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Luc 4.3-13
Au collège et en cours d’histoire, il faut mémoriser des tas de dates d’événements importants qui ont marqué un peuple. Or, la plupart du temps il s’agit d’une bataille car la guerre est semble-t-il l’occupation préférée des hommes. Il y a cependant un conflit dont il n’est jamais question dans les livres d’histoire et pourtant, c’est de loin le plus considérable et le plus significatif des combats qui ne s’est jamais déroulé sur terre. Il nous est relaté par Matthieu, Marc et Luc et ses enjeux étaient infinis. Presque tous les jours, chacun d’entre nous doit faire face à diverses difficultés inhérentes à la vie. Tout être humain, qu’il soit chrétien ou pas, est éprouvé. En fait, s’il est croyant, il a des problèmes supplémentaires à cause de sa foi en Jésus-Christ, et il en était d’ailleurs de même d’Israël parce que c’était le peuple choisi. Je lis un passage tiré du dernier livre de Moïse :
N’oublie jamais tout le chemin que l’Éternel ton Dieu t’a fait parcourir pendant ces quarante ans dans le désert afin de te faire connaître la pauvreté pour t’éprouver. Il a agi ainsi pour découvrir tes véritables dispositions intérieures et savoir si tu allais, ou non, obéir à ses commandements (Deutéronome 8.2).
Dans le passage de l’évangile selon Luc qui nous occupe, Jésus a été baptisé par Jean-Baptiste qui l’a présenté au peuple comme le Sauveur, puis le Saint-Esprit le conduit immédiatement dans le désert afin qu’il livre bataille au diable. Il faut bien garder à l’esprit que ce personnage est réel et non pas une influence impersonnelle mauvaise qui serait culturel ou surgirait d’on ne sait où. Les Écritures présentent toujours Satan comme une créature de Dieu. En fait et à l’origine, il était l’ange le plus brillant, le plus beau et le plus glorieux. Le prophète Esaïe l’appelle « astre brillant, fils de l’aurore (Esaïe 14.12) », et le prophète Ezéchiel écrit :
Par ta grande sagesse et ta beauté parfaite, tu étais un modèle de perfection. Tu étais en Eden, dans le jardin de Dieu. Tu étais recouvert de pierres très précieuses de toutes les espèces : rubis, topaze et diamant, chrysolithe et onyx, jaspe, saphir, escarboucle, émeraude. Tes tambourins, tes fifres étaient d’or ouvragé, ils furent préparés le jour même où tu fus créé. Or, je t’avais placé avec un chérubin ayant rôle de protecteur ; c’est pourquoi je t’ai oint sur ma montagne sainte. C’est là que tu étais. Tu allais et venais au milieu de ces pierres aux feux étincelants (Ezéchiel 28.12-14).
Malheureusement, ce chérubin protecteur s’est rebellé contre son Créateur. Ezéchiel écrit :
Tu as été irréprochable dans toute ta conduite depuis le jour où tu as été créé, jusqu’à ce que le mal se soit trouvé chez toi. Ton commerce prospère t’a entraîné à la violence qui a rempli ton cœur. Alors tu as péché, je t’ai mis au rang des profanes en te chassant de ma montagne. [..] De ta grande beauté, tu t’es enorgueilli et tu as laissé ta splendeur pervertir ta sagesse. Je t’ai précipité à terre (Ezéchiel 28.15-17).
C’est ainsi que la plus glorieuse des créatures de Dieu est devenue Satan. Rusé et méchant, il se présente sous bien des aspects; il peut apparaître tel un lion rugissant mais le plus souvent, il se déguise en ange de lumière (2 Corinthiens 11.14) afin de tromper car il est « menteur et père du mensonge (Jean 8.44) » a dit Jésus. Satan est particulièrement actif et à l’aise dans les religions; il fait aussi beaucoup de politique et fréquente donc les palais et les chancelleries dans lesquels il tire les ficelles qui régissent notre monde. Ni vous ni moi ne le rencontrerons en personne parce que nous sommes du menu fretin sans importance pour lui et il n’a pas de temps à perdre car il sait que ses jours sont comptés. Par contre, vous avez de fortes chances de faire connaissance avec l’un de ses nombreux acolytes, en particulier si vous trempez dans l’une des diverses formes d’occultisme.
Maintenant on peut se demander pourquoi Satan s’est attaqué ainsi à Jésus ? La réponse nous est donnée par sa généalogie qui se termine en affirmant que le Christ est Fils de Dieu par Adam, le premier homme. La relation de Jésus avec l’Éternel est évidemment tout ce qu’il y a de plus intime; il est le Fils qui fait toute la joie de son Père, et l’Esprit repose sur Lui. Mais d’un autre côté, en épousant la race humaine, Jésus est fils d’Adam et donc solidaire de l’humanité et en particulier des hommes avec lesquels l’Éternel a établi une alliance : Adam, Noé, Abraham, et David. En Jésus-Christ se concentre tout le dessein de Dieu pour la race humaine. Il n’est donc guère étonnant que le diable ait cherché et cherche toujours à contrecarrer les plans du Seigneur en s’attaquant à Jésus, le second et nouvel Adam. Tout ceci pour dire que la tentation du Christ fut le combat des chefs. D’un côté, Jésus, Dieu fait homme et donc fortement limité, et de l’autre le diable qui a déjà à son actif la rébellion de nos premiers parents. De la même manière qu’il a vaincu Adam et Ève, Satan va attaquer Jésus-Christ qui se présente dans l’arène comme notre champion, le mien et le vôtre. La bataille se présente sous la forme d’une épreuve que les Écritures appellent « la tentation ». Le mot grec ainsi traduit a un double sens, car il veut aussi bien dire « mettre à l’épreuve », que « séduire et inciter à commettre le mal ». Dieu éprouve la foi de quelqu’un dans le but de la fortifier, alors que le diable cherche au contraire, à provoquer sa chute. L’Esprit de Dieu peut donc souverainement m’éprouver en vue de mon bien alors que le diable en profite pour me tenter et de me faire du mal. Jacques, le demi-frère de Jésus, écrit :
Dieu est inaccessible à la séduction du mal, il ne peut donc tenter quiconque (Jacques 1.13).
