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05 déc. 2025

Hébreux 12.6-11

Enfant, dès que je rentre de l’école communale, je bâcle les devoirs afin d’aller voir les copains le plus vite possible. Entre jouer aux cartes et tirer les moineaux et les lézards au lance-pierres, je n’ai pas beaucoup de temps pour préparer les interrogations écrites ce qui fait que parfois, je me paye des gros cartons. Alors quand je ramène le carnet de notes à la maison, je me prends une grosse lessivée. Évidemment, mes parents ne s’intéressent pas aux résultats des copains mais seulement aux miens parce que je suis leur fils.

Je continue de lire dans le chapitre 12 de l’épître aux Hébreux.

Car le Seigneur corrige celui qu’il aime : il châtie tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils. Supportez vos souffrances : elles servent à vous corriger. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est le fils que son père ne corrige pas ? Si vous êtes dispensés de la correction qui est le lot de tous les fils, alors vous êtes des enfants illégitimes, et non des fils (Hébreux 12.6-8).

Celui qui prend un coup de trique qui vent d’En-Haut sait par-là que Dieu l’aime et qu’il lui appartient. En effet, comme le Père céleste ne désire que le bien de ses enfants, tout ce qui leur arrive témoigne de son amour pour eux. Je sais bien que ce n’est pas évident surtout qu’au moment où je dis cela, il m’arrive des ennuis en séries. Mais il faut comprendre que Dieu œuvre dans la vie des croyants afin qu’ils grandissent dans la foi et atteignent la maturité spirituelle dans leur conduite personnelle jusqu’à ce qu’ils manifestent ce que l’apôtre Paul appelle « les fruits de l’Esprit » et qui sont « l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Galates 5.22-23). Plus un croyant est enraciné et fondé dans l’amour de Dieu (comparez Éphésiens 3.17), et plus il est capable, au-delà de ses circonstances, de voir l’amour du Père céleste pour lui.

« Dieu châtie tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils ». Tous les enfants de Dieu mais eux seuls ont droit de temps en temps à des coups de bâton de la part de leur Père céleste. Quant aux autres, ceux qui ne lui appartiennent pas, ils ne sont pas corrigés, par contre ils seront jugés, soit déjà ici-bas, soit dans l’Au-delà.

Le mot pour « châtie » (mastigoô) veut littéralement dire « donner des coups de fouets, flageller », ce qui d’antan est une pratique courante chez les Juifs (Matthieu 10.17 ; 23.34). Cette punition sévère est très douloureuse, cependant, selon la sagesse dispensée par le livre des Proverbes :

Les coups de bâton et les réprimandes produisent la sagesse, mais un enfant livré à lui-même fera la honte de sa mère (Proverbes 29.15). Et encore : Qui refuse de châtier son fils ne l’aime pas ; celui qui l’aime le corrigera de bonne heure (Proverbes 13.24 ; comparez Proverbes 23.13-14).

C’est probablement de cette sentence que vient le dicton populaire : « Qui aime bien, châtie bien ».

Quand l’auteur dit : « Quel est le fils que son père ne corrige pas », il se place selon la perspective traditionnelle de la culture juive où tout père digne de ce nom corrige ses enfants pour leur bien afin de les remettre sur le droit chemin ou sur les rails quand ils s’en écartent. Mais de nos jours, dans notre culture dépravée, qui ose encore dire « non » à ses enfants ? Alors faut-il vraiment s’étonner si brûler les bagnoles est devenu l’un des passe-temps favoris des jeunes ? En définitive, la faute remonte et incombe aux parents.

