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Michée 4.14 – 5.2
Quelqu’un qui dans ses conversations passe sans arrêt du coq à l’âne est difficile à suivre et demande la plus grande attention. C’est aussi le cas de Michée qui dans ses prophéties passe allègrement d’une catastrophe à une autre (4.9-13) sans qu’on sache tout de suite de quoi il parle. Après avoir annoncé que dans un avenir à moyen terme, Juda sera investi par les armées de Babylone (587-586 avant Jésus-Christ), il revient en arrière plus près de son temps et voit les armées assyriennes qui envahissent sa patrie (701).
Mais cette invasion propulse sa vision prophétique jusqu’à la fin des temps où il voit la dernière grande bataille appelée Harmaguédon, juste avant que le Messie n’établisse son royaume de mille ans. Maintenant, il regarde à nouveau dans l’avenir à moyen terme et s’attarde une fois encore sur l’invasion babylonienne parce que cette catastrophe aura un impact dévastateur sur le royaume de Juda.
Je finis de lire le chapitre quatre du livre de Michée.
Maintenant, fille de troupes, rassemble tes troupes ! On nous assiège ; avec la verge on frappe sur la joue le juge d’Israël (Michée 4.14).
Au Moyen Orient et donc en Israël, frapper quelqu’un sur la joue est une grave insulte (Job 16.10 ; 1Rois 22.24 ; Lamentations 3.30 ; Luc 22.64).
Le « maintenant » qu’emploie Michée signale le nouveau changement de scène dont je viens de parler. Il s’agit de l’invasion des Babyloniens qui conduira à l’exil. Le prophète s’en était écarté pour porter ses regards sur l’invasion assyrienne et plus loin vers la bataille d’Harmaguédon de la fin des temps.
Comme le mot pour « assiège » que Michée utilise apparaît dans l’Ancien Testament uniquement pour décrire le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor (2Rois 24.10 ; 25.2 ; Jérémie 52.5 ; Ézéchiel 4.3, 7 ; 5.2), il ne peut s’agir que de ce tyran.
Jérusalem encerclée est personnifiée en une jeune femme, que Michée voit rassembler tous ses enfants en cohortes guerrières pour se défendre contre l’ennemi qui est rassemblé à l’extérieur de ses murailles, mais c’est en vain car le siège des Babyloniens finira par la prise de la ville sainte, comme le prouve le sort ignominieux infligé au « juge d’Israël » qui est frappé sur la joue avec une verge. Mais qui est-il ?
A priori, on pourrait penser qu’il s’agit du Christ, mais à y réfléchir ce n’est guère possible. Il est vrai que Jésus a été frappé à la tête et au visage (Matthieu 27.30 ; Marc 15.19 ; Jean 19.3), cependant, ici il est question d’une attaque par les Babyloniens et Jésus n’a pas été torturé alors qu’une nation ennemie assiégeait Jérusalem. Comme il était courant d’appelé le roi « juge d’Israël », ce juge qu’on a frappé sur la joue pourrait être le roi juif Aristobule II vaincu par Pompée en l’an 63 avant Jésus-Christ. En réalité il s’agit certainement de Sédécias, le dernier roi de Juda que Nabuchodonosor a capturé et défiguré (2Rois 25.1-7).
À ce moment précis de l’histoire d’Israël, on pourrait croire que c’est la fin de la dynastie de David. Il est vrai que Sédécias n’est que l’oncle de Yehoyakîn, le dernier roi descendant direct de David à régner. Mais comme Yehoyakîn moisit dans une geôle à Babylone (2Rois 24.15), l’avenir de Juda et donc de la dynastie de David semble sérieusement compromise.
Comme Joseph et Marie devaient également être issus de la lignée de David, tout comme Jésus-Christ le Messie, à ce moment là de l’histoire d’Israël, le diable et ses cohortes ont dû penser qu’ils avaient réussi à déjouer le plan de salut de Dieu. Très grosse méprise !
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.