Dieu a mis Abraham à l’épreuve en lui demandant d’offrir son fils Isaac en sacrifice. La tentation pour lui était alors de désobéir et il avait de bonnes raisons de le faire. Mais il passa l’épreuve avec brio et devint l’exemple type de la foi en Dieu. Je suis personnellement tenté d’enfreindre les commandements de Dieu de mille et une façons et je n’ai pas besoin du diable pour y céder. Il y a en moi quelque chose qui fait que je peux facilement tomber dans les pièges de la vie, mais je n’ai aucunement envie de vous donner des exemples.
Les Textes Sacrés, et le Nouveau Testament en particulier, enseignent que chacun d’entre nous est captif de la chair, c’est-à-dire le désir spontané et impérieux de faire comme bon me semble en faisant fi de Dieu, de ses commandements et de sa volonté (Romains 7.14-23). Nous pouvons nous comparer à un fil de pêche. Si on tire dessus en augmentant sans cesse la tension, tôt ou tard il finit par casser. C’est comme ça qu’on manque de belles pièces à la rivière ou à la mer. Ainsi, quand je suis soumis à la tentation et qu’elle augmente en intensité, je finis par craquer. Il n’en était pas ainsi du Christ, heureusement pour nous. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit :
Jésus est saint, pleinement innocent, indemne de tout péché, séparé des pécheurs et il a été élevé plus haut que les cieux (Hébreux 7.26).
Jésus lui-même a dit à ses disciples :
Le prince du monde vient. Il n’a aucune prise sur moi (Jean 14.30).
Comme le mal ne faisait pas partie de l’expérience personnelle du Christ, il n’offrait pas de porte d’entrée aux assauts répétés du malin. Comme je l’ai dit, ce qu’on a coutume d’appeler « la tentation du Christ » était en réalité une mise à l’épreuve. Dans le monde économique, les nouveaux produits ne sont généralement mis sur le marché qu’après avoir subi une batterie de tests sur un banc d’essai, et été éprouvés dans leur utilisation réelle de tous les jours. Plus un produit résiste à la sévérité des tests qu’on lui applique, meilleure est sa qualité. Le pompier qui doit pénétrer dans un bâtiment en flammes espère que ses vêtements en amiante ont passé avec succès l’épreuve du feu que le fabriquant lui a fait subir.
La première fois que je suis allé dans un magasin Ikea, j’ai été fasciné par les preuves de solidité qui étaient faites, ici d’un fauteuil, là d’une armoire, soit avec des poids, soit par un mouvement aller-retour continuel imposé à une porte des jours et des nuits. Le but de ces manœuvres n’est pas de démolir le matériel, mais de prouver qu’ils est de grande qualité.
J’ai lu l’histoire suivante d’un prédicateur américain célèbre qui raconte sa jeunesse. Je le cite : Lorsque j’étais petit garçon, j’habitais à l’ouest de l’état du Tennessee sur la rive du fleuve Brazos. En été, il n’y avait pas assez d’eau pour rouiller un clou. En hiver, par contre, il y en avait suffisamment pour immerger un porte-avion. Une année, une inondation emporta un pont de chemin de fer qui traversait le fleuve. Des ouvriers arrivèrent rapidement pour en construire un nouveau. Quand il fut terminé, ils firent venir deux énormes locomotives qui s’immobilisèrent sur le pont tout neuf et qui se mirent toutes deux à siffler en même temps. À ce bruit, nous avons tous accourus pour voir ce qui se passait. Un brave homme demanda à l’un des conducteurs : « Que faites-vous ? » Il répondit : « Nous testons le pont ». « Pensez-vous qu’il va résister ? », demanda l’homme. « Bien sûr que oui ! », affirma le conducteur. « Alors, pourquoi placez-vous ces deux énormes locomotives sur le pont ? », demanda encore l’homme. « Pour prouver qu’il ne cédera pas ! », répliqua le conducteur. Cette histoire explique pourquoi Jésus-Christ, qui est pourtant le Fils de Dieu, a été obligé de subir une dure épreuve, et traverser pendant 40 jours un champ de mines que le diable avait planté, pour ainsi dire. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi afin de prouver à l’univers entier que son Fils est parfait et possède les qualifications requises pour être le Sauveur du monde. Le plus beau des diamants est reconnu comme tel parce qu’il a été rigoureusement testé et déclaré sans impuretés. Tout au début de son ministère, Jésus est donc mis à l’épreuve pour montrer que le mal ne trouve aucune résonance en lui; il ne peut pas tomber dans le péché.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.