Notre problème vient du fait que nous faisons dorénavant partie d’une société postindustrielle où l’information règne en maître suprême sans pour autant connecter les gens entre eux, vu qu’au 21e siècle, la solitude est toujours un fléau majeur. La faute est due à la disparition de notre capital social et des villages d’antan où tout le monde se connaît et se fréquente bon an mal an. De plus, les valeurs traditionnelles que nous avons héritées de notre culture judéo-chrétienne, les principes moraux comme l’honnêteté, la responsabilité, le service gratuit, le goût du travail bien fait, la notion du bien et du mal, qui étaient les points de référence de nos aïeux, ne sont plus enseignées, parce que dit-on : « Ça fait vieux jeu ». C’est grave parce que les valeurs chrétiennes constituent l’huile des relations humaines et leur mise en pratique engendre la confiance et la bienveillance des personnes entre elles, ce qui facilite grandement notre vie en groupe. Jusqu’à ce que cette déstructuration de la société ne se produise, les gens baignent dans une vie communale qui consiste en réseaux denses de relations où les individus sont liés les uns aux autres par un tissu de dépendances mutuelles, constitué d’obligations morales et informelles, souvent tacites mais bien réelles et qui touchent tous les aspects de la vie (Gemeinshaft).

Enfant, je dois faire attention à ma conduite non seulement devant mes parents mais aussi devant les voisins, car ils ont parfaitement le droit de me remonter les bretelles. Les gens se mêlent alors peut-être un peu trop des affaires des uns et des autres, mais les garnements sont considérés comme la responsabilité de la communauté ou du village. Aujourd’hui, si on brûle une voiture en bas d’une tour, chacun s’assure seulement que ce n’est pas la sienne parce que celle du voisin, au mieux on s’en fout et au pire on dit : « C’est bien fait pour sa gueule ». La délinquance est en croissance parce que chacun vit pour soi et on se méfie des autres. Dans tous les domaines de la vie, les relations humaines se sont affaiblies et la famille qui en tant qu’institution est l’ancre de la société, part, elle aussi, en déconfiture. Les croyants doivent désormais élever leurs enfants dans un monde qui n’a plus de référence, et une fois devenus grands, si les enfants n’ont pas un fondement personnel solide en Jésus-Christ et dans la Parole de Dieu, ils partent à la dérive.

Au début du 20e siècle, les philosophes Nietzsche et Heidegger ont répandu le relativisme, la croyance qu’il n’y a pas de base rationnelle qui justifie les jugements moraux. Selon cette optique, les règles de vie de nos ancêtres ne sont qu’une construction sociale arbitraire fondée sur la culture ; tout est relatif puisque la conduite morale n’existe pas. En toute logique, ce relativisme a créé la seule vertu morale acceptable : la tolérance tous azimuts. « Il ne faut pas juger » est le nouvel évangile qui est répandu partout dans les écoles et les foyers et qui est au tout premier rang du nouveau patrimoine social du monde moderne.

Cette tolérance aveugle produit la notion d’absence de limites dans tous les domaines de la vie. Le concept directeur « Je fais que ce qui me plaît, quand je veux et comme je veux » est sans doute utile pour l’innovation technologique, mais c’est une catastrophe, car dans les relations individuelles, familiales et sociales, il conduit à une insatisfaction permanente.

Alors que les choix individuels ont considérablement augmenté, les liens humains avec leurs obligations sociales ont fortement décru. Aujourd’hui, on ne tolère plus les engagements contraignants du mariage, ni celui des devoirs envers la famille et envers la société. Tout le monde aspire à l’ordre social et désire la convivialité entre les hommes, mais sans la moindre perte de la sacro-sainte liberté de faire ce que je veux, comme je veux et quand je veux. L’individualisme est la vache sacrée de la société moderne qui a engendré le consumérisme et l’élévation de l’argent comme valeur suprême parce que justement, il permet de tout acheter.

Les jeunes casseurs ne sont jamais que le symptôme d’une maladie grave qui afflige l’ensemble de la société. La plupart des actes déviants sont commis par les mêmes délinquants parce qu’ils n’ont jamais appris à obéir et à respecter l’autorité, ce qui est pourtant le niveau de base de la maîtrise de soi.

La discipline personnelle est sans doute l’aspect le plus important de l’éducation et il faut la mettre en place très tôt dans la vie de l’enfant. Cette responsabilité incombe d’abord aux parents et ensuite à l’école puis au reste de la société. Mais si père et mère sont absents ou négligents ou eux-mêmes déviants, personne n’osera prendre leur relais afin que les enfants apprennent le respect d’autrui et de l’autorité.

