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Michée 1.7-9
Beaucoup de gens consacrent leur vie à essayer de s’enrichir et entassent des biens divers et variés comme si le but de l’homme était d’accumuler des richesses et de consommer. Quel gaspillage d’énergie de temps et de ressources parce que d’une manière ou d’une autre, chacun de nous perdra tout ce qu’il possède, que ce soit dans une catastrophe ou quand la dame à la faux frappera à sa porte.
Je continue de lire dans le premier chapitre du livre de Michée.
Ses idoles sculptées (de Samarie) seront toutes brisées, et tous ses gains impurs seront livrés au feu. Ses images taillées, je les mettrai en pièces : elles ont été faites grâce au salaire de ses prostitutions. Aussi serviront-elles comme salaire d’autres prostitutions (Michée 1.7).
Toutes les richesses de Samarie et en particulier tout ce qui respire l’idolâtrie, sera entièrement détruit. Quant aux métaux précieux, comme l’or et l’argent, ils iront à Ninive capitale de l’Assyrie.
Le roi assyrien Salmanasar V n’a régné que six ans (727-722 avant Jésus-Christ) mais il a quand même trouvé le moyen d’envahir Israël Nord à trois reprises (2Rois 17.3-5), et la troisième fois il fait le siège de Samarie qui a duré trois ans. Mais il est mort et c’est son successeur Sargon II (722-705) qui empoche la victoire.
Les « gains impurs » de Samarie sont les offrandes en argent et en or que les adorateurs idolâtres déposent dans les sanctuaires des veaux d’or ou de Baal. Les vaux d’or furent institués par Jéroboam, premier souverain d’Israël Nord, et les sanctuaires dédiés à Baal furent établis par le roi Achab sous la direction de Jézabel, sa tigresse de femme. On se sert de cet argent pour embellir les lieux idolâtres et fabriquer de nouveaux faux dieux.
Cette manne est appelée « un salaire de prostitutions » pour deux raisons, parce que, d’une part, le culte lié à Baal fait intervenir des prostituées sacrées et qu’il faut bien les payer, et d’autre part, toute forme d’idolâtrie est considérée comme une infidélité envers l’Éternel, l’époux légitime d’Israël. Le prophète Osée écrit :
Ne te réjouis pas, Israël, n’exulte pas de joie comme les autres peuples, car tu as délaissé ton Dieu pour te prostituer, et, sur toutes les aires où l’on procède au battage du blé, tu as aimé le salaire de la débauche (Osée 9.1 ; comparez Michée 2.4, 7).
Tout l’argent que Samarie reçoit pour prix de son adultère spirituel et moral envers l’Éternel devient un salaire de prostitution une seconde fois, parce que pillé par les païens, il sert à nouveau à leur propre culte idolâtre (Daniel 1.2) et pour le salaire de leurs prostituées sacrées. Je ne sais pas trop pourquoi, mais cette sombre histoire me fait penser à la loi de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».
La situation d’Israël Nord est déplorable et tout aussi abjecte que celle de n’importe quel peuple païen. Le prophète Osée écrit :
Ils mangeront sans être rassasiés, ils se prostitueront mais n’auront pas d’enfants, car ils ont abandonné l’Éternel pour s’adonner à la prostitution ainsi qu’au vin. Alors le vin nouveau leur a fait perdre la raison. Ce sont ses dieux de bois que mon peuple consulte, et voilà que c’est son bâton qui lui répond. Car un vent de prostitution les fait errer, ils s’égarent loin de leur Dieu en se prostituant. Ils vont offrir des sacrifices au sommet des montagnes et brûler des parfums sur les collines, sous le chêne et le peuplier et sous le térébinthe dont l’ombrage est si doux. Voilà pourquoi vos filles vont se prostituer, pourquoi vos belles-filles commettent l’adultère. Je ne punirai pas vos filles pour leurs prostitutions, vos belles-filles à cause de leurs adultères, car les prêtres eux-mêmes vont à l’écart avec des courtisanes, et, avec des prostituées sacrées, ils partagent leurs sacrifices. Ainsi court à sa ruine un peuple sans intelligence (Osée 4.10-14).
Une fois déportés en Assyrie, les Israélites sont en pleine terre idolâtre. Étant donné que quand ils étaient dans leur propre pays, ils ont choisi d’abandonner l’Éternel et d’offrir un culte à de fausses divinités, et qu’ils en raffolaient, Dieu les envoie dans une nation où ils pourront s’en donner à cœur joie parce que là-bas les idoles sont légions et adorées sous tout arbre vert.
Nous vivons en pleine ironie car aujourd’hui autant les vieux que les jeunes ont abandonné la religion dans laquelle ils ont été éduqués pour se tourner vers les plaisirs et surtout le sexe. Mais en réalité ils ne font que baigner dans le paganisme religieux de l’antiquité dont le temple était spécialisé dans toutes sortes de pratiques sexuelles avec les prostitué(e)s sacré(e)s. Si aujourd’hui, un prêtre de Baal revenait du séjour des morts pour visiter notre culture dépravée, il se sentirait bien, comme chez lui.
La religion, que ce soit par le biais du sexe ou des idoles, avec ou sans incantation, est une malédiction pour l’humanité et l’opium du peuple (Karl Marx ; 1843) parce qu’elle transforme tous ses adeptes en esclaves. Ceux qui se croient supérieurs en se disant athées sont aussi des adorateurs, mais leur idole est souvent la science qui pour eux a pris le relais d’une pratique religieuse. De toute façon on peut tout lier : la science, le sexe, le bouddhisme et tous les autres « ismes » ; il y en a pour tout le monde.
Le christianisme par contre n’est pas une religion mais une personne. Jean rapporte que Jésus dit :
Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres (Jean 8.36).
Après avoir brandit des menaces contre les deux royaumes israélites et prononcé la sentence divine contre Samarie, Michée se lamente. Il est peut-être prophète de l’Éternel mais ça ne l’empêche pas d’être très affecté par le péché de son peuple et ses conséquences qui seront la destruction complète d’Israël Nord et plus tard de Juda, de Jérusalem et du temple de son Dieu. Michée n’est pas un prédicateur qui fait son boulot pour toucher un salaire à la fin du mois, mais un envoyé de l’Éternel au cœur tendre, tout comme les prophètes Osée et plus tard Jérémie. Ces hommes ont pleuré sur la condition spirituelle de leur peuple et à cause du jugement irrémédiable de Dieu qui les a atteint. L’apôtre Paul aussi exprime sa compassion pour le peuple juif quand dans son épître aux Romains, il dit :
J’éprouve une profonde tristesse et un chagrin continuel dans mon cœur. Oui, je demanderais à Dieu d’être maudit et séparé du Christ pour le bien de mes frères, nés du même peuple que moi (Romains 9.2-3).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.