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23 nov. 2022

Luc 1.1-17

Il existe des gens qui sont particulièrement doués et qui pourtant, ne font ni vagues ni quoique ce soit qui puisse attirer l’attention. De ce nombre est Luc : Grec de naissance, éminent médecin et historien accompli, on ne parle guère de lui, et pourtant il a écrit deux ouvrages conséquents puisqu’ils représentent 28 % du Nouveau Testament. Homme effacé et discret, son nom ne figure dans aucun de ses écrits, par contre, il apparaît à plusieurs reprises dans les lettres de l’apôtre Paul, qui l’appelle le médecin bien-aimé (Colossiens 4.14). Et en effet, Luc utilise davantage de termes médicaux qu’Hippocrate, le père de la médecine.

 

Luc et Paul sont tous deux d’une grande intelligence et ont reçu une éducation de premier plan. Ils sont également très agiles dans le maniement de la langue grecque avec cependant un plus pour Luc. Ces deux hommes voyagèrent ensemble et devinrent de grands amis. Luc était un scientifique, mais aussi un artiste et un poète, et on lui attribue d’admirables chants de Noël. Fin limier, Luc mène l’enquête et fait des recherches rigoureuses afin d’étayer tout ce qu’il couche sur le parchemin. Il semble en effet qu’il écrit son évangile pour corriger les histoires fantasmagoriques qui circulent concernant la personne de Jésus-Christ que lui-même n’a pas connu. Il s’informe donc auprès de témoins oculaires afin que son récit de la vie, l’œuvre et l’enseignement de Jésus soit précis et vérifiable. Selon la tradition, Luc a écrit l’évangile en se plaçant du point de vue de Marie, mère de Jésus qu’il semble connaître. En effet, lui seul nous donne quelques détails sur la jeunesse de Jésus. Il semble aussi, que Luc a une entrée libre à la cour du roi d’Hérode, vassal de Rome, peut-être en tant que médecin. En tout cas, ça lui a permis d’y puiser des informations, des noms de personnages et les dates qui entourent la vie de Jésus. D’un point de vue historique, l’évangile de Luc est le plus complet. Il fait référence à des institutions, des coutumes, et à des détails géographiques de cette époque qui n’apparaissent pas ailleurs. Luc a le constant souci d’enraciner les événements qu’il rapporte dans l’histoire de son temps, ce qui confère à ses écrits une crédibilité que même les plus vicieux ennemis du christianisme ont du mal à réfuter.

 

À la fin du 19e siècle, un vague d’incrédulité balaie l’Europe, puis le 20e siècle voit l’apparition d’un très grand scepticisme qui pousse un nombre croissant d’érudits à mettre en doute l’historicité des textes bibliques. Parmi eux se trouve un jeune Anglais, très brillant de Cambridge du nom de William Ramsay. Ayant étudié les Écritures, il connaît bien les écrits de Luc : l’évangile et le livre des Actes qui racontent, l’un la vie de Jésus et l’autre, les voyages missionnaires de l’apôtre Paul. Ramsay sait aussi que Luc dit s’être basé sur des faits réels, mais que la plupart des historiens font des erreurs ou trompent le monde. Il entreprend donc de prouver que l’ensemble des Textes Sacrés n’est pas crédible. Dans cet optique, il va en Asie Mineure, la Turquie actuelle, comme archéologue et avec l’intention expresse de démolir les fondements historiques des écrits de Luc. Après de fastidieuses recherches, il ne peut atteindre son objectif premier et vient même à conclure que Luc est un historien sérieux et digne de fois, suite à quoi, Ramsay se convertit à Jésus-Christ.

 

Luc s’adresse aux intellectuels païens de son temps qui vivent dans un monde où règne une grande confusion religieuse. Le 5e siècle av. J-C est l’âge d’or du génie grec dans le monde antique; c’est à cette époque qu’apparaît Périclès (495-429), grand stratège et chef d’État. Il porte à son zénith la puissance navale et coloniale d’Athènes, et c’est lui qui construit le Parthénon et donne à la démocratie athénienne ses lettres de noblesse. La civilisation grecque tente alors de créer l’homme parfait, ce qu’on découvre dans l’art et la littérature de cette époque. Les Grecs recherchent l’idéal, le parfait, l’universel dans tous les domaines de la vie, que ce soit la beauté physique ou la forme de gouvernement. Ils déifient l’homme avec ses nobles qualités mais aussi avec ses passions dégradantes. Les statues magnifiques d’Apollon ou de Vénus contrastent avec les le paganisme oriental grotesque. Cependant, les dieux grecs ont les mêmes tares que les hommes, comme Bacchus, le dieu du vin et de la bonne chère.

 

