- Chemins de vie
- Émissions
- Néhémie
- Néhémie 1.1-11
Néhémie 1.1-11
Le grand public comme on l’appelle se laisse assez facilement manipuler, ce dont la publicité et les politiciens profitent amplement. Dans le domaine scientifique ce n’est guère différent puisque Monsieur Tout le monde a subi un lavage de cerveau intense de la part de ceux qui n’ont ni Dieu ni maître. Ces païens carillonnent haut et fort que les découvertes scientifiques jettent un discrédit sur le contenu des Textes Sacrés, mais quand on y regarde de plus près, leurs affirmations sont en réalité des théories qui ont du mal à résister aux faits vérifiables sur le terrain. L’archéologie et tout ce qu’on a pu découvrir sur l’histoire de l’humanité font toujours et systématiquement pencher la balance en faveur des Écritures.
À l’époque du prêtre Esdras et du gouverneur Néhémie, dans la ville d’Éléphantine en Haute-Égypte, se trouve une communauté juive prospère. Bien qu’elle ait aujourd’hui disparu, il en reste des traces dont des papyrus qui se sont révélés très précieux aux archéologues. Ainsi, une lettre datant de 408 av. J-C confirme que Néhémie est un haut fonctionnaire attaché à la cour d’Artaxerxès, souverain perse qui régna de l’an 465 à 425 av. J-C. Or, si cet Israélite a été choisi comme conseiller de l’empereur, il ne fait aucun doute que c’est parce qu’il est à la fois sage, discret, honnête, et un homme sur qui on peut compter.
Alors qu’il vaque au service de son souverain, Néhémie est très inquiet du sort de Jérusalem qui n’est rien d’autre qu’une province de rien du tout dans le vaste empire perse. De plus, la Palestine est occupée par les descendants des peuplades qui y habitaient déjà avant sa conquête par les Hébreux. Tout est donc à recommencer ou presque. C’est vrai qu’Esdras a déjà reconstruit le Temple, mais l’enceinte de la ville de Jérusalem est toujours en ruines. Alors, Néhémie demande et obtient l’autorisation de se rendre dans la ville sainte pour la remettre en état de façon à ce qu’elle redevienne la capitale viable de la Judée. Dans l’esprit de Néhémie, cette action ne vise pas à rétablir la souveraineté de l’ancien royaume de Juda, mais bien plutôt d’accomplir un acte cultuel. En effet, il veut reconstruire et repeupler cette ville parce qu’elle est sainte, ayant été choisie par l’Éternel pour y établir son nom.
Au total, Néhémie restera une douzaine d’années comme gouverneur du district de Juda, un temps relativement court, mais qu’il sait mettre tellement à profit, que ses accomplissements donnent le vertige. Néhémie est un homme d’action, pur et dur, déterminé, qui ne se laisse pas intimider par ses adversaires, ni distraire de ses objectifs. Je lis un passage où Néhémie dit :
Je leur envoyai des messagers pour leur répondre : — J’ai un grand travail à exécuter et il m’est impossible de me rendre auprès de vous. Je n’ai pas de raison d’interrompre l’ouvrage en l’abandonnant pour aller vous rencontrer (Néhémie 6.3).
Point final. Tiens! Prend donc ça dans les dents ! Dès son arrivée à Jérusalem, il inspecte ce qu’il reste des remparts de la ville sainte puis organise les travaux de réfection. Cependant, ce n’est pas une tâche aisée car il doit faire face à l’opposition virulente des peuplades environnantes qui voient ces travaux d’un très mauvais œil. Les bâtisseurs sont littéralement obligés de tenir la truelle d’une main et l’épée de l’autre. De plus, Néhémie se retrouve avec un contrat sur sa tête, étant l’objet d’un complot destiné à le supprimer. Ses adversaires sont d’autant plus dangereux qu’ils comptent des alliés au sein même des Juifs rapatriés ; il y a un gros ver dans la pomme, pourrait-on dire car tout ne va pas pour le mieux dans la communauté juive. Alors que les tout premiers colons avaient eu pour objectif la réfection de l’autel des holocaustes, la reconstruction du Temple et le rétablissement du culte de l’Éternel, leurs descendants font des affaires. Les plus rusés d’entre eux ont d’ailleurs fait fortune sur le dos de leurs compatriotes qu’ils exploitent un maximum, les réduisant à la misère noire. En plus de cela, de nombreux autres problèmes d’ordre religieux nécessiteront une intervention musclée de Néhémie. Méthodique et très bien organisé, il fait les choses dans l’ordre, et tout d’abord il s’attaque à la réfection des murailles de Jérusalem. Esdras avait déjà essayé de les reconstruire (4.7-23), mais ce projet avait avorté pour ne pas dire fini de façon désastreuse, ce qui fait que la colonie juive a désespérément besoin d’un ami en haut lieu.
