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Malachie 2.10-14
On entend parfois dire que nous sommes tous frères et sœurs et donc qu’il doit forcément y avoir moyen de s’entendre entre les hommes et entre les nations. Ça paraît logique mais de toute évidence, il y a comme un problème quelque part parce que ce n’est pas ainsi que va la vie et ce n’est pas avec de belles platitudes qu’on refait le monde. S’il est vrai que nous descendons tous de Adam et Ève qui furent créés de toutes pièces par l’Éternel, un regard rapide sur l’histoire de l’humanité fait franchement pencher la balance du côté de luttes fratricides interminables et non pas du côté de la paix et de l’harmonie sur terre.
Je continue de lire dans le chapitre deux du livre de Malachie.
Ne sommes-nous pas tous enfants d’un père unique ? N’avons-nous pas été créés par un seul Dieu ? Comment donc pouvons-nous agir avec traîtrise chacun envers son compatriote et profaner ainsi l’alliance conclue avec nos pères ? (Malachie 2.10).
Le style de ce troisième oracle (Malachie 2.10-16) est différent des deux précédents (Malachie 1.2-5 ; 2.6-9), car au lieu d’une déclaration suivie d’une question de rhétorique, le prophète commence par trois questions. Cependant, comme dans les accusations précédentes, il fait tout de suite état du problème qui est le péché : beaucoup d’Israélites hommes divorcent leur femme juive pour épouser une païenne idolâtre, une faute que non seulement Malachie, mais également le prêtre Esdras (chapitre 10), puis le gouverneur Néhémie (chapitre 13) ont dû réprimander.
Par création, Dieu est le père de tout ce qui existe, aussi bien les êtres vivants, les hommes, les animaux, que le monde inanimé. Il est aussi le père dans le sens le plus large possible d’Adam et Ève créés à l’image de Dieu. En fait, avant de désobéir, Adam et Ève voient l’Éternel tous les jours et conversent avec lui comme vous et moi avec un ami. Ils entretiennent avec Dieu une relation qu’aucun autre être humain après eux n’a connue. Mais suite à leur faute, nos premiers parents perdent la relation intime père-enfant qu’ils ont avec l’Éternel et sont chassés du jardin d’Éden. Ensuite, ils donnent naissance à des fils et des filles qui ne sont plus à l’image de la sainteté de Dieu mais semblables à leurs parents, c’est-à-dire englués dans le péché.
Comme tous les autres êtres humains, les Israélites sont pécheurs mais ils reconnaissent en l’Éternel le Créateur, le Dieu unique et vrai alors que les autres nations sont idolâtres. Les Hébreux bénéficient du grand privilège d’avoir été choisis par Dieu pour être son peuple attitré. Je lis quatre passages tirés du prophète Osée, de l’Exode, du Lévitique et d’Ésaïe :
Quand Israël était enfant, je l’ai aimé, alors j’ai appelé mon fils à sortir de l’Égypte (Osée 11.1). Maintenant, si vous m’obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m’appartienne. Vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte (Exode 19.5-6). Je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous ai mis à part des autres peuples. Vous serez saints pour moi, car moi, l’Éternel, je suis saint et je vous ai mis à part des autres peuples pour que vous m’apparteniez (Lévitique 20.24, 26). Maintenant, l’Éternel qui t’a créé, ô peuple de Jacob, et qui t’a façonné, ô Israël, te déclare ceci : “ Ne sois pas effrayé car je t’ai délivré, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi ” (Ésaïe 43.1).
Qu’on l’accepte ou pas, Israël est le peuple élu, il appartient à Dieu et il est distinct de toutes les autres nations. Mais bien sûr, ce privilège entraîne de grandes responsabilités. Par son prophète Amos, l’Éternel dit :
Je vous ai choisis, et vous seuls, de toutes les familles de la terre, aussi vous châtierai-je pour tous vos crimes (Amos 3.2).
En tant que peuple de Dieu, Israël constitue l’arrière-plan du problème que Malachie expose dans son troisième oracle. En effet, comme Israël est la famille de Dieu en quelque sorte, tous les Israélites sont frères et sœurs et ont l’Éternel pour père. Il s’ensuit que toute atteinte portée contre l’intégrité de cette famille est une offense contre Dieu et une atteinte à la dignité de son peuple. Par conséquent c’est une violation du contrat d’alliance établi par l’Éternel avec les ancêtres de la nation : Abraham, Isaac et Jacob, puis plus tard David. Or, cette alliance ne concerne pas seulement les affaires religieuses et le culte qui honore l’Éternel, mais également les rapports sociaux des Israélites entre eux ainsi que leur vie familiale. C’est ce qui explique pourquoi l’Israélite qui répudie son épouse rompt l’alliance du mariage bien sûr, mais il se place aussi lui-même hors du traité d’alliance de l’Éternel avec l’ensemble du peuple juif.
Le comportement des hommes israélites qui répudient leur femme légitime pour en prendre une autre, païenne de surcroît, est appelée « traîtrise » par Malachie, et effectivement c’en est une. Ce que font ces Israélites est condamnable au niveau social, moral, et spirituel. Ils sont cruels envers leur épouse israélite, mais ce que Malachie veut surtout souligner ici, est qu’en agissant ainsi ils violent l’alliance qui lie le peuple choisi à son Dieu. En effet, parlant des nations païennes, dans le livre de Josué on lit que l’Éternel dit :
Tu ne t’uniras pas avec elles par des mariages, tu ne donneras pas tes filles à leurs fils et tu ne prendras pas leurs filles pour tes fils (Deutéronome 7.3 ; comparez Exode 34.16 ; Josué 23.12-13).
Mais l’obéissance à Dieu n’est pas et n’a jamais été le point fort d’Israël ni d’ailleurs des autres peuples.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.