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Lévitique 16.35 – 17.14
Une fois qu’on s’est habitué à une idée, elle fait partie de notre environnement, de notre espace de vie, et il devient difficile de s’en détacher. Or, il existe d’innombrables idées reçues qui sont fausses mais qui persistent parce qu’on leur a donné leur propre réalité. Par exemple, il bien connu que selon les Textes Sacrés, les chrétiens doivent jeûner périodiquement parce que c’est un acte d’humiliation. Eh bien pas du tout ! En réalité, cette ordonnance n’apparaît nulle part dans la loi de Moïse. On peut tout au plus la déduire de l’expression « vous humilierez vos âmes » qui se trouve plusieurs fois dans les Ecritures mais uniquement en relation avec le Jour du Grand Pardon ou « Iom Kippour ». Je rappelle le passage dans le chapitre 16 du Lévitique :
Le dixième jour du septième mois vous humilierez vos âmes et vous ne ferez aucun travail ce jour-là, aussi bien les autochtones que les étrangers résidant au milieu de vous. Car en ce jour-là, on accomplira le rite d’expiation pour vous afin de vous purifier de toutes vos fautes ; ainsi vous serez purs devant l’Éternel (Lévitique 16.29-30).
Le septième mois du calendrier juif était celui de la clôture à la fois des récoltes et des fêtes de toute l’année religieuse. C’était également le premier mois de l’année politique. L’ordre très solennel « vous humilierez vos âmes » est un appel à la contrition et il semble aussi que c’était le seul moment de l’année où les Hébreux sortis d’Egypte jeûnaient. Plus tard, une fois que les Israélites furent installés en Palestine, le jeûne devint une pratique courante mais toujours en temps de grande détresse et en signe d’humiliation personnelle ou nationale. Mais pour que cette pratique revête une quelconque valeur aux yeux de Dieu, il faut bien qu’elle soit associée à une disposition intérieure de profonde repentance. Le Jour du Grand Pardon est donc la seule circonstance dans l’Ancien Testament ou l’ordre de jeûner est implicite. Par contre les commandements de s’humilier et de respecter le Sabbat était eux très explicites, et un châtiment sévère, mentionné plus loin, menaçait ceux qui violeraient cet ordre. Je les cite :
Toute personne qui ne s’humilierait pas en ce jour-là sera exclue de son peuple. Et j’en ferai moi-même disparaître celui qui fera un travail quelconque ce jour-là. (Lévitique 23.29-30).
L’Israélite qui choisirait de ne pas se soumettre à ces ordonnances, montrerait par là qu’il témoigne un profond mépris pour le Jour du Grand Pardon et envers l’Eternel ce qui serait un crime de lèse majesté et une faute « à main levée » punissable de mort. En ce Jour solennel, Dieu pardonnait toutes les fautes à son peuple suite à l’obéissance du grand-prêtre souverain sacrificateur qui accomplissait les rites prescrits par la Loi. Ceux-ci incluaient bien sûr des sacrifices d’animaux qui devaient mourir afin que les Israélites puissent vivre.
Le chapitre 16 qui décrit le Jour du Grand Pardon est le point d’orgue du livre du Lévitique. Les cérémonies cultuelles de ce jour solennel avaient non seulement un objectif purificateur mais elles enseignaient également la sainteté de l’Eternel, la gravité des fautes du peuple et la nécessité de rompre avec toute forme du mal. Le « Iom Kippour » ne manquait pas de produire chez les Israélites fidèles un profond sentiment de crainte respectueuse à l’égard de Dieu. Le système lévitique était un moyen de grâce donné par l’Eternel, mais ses imperfections sont si évidentes qu’elles devaient être douloureusement ressenties déjà à cette époque par le peuple et par Moïse lui-même. Le sang des victimes animales avait beau être porteur de vie, celle-ci ne peut pas être envisagée comme équivalente à une vie humaine. Il est manifeste que cette façon de couvrir les péchés et d’épargner la vie des Israélites ne pouvait être acceptable que pendant un temps limité. L’éloignement du péché hors du camp par l’intermédiaire du bouc émissaire était purement symbolique et non une réalité comme sous la Nouvelle Alliance. Toutefois et malgré ses imperfections, la loi de Moïse avait son utilité pratique car elle permettait à l’Eternel qui l’avait instituée et agréée, d’accorder sa miséricorde à un peuple entaché de péché. Ce système lourd et contraignant fait pressentir et désirer un autre moyen de salut plus simple et surtout parfait, et qui atteindra les racines du mal pour les détruire. Cette nouvelle médiation ne sera pas une institution, un rite, un symbole, mais un acte divin unique qui n’aura jamais besoin d’être répété année après année comme le Grand Jour du pardon et qui sera efficace pour l’éternité. Zacharie, l’un des derniers prophètes de l’Ancien Testament, avait déjà entrevu le nouveau moyen de salut de Dieu, lorsqu’il annonça au grand-prêtre Josué qu’il était le précurseur du serviteur de l’Éternel qui devait paraître et dont l’œuvre sera : « en un jour j’ôterai l’iniquité du pays »(Zacharie 3.8,9).
Le contraste entre le « Yom Kippour » et l’œuvre de Jésus-Christ est admirablement décrit et développé dans l’Épître aux Hébreux du Nouveau Testament. Son auteur montre que le grand-prêtre de l’Ancienne Alliance doit offrir du sang d’abord pour lui-même, qu’il a un accès très limité à l’Eternel, que les actes qu’il accomplit sont purement rituels et doivent être répétés chaque année (Hébreux 9.7,8. 25). Il n’en est pas du tout ainsi de Jésus; l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : Il a pénétré une fois pour toutes dans le sanctuaire ; il y a offert, non le sang de boucs ou de veaux, mais son propre sang. Il nous a ainsi acquis un salut éternel. Ce n’est pas dans un sanctuaire construit par des hommes, simple image du véritable, que le Christ est entré : c’est dans le ciel même, afin de se présenter maintenant devant Dieu pour nous (Hébreux 9.12,24). Le Seigneur est entré dans la sainte présence de Dieu; il a ouvert la porte pour ainsi dire, parce qu’il a accompli la purification complète des péchés pour toujours. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : Il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur d’un salut éternel (Hébreux 5.9). Quiconque lui fait confiance obtient le salut éternel. Jésus est à la fois la victime qui expie le péché, et le grand-prêtre qui offre le sacrifice et entre dans le Lieu très saint. Jésus est aussi le bouc émissaire qui emporte les péchés des croyants, dans le désert où ils disparaissent à tout jamais. Mais pour bénéficier du salut offert par Dieu, il est nécessaire de s’humilier devant Lui, non pas rituellement, mais de cœur.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.