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Job 11.1 – 13.12
Je suppose que nous avons tous fait cette expérience profondément satisfaisante de découvrir que les faits nous donnent raison. Il n’y a pas très longtemps et concernant un point particulier, mon entourage a été obligé de reconnaître que ma façon de voir était la bonne. Je me suis alors senti pousser des ailes et grandir de deux mètres par rapport à ceux qui avaient émis une opinion différente de la mienne. Malheureusement, cette expérience euphorique ne fait pas partie de mon quotidien et bien des fois je n’arrive pas à réconcilier ce que j’expérimente avec ce que je crois. Je suis alors confronté à un état de dissonance intérieure que je veux corriger le plus rapidement possible parce qu’il crée en moi un malaise. Or, la meilleure façon de résoudre ce problème est de changer d’optique pour qu’il adhère à la réalité.
Dans le livre de Job, ce héros malgré lui est écartelé entre deux tendances opposées. Dans le meilleur de ses mondes et tant qu’il n’y avait pas d’ombre au tableau, il croit que l’Éternel est parfaitement juste, qu’il punit les hommes vils et bénit ceux comme lui qui sont droits comme un i. Mais maintenant que tous les malheurs possibles et imaginables se sont abattus sur lui, il oscille entre la vision qu’il avait auparavant de Dieu et les faits qui semblent indiquer que l’Éternel est une sorte de tyran qui prend plaisir à lui faire du mal. Il n’arrive pas à se défaire de cette contradiction et ces doutes qui l’assiègent ajoutent à ses souffrances. Comme je l’ai dit, au fond, Job partage le point de vue des trois premiers amis qui parlent tour à tour et qui considèrent que la souffrance fait partie d’une logique cause-effet réglée comme du papier à musique. Les malheurs sont le résultat direct et incontournable d’un châtiment divin mérité pour une faute. Cette fausse croyance conduit Job à accuser Dieu d’injustice, mais en épousant cette vue, tout son monde s’écroule et le pauvre homme expérimente alors un désarroi intérieur épouvantable qui le fait chercher Dieu avec l’énergie du désespoir. Job prend Dieu à parti, le sommant de venir s’expliquer, ce qui prouve au moins qu’il ne l’a pas vraiment renié et que tel le naufragé qui s’accroche de toutes ses forces à un bout d’épave, il espère encore qu’il existe une autre explication des malheurs qui l’ont frappé. Deux de ses amis se sont déjà adressés à lui pour le sermonner sans ménagement. Éliphaz le premier, a parlé au nom de l’expérience. Bildad, le second, est un traditionaliste qui considère que le passé donne la clé du présent et de l’avenir. Tsophar, le troisième larron à entrer en scène, est un légaliste. Il met l’accent sur les lois naturelles qui gouvernent l’univers et son dogmatisme va lui servir de massue pour assommer le pauvre Job. En définitive, et à quelques nuances près, ces trois amis s’accordent pour dire que Job est un très grand pécheur devant l’Éternel, ce qui ne lui ait évidemment d’aucun secours, bien au contraire.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.