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Jacques 3.1-8
Enfant, je vais souvent à la pêche avec mon père. Je me souviens qu’une fois il a attrapé un hotu, un poisson plein d’arêtes, et il s’envoyait mille misères avec le dégorgeoir pour enlever l’hameçon parce qu’il était accroché au fond de sa gorge. Devant ce triste spectacle, je m’exclame : « Pauvre poisson ! » Alors, sur un ton agacé, mon père répond : « Il n’avait qu’à garder sa bouche fermée ». Cette histoire est très symbolique parce que dans le livre des Proverbes, le sage dit :
Le sot lui-même passe pour sage s’il sait se taire ; qui tient sa bouche close est intelligent (Proverbes 17.28).
Je commence maintenant de lire le chapitre trois de l’épître de Jacques.
Mes frères, ne soyez pas nombreux à enseigner ; vous le savez : nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement (Jacques 3.1).
Comme je l’ai déjà dit, « Mes frères » est un terme d’affection, mais qui sert également de transition. Jacques change de sujet et passe de l’obligation pour le croyant de produire des œuvres dignes de la foi, à la nécessité de maîtriser sa langue. Il s’adresse premièrement à ceux qui enseignent afin qu’ils examinent leur motivation. Il vise évidemment les faux frères de tout poil et pas ceux qui ont vraiment reçu de Dieu le ministère de la Parole comme les apôtres, les prophètes et d’autres qui sont qualifiés pour enseigner. À ce sujet, dans sa première lettre à Timothée, l’apôtre Paul écrit :
Celui qui aspire à être un dirigeant dans l’Église désire une belle tâche. Cette parole est certaine (1Timothée 3.1).
Oui, mais seulement dans la mesure où ce responsable remplit un certain nombre de conditions qui sont énumérées dans les deux lettres à Timothée (comparez 2Timothée 2.15 ; 1Timothée 4.6-16).
Au premier siècle, beaucoup d’enseignants recherchent avant tout l’admiration et le prestige dont le peuple gratifie les rabbins. Il faut dire que dans certains milieux juifs, prendre un rabbin chez soi et pourvoir à tous ses besoins est considéré comme le geste de piété par excellence. Alors bien sûr, ils profitent de l’estime que leur vouent les Juifs pour mener grande vie. Bien qu’ils soient supposés travailler et ne pas être rémunérés pour leurs services, les rabbins acceptent sans trop se faire prier de vivre aux crochets de leurs fidèles.
À cette époque aussi, les réunions d’église se déroulent comme dans les synagogues. On donne toute latitude à quiconque et même aux étrangers de passage de prendre la parole. L’apôtre Paul profite souvent de cette courtoisie offerte aux visiteurs (Actes 13 ; 14.1 ; comparez Luc 4.15-21, 31 ; Matthieu 4.23 ; 9.35). D’ailleurs, c’est dans ce contexte que dans sa première épître aux Corinthiens, il écrit :
Lorsque vous vous réunissez, l’un chantera un cantique, l’autre aura une parole d’enseignement, un autre une révélation ; celui-ci s’exprimera dans une langue inconnue, celui-là en donnera l’interprétation ; que tout cela serve à faire grandir l’Église dans la foi (1Corinthiens 14.26).
La possibilité ouverte à tous de parler, entraîne des abus et beaucoup en profitent pour se mettre en valeur.
Jacques avertit donc ceux qui veulent enseigner de ne pas prendre la Parole de Dieu à la légère, mais de la dispenser avec le plus grand sérieux (comparez Hébreux 13.17). Si le mauvais usage de sa langue dans les conversations banales est déjà grave, utiliser la Parole de Dieu en public pour se mettre en avant et se dorer le blason, est bien pire.
Les épîtres du Nouveau Testament montrent bien que les faux enseignants qui se sont introduits dans les églises, sont nombreux et dangereux (1Timothée 1.3, 7 ; 6.3-5 ; Tite 1.11 ; 2Pierre 2.1-3). A ce sujet, Jésus a donné des avertissements sévères et même terrifiants aux Pharisiens et aux spécialistes de la loi (Matthieu 23.1-36) parce que quand ils enseignent, leur motivation est de se faire voir et admirer aux yeux du peuple.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.