire, car il puisera dans ce qui est à moi et vous l’annoncera (Jean 16.12-14).
Il faut bien garder à l’esprit que l’épître aux Hébreux est écrite à des personnes de culture juive dont certains sont déjà croyants mais faibles dans la foi, tandis que d’autres n’ont pas encore fait le pas de la foi. Mais avant de leur jeter la pierre, il faut se mettre à leur place. Essayez d’imaginer ce que peut représenter pour un Juif de renoncer à son héritage religieux quand d’une part, il sait que c’est l’Éternel qui a donné la Loi à son peuple, et d’autre part, sa culture est étroitement imbriquée dans sa religion et dans les traditions ancestrales ponctuées par des fêtes et autres cérémonies typiques du judaïsme.
L’un des objectifs de l’épître aux Hébreux est de rappeler à tout Juif qui croit plus ou moins en Jésus-Christ, qu’il doit abandonner complètement et pour toujours les rites religieux qui ont fait partie intégrante de sa vie depuis sa plus tendre enfance. Cette démarche n’est pas facile parce qu’au moment de la rédaction de cette épître, le Temple avec ses sacrifices quotidiens fonctionne toujours. Il sera plus facile aux Juifs de renoncer à leur religion après l’an 70, une fois que Jérusalem et le Temple seront détruits.
Non seulement il est difficile à un Israélite de tourner le dos au système lévitique qui fonctionne toujours, mais dès qu’il se déclare chrétien il est rejeté par ses compatriotes et persécuté.
Jusqu’à sa destitution par le roi Hérode Agrippa ii (en 59), Ananias, le grand-prêtre en fonction est implacable envers tout Juif qui se dit chrétien, et il le fait excommunier de la communauté juive. Alors que toute sa vie il a eu accès aux lieux sacrés de Jérusalem, maintenant il en est banni et considéré impur et un paria. Il ne peut donc plus participer à aucune cérémonie juive et encore moins aller au Temple. Il est rejeté par ses anciens amis et coupé de son cercle social. À cause de leur foi en Jésus comme Messie, les Juifs chrétiens sont exclus de tout ce qu’ils ont connu. Bien qu’aux yeux de Dieu ils soient les seuls vrais Juifs (Romains 2.28, 29), pour leurs compatriotes ils sont pires que des païens. Voilà pourquoi, de plus en plus de Juifs ayant reconnu en Jésus-Christ leur Messie, se disent : « Nous avons cru en la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, mais c’est trop dur de rompre avec notre Ancienne religion, notre peuple, nos coutumes ancestrales et de subir des persécutions. Jésus est-il vraiment le Messie promis ? » Ces doutes sont un sérieux problème pour les jeunes professants de la communauté judéo-chrétienne parce qu’ils n’ont pas la maturité spirituelle nécessaire pour leur faire face.
Tout au long de cette épître aux Hébreux, l’auteur exhorte ces croyants hésitants à persévérer dans leur foi en Jésus-Christ en leur montrant qu’il est leur nouveau grand-prêtre et le médiateur d’une alliance bien meilleure parce que parfaite. Il leur rappelle que s’ils sont exclus du vieux système lévitique, ils participent désormais à un temple céleste ; s’ils sont privés du sacerdoce d’Aaron, ils possèdent un grand-prêtre dans les cieux. L’auteur organise son argumentation autour du Christ céleste, de la vocation céleste, du don céleste, d’une patrie céleste, de la Jérusalem céleste et de leurs noms écrits dans les cieux. Sous la Nouvelle Alliance, tout est nouveau et bien supérieur à l’Ancienne Alliance, celle de la loi de Moïse. À un moment donné de son discours, l’auteur dit :
Voici le point capital de ce que nous sommes en train de dire : nous avons bien un grand-prêtre comme celui-ci, qui siège dans le ciel à la droite du trône du Dieu suprême (Hébreux 8.1).
Voilà qui résume bien l’épître aux Hébreux. Notre grand-prêtre est Jésus-Christ et il est assis, parce que son œuvre est totalement achevée pour tous les croyants de tous les temps.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.