Dans la deuxième moitié du 4e siècle avant Jésus-Christ, Alexandre le Grand prend en main le monde grec; c’est lui qui répand sa culture, sa langue et sa philosophie, dans tous les pays qu’il conquiert. Il s’empare de l’Égypte et y fonde Alexandrie, ville dans laquelle l’Ancien Testament est traduit en grec; c’est la version Septante. A posteriori, il semble que les succès militaires d’Alexandre le Grand sont providentiels, on dirait même voulus d’En-Haut. En effet, ses conquêtes faciliteront beaucoup la propagation de l’Évangile. Le Nouveau Testament est écrit en grec et peut donc se répandre dans tout l’empire romain et au-delà jusque dans les territoires les plus éloignés qui sont passés sous la botte d’Alexandre le Grand suffisamment longtemps pour adopter la langue et culture grecques. Ensuite vient l’empire romain qui construit les fameuses voies romaines pour déplacer ses légions. Enfin, quand tout est prêt, Jésus apparaît puis Luc son messager. Il s’adresse à ses concitoyens, des gens sophistiqués et bien éduqués qui demandent des preuves. Dans son évangile, Luc poursuit deux grands objectifs. D’une part, il présente Jésus comme l’homme parfait à tout point de vue. En cela, il introduit aux Grec, l’homme idéal qu’ils recherchent. En second lieu, Luc écrit à Théophile, un illustre inconnu mais un personnage de haut rang social devenu chrétien, dans le but d’affermir sa foi en prouvant que tout ce qui entoure la personne du Christ est ancré dans des faits historiques incontestables. En lisant les écrits de Luc, on constate assez rapidement qu’il s’adresse surtout et d’abord aux païens, à ceux qui ne sont pas de la race d’Israël. Premièrement, il explique où se trouvent certaines localités juives que tous les Juifs connaissaient, mais qui sont inconnues des païens, et il met davantage l’accent sur l’universalité du message de la Bonne Nouvelle de Jésus que les trois autres évangiles, soulignant à plusieurs reprises que les païens ont eux aussi part aux bénédictions du Messie. Deuxièmement, Luc remonte la généalogie de Jésus jusqu’à Adam, le premier homme, et non pas jusqu’à Abraham, l’ancêtre des Israélites, comme le fait Matthieu qui s’adresse plus spécialement aux Juifs. Luc veut montrer que Jésus est le sauveur de toute l’humanité et pas seulement des Israélites. Il présente le Fils de Dieu dans sa divinité et sa perfection, comme notre grand-prêtre, qui ému par nos infirmités, accorde son aide, sa miséricorde et son amour à tout être humain. Luc a toujours à l’esprit les non-Juifs que nous sommes pour la plupart, et donc les Gaulois et les Francs, et on peut lui dire un grand merci.

  • Le premier but de Luc est de présenter Jésus en tant que Fils de l’homme, qui a mené une vie parfaite à tout point de vue.

 

Deuxièmement, il veut montrer que Jésus est le Sauveur de toute l’humanité et pas seulement des Juifs.

 

Troisièmement, il situe la naissance de Jésus ainsi que la prédication de Jean-Baptiste par rapport à des empereurs romains ce qui serait scandaleux dans la perspective juive.

 

Quatrièmement, il utilise un langage qui est plus familier aux païens qu’aux Juifs.

 

Cinquièmement, lorsqu’il cite l’Ancien Testament, il utilise la version Septante qui est la traduction grecque du texte  hébreu.

 

Sixièmement, il fait très peu mention des prophéties accomplies par Jésus parce qu’elles ne font pas partie de la vision du monde des païens.

 

Par contre sur les 20 miracles de Jésus qu’il rapporte, six ne se trouvent pas dans les autres évangiles. Même chose avec les paraboles : sur les 23 qu’il présente, 18 lui sont spécifiques, dont plusieurs très célèbres, comme l’histoire du bon Samaritain et de l’enfant prodigue. Comme les autres évangélistes, Luc organise les différentes périodes de la vie de Jésus à sa manière. Il retient certains faits et en laisse d’autres de côté, toujours dans le but de mettre certaines caractéristiques du Christ en évidence pour ses lecteurs païens.

 

Luc se distingue encore des autres évangélistes sur les points suivants. C’est ainsi qu’il montre un grand intérêt pour les femmes, les enfants, les pauvres et ceux qui sont déclarés « impurs »  au regard de la loi de Moïse, toutes des personnes dont on faisait peu de cas à cette époque. Luc mentionne 10 femmes qui n’apparaissent nulle part dans les autres évangiles; il décrit par exemple, les rôles importants qu’ont joué Élisabeth dans l’enfance de Jean-Baptiste, et Marie dans l’enfance de Jésus-Christ. Luc seul mentionne que des femmes contribuaient au soutien financier de Jésus et de ses disciples. Au 1er siècle, comme aujourd’hui, quelqu’un doit acheter la nourriture et acquitter les factures. Il est bien évident que Jésus n’a besoin de personne; il a changé l’eau en vin, rempli des paniers de pains et des filets de poissons, alors qu’après une nuit de pêche les disciples étaient bredouilles; il a fait en sorte que Pierre prenne un poisson qui avait de l’argent dans sa bouche. Cependant, en tant qu’homme, Jésus a choisi de dépendre des autres au lieu d’apparaître comme un faiseur de miracles. Luc montre que Jésus est autant humain que divin, qu’il est miséricordieux à l’égard de tous, qu’il a autant de considération pour les femmes et les enfants que pour les hommes. Le respect de Jésus à l’égard des femmes a choqué les religieux juifs du 1er siècle. Arrogants au possible, ils ne voient la femme que comme une source d’impureté rituelle.

 

Luc se distingue encore par son insistance sur l’œuvre du Saint-Esprit qu’il mentionne plus souvent que les autres évangélistes. Il lui fait une grande place dans la vie et le ministère de Jésus. C’est ainsi qu’il décrit sept occasions où le Christ prie, qu’on ne trouve pas ailleurs.

 

Par rapport aux autres évangiles, Luc met plus souvent l’accent sur la nécessité pour l’homme de se repentir et d’être pardonné de ses fautes, et c’est vrai pour tout le monde, disciples inclus. Luc parle plus souvent des biens matériels que les autres auteurs du Nouveau Testament. Enfin, il souligne souvent la joie qui accompagne la foi et la vie éternelle. Voilà ! Après cette brève introduction, nous allons faire plus ample connaissance avec Luc, médecin et historien.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 25 2023

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