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Juges 19.1 – 21
Quand on descend une pente raide en luge, à ski, en courant ou en roulade, plus on va vite et moins on contrôle la situation. Par contre, il est facile de se laisser aller mais alors bonjour les dégâts. Eh bien c’est pareil au niveau moral et le livre des Juges en est la démonstration. Avec les derniers chapitres, on avance toujours plus loin dans l’horreur car de l’apostasie spirituelle dont il a été question jusqu’à présent, on passe maintenant à la décadence morale totale. Le pire dans tout ça est que dans la réalité historique de la période des Juges, la déchéance morale a commencé très tôt et fut suivie, plutôt que précédée, par l’apostasie spirituelle. C’est pareil pour les croyants, ils commencent par flirter avec le péché et ensuite, ils quittent l’église et coupent les ponts avec le christianisme biblique. L’histoire racontée au chapitre 19 des Juges a eu lieu non pas des lustres après l’installation d’Israël dans le pays de Canaan, mais peu de temps après la disparition de Josué. Cela ressort du fait que premièrement, c’est Phinées, fils d’Éléazar, qui est le grand-prêtre (Juges 20.28), or son père était contemporain de Josué. Deuxièmement, on constate qu’un lien étroit unit encore les tribus (Juges 19.29; 20.1; 21.3) ce qui n’existe déjà plus au temps du juge Débora. Je lis le chapitre 19 en compressant.
À cette époque où il n’y avait pas de roi en Israël, un lévite qui résidait dans l’arrière-pays de la région montagneuse d’Éphraïm prit pour épouse de second rang, une femme de Bethléhem en Juda. Mais celle-ci se livra à la prostitution et le quitta pour retourner chez son père. Son mari alla la trouver pour lui parler et la persuader de revenir chez lui. Ils partirent et arrivèrent près de Guibea, une ville de la tribu de Benjamin, quand le soleil se couchait. Le lévite entra dans la ville et s’arrêta sur la place, mais personne ne leur offrit l’hospitalité pour la nuit dans sa maison. Finalement, un vieillard rentra tard dans la soirée de son travail des champs. Il dit alors : La paix soit avec toi ! Sois le bienvenu ! Laisse-moi pourvoir à tous tes besoins, tu ne vas pas passer la nuit sur la place. Pendant qu’ils se donnaient du bon temps, des hommes de la ville, une bande de vauriens, encercla la maison. Ils frappaient violemment à la porte et criaient au vieillard, propriétaire de la maison : Fais sortir l’homme que tu as reçu chez toi pour que nous en jouissions. Le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes amis, ne commettez pas de mal, je vous prie ! Puisque cet homme est l’hôte de ma maison. Écoutez : j’ai une fille qui est encore vierge, l’homme a une épouse de second rang avec lui, je vous les amènerai, vous pourrez en disposer et les traiter comme vous jugerez bon. Mais ne commettez pas une action si infâme envers cet homme. Alors le lévite prit son épouse et la fit sortir vers eux. Ils la violèrent et abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin. Le matin venu, son mari se leva, ouvrit la porte de la maison et sortit pour continuer son voyage, quand il vit cette femme, affalée à l’entrée de la maison, il lui dit : Lève-toi et partons ! Mais il n’y eut pas de réponse. Alors le mari la chargea sur l’un de ses ânes et se remit en route pour rentrer chez lui. Arrivé dans sa maison, il saisit un coutelas, prit le corps de la femme et le découpa membre par membre en douze morceaux, qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël. À tous ceux qui voyaient cela, les émissaires demandaient : A-t-on jamais vu un crime aussi horrible depuis que les Israélites sont sortis d’Égypte ? Réfléchissez, consultez-vous, et prenez une décision ! (Juges 19.1-30).
Les Benjaminites sont aussi dégénérés que les Cananéens, non, ils sont pires. Déjà, ils ont failli au devoir sacré de l’hospitalité et ils ont méprisé la dignité du lévite. Mais le pire c’est que l’homosexualité est devenue rampante. Le scénario a des relents de ce qui s’est passé à Sodome (Genèse 19.6) qui fut détruite en partie à cause de ces pratiques contre nature. Le caractère sordide de l’épisode est accru par le fait que deux hommes livrent cyniquement deux femmes aux pires supplices pour sauver leur honneur; ça se passe de commentaires. L’envoi du corps dépecé aux douze tribus est la preuve qu’un fort sentiment d’unité existe encore. C’est à Israël en tant que nation que ce lévite en appelle pour venger le crime de l’un de ses membres. Sous le roi Saül, ce sont les morceaux d’un boeuf qui sont envoyés aux 12 tribus pour leur signifier qu’ils doivent partir en guerre ou voir leurs animaux subir le même sort (1Samuel 11:7).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.