Les cultures asiatiques qui mettent en avant l’importance du groupe et de la famille, et qui prônent la valeur du travail et de l’éducation, ont bien moins de problèmes de délinquance que les sociétés occidentales. De plus, les enfants qui sont issus d’un milieu doté d’une forte tradition culturelle font les meilleurs élèves.

« Un enfant livré à lui-même fait la honte de sa mère », dit le sage dans le livre des Proverbes (29.15). Tout comme un cheval fougueux, les enfants ont besoin d’être tenus en laisse et qu’on leur balise le chemin qu’ils doivent suivre. Cela est possible s’ils participent régulièrement à des activités de groupe comme l’école, l’église, les clubs, et si les normes sociales sont maintenues et renforcées à la fois par les familles et par toute la communauté. Si les adultes d’un quartier se font confiance et se sentent la liberté d’intervenir auprès des enfants du voisinage, ces derniers apprennent le respect de l’autorité, et au lieu de brûler des voitures ou de casser des vitrines, très tôt, ils font de bons citoyens.

Parmi les limites de comportements qu’il est nécessaire d’imposer à l’enfant, trois sont fondamentales. Il s’agit de tout acte qui est déshonnête, déshonorant, ou désobéissant. Ces trois actes doivent être réprimés sur-le-champ, parce que la déshonnêteté, c’est-à-dire la tromperie ou le mensonge, trahit la confiance qui est à la base de la relation intime ; la désobéissance viole la loi qui est le fondement de la vie sociale ; et le manque de respect bafoue l’autorité qui est le support de l’ordre social.

Un jour dans mes lectures, j’ai découvert la recette qui permet à coup sûr de faire d’un enfant un délinquant pur et dur, un repris de justice perpétuel. Je l’ai améliorée et je la partage avec vous.

Dès son plus jeune âge, accordez à l’enfant tout ce qu’il désire. En grandissant, il s’imaginera que c’est à la société de pourvoir à tous ses besoins.

Quand il use de propos vulgaires, riez. Il se croira très malin et cela l’encouragera à enrichir son vocabulaire de grossièretés toujours plus choquantes qui, par la suite, vous feront dresser les cheveux sur la tête.

Ne lui donnez jamais d’éducation religieuse ; attendez qu’il soit majeur. Alors, il sera en mesure de décider pour lui-même et de vous rire au nez.

Évitez d’utiliser le mot mal ou faux dont l’emploi risquerait de créer chez l’enfant un complexe de culpabilité et tourmenterait plus tard sa conscience lorsqu’il sera arrêté pour vol de voiture.

Ramassez tout ce qu’il laisse traîner : livres, chaussures, vêtements. Faites tout à sa place pour qu’il s’habitue à ce que les autres fassent tout pour lui.

Ne l’empêchez pas de lire tout ce qui lui tombe sous la main. Veillez à ce que l’argenterie et les verres soient soigneusement nettoyés, mais laissez l’esprit de l’enfant se nourrir d’obscénités.

Disputez-vous fréquemment en présence de vos enfants. Ainsi, ils ne recevront pas un trop grand choc plus tard quand vous divorcerez.

Donnez à l’enfant tout l’argent de poche qu’il désire. Ne lui permettez jamais de travailler pour l’obtenir. Pourquoi aurait-il la vie aussi difficile que vous l’avez eue ?

Accordez-lui tout ce dont il a envie dans tous les domaines et procurez-lui tout le confort qu’il réclame. Assurez-vous que tous ses désirs sensuels soient satisfaits. Un refus pourrait susciter en lui un sentiment regrettable de frustration.

Donnez-lui systématiquement raison contre les voisins, les professeurs, la police parce qu’il est évident que tous lui sont hostiles.

Lorsqu’il lui arrive de graves ennuis, tranquillisez votre conscience en vous disant : « Je n’ai jamais pu faire quoi que ce soit de cet enfant ! » Préparez-vous à une vie de chagrin ; vous l’aurez bien méritée.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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