Malgré tous les problèmes qui surgissent et que Néhémie devra régler, le chantier s’achève en un temps record de 52 jours. Une fois ces travaux terminés, Néhémie donne de la tête à l’administration du district de Juda. Il prend des mesures en faveur de la justice sociale et aussi pour assurer la sécurité de la ville. Il fait recenser sa population pour vérifier que tous les habitants de Jérusalem appartiennent bien au peuple d’Israël. Pendant tout son séjour Néhémie n’a cesse d’essayer de résoudre les problèmes religieux de la communauté juive. Ainsi, la lecture publique de la Loi et son explication au peuple rassemblé, suscitent chez les Juifs une prise de conscience aiguë de leurs fautes et un puissant mouvement de réforme. Ce réveil spirituel débouche alors sur un engagement solennel à obéir à la Loi de Moïse et à pourvoir aux besoins financiers du Temple et du culte.
Le texte couvre aussi les mesures prises par Néhémie en faveur du repeuplement de Jérusalem puis la dédicace grandiose de la muraille nouvellement remise en état. Après une absence de plusieurs mois, Néhémie revient une seconde fois à Jérusalem pour être à nouveau confronté à de sérieux problèmes qu’il lui faut encore régler, c’est à dire : l’introduction d’étrangers idolâtres dans la communauté et même dans le Temple, les dîmes qui ne sont pas versées aux lévites, le sabbat qui est à nouveau transgressé, et une fois encore, des mariages mixtes entre Israélites et les païens environnants, ce qui avait déjà été une faute majeure que le prêtre Esdras avait dû régler.
Par toutes ses actions, sa dévotion à l’Éternel, et sa façon d’agir face à l’adversité, Néhémie prouve la force de son caractère et on comprend mieux pourquoi l’empereur Artaxerxès l’a choisi comme conseiller. C’est encore lui qui organise les cérémonies cultuelles suite à la reconstruction des murailles de Jérusalem; c’est lui qui met les Israélites devant leurs responsabilités vis à vis de la Loi de Moïse et qui est à l’origine de toutes les autres réformes religieuses. Ces accomplissements montrent à quel point Néhémie désire du fond du cœur honorer l’Éternel, et que ses objectifs sont avant tout d’ordre cultuel et non pas politique.
Ce n’est pas tout. Esdras et Néhémie sont non seulement des hommes d’action, mais également des Juifs pieux dévoués à la prière. Cette dévotion apparaît fréquemment dans le texte, sous la forme de requêtes au fil de la vie courante ou dans le cadre du culte. Ces prières peuvent être très courtes, voire même le temps d’un éclair, ou bien relativement longues sous forme d’actions de grâce, de louanges ou de reconnaissance ou encore des imprécations, c’est à dire des demandes de jugement sur les ennemis d’Israël. Un des versets clés pour comprendre aussi bien l’esprit du livre que l’esprit de Néhémie est :
Lorsque j’entendis ces nouvelles, je m’assis et me mis à pleurer. Pendant plusieurs jours, je restai abattu. Je jeûnai et je priai constamment devant le Dieu du ciel (Néhémie 1.4).
Les prières faites aussi bien par Esdras que Néhémie sont à titre individuel ou au nom de la communauté. Chacun de ces deux hommes intercède pour le peuple en confessant ses péchés, ce qui débouche sur un engagement d’obéissance de la part des Israélites. Ces prières expriment le fait que Dieu est totalement souverain dans son action, qu’il est présent partout et qu’il répond à ceux qui lui font confiance. Les requêtes par lesquelles Esdras ou Néhémie demande l’intervention de Dieu ne les dispensent pas d’agir, au contraire, elles les stimulent puissamment à passer à l’action. En effet, parce qu’ils comptent sur un soutien concret de la part de Dieu, ces deux hommes se lancent dans la mêlée. Il s’ensuit que la piété conquérante d’Esdras et de Néhémie s’accompagne de réalisations grandioses au nom de l’Éternel, que ce soit une construction, l’enseignement de la loi, la remise en route du culte, la purification de la communauté ou la justice sociale. C’est aussi grâce à l’action et à la dévotion de ces deux hommes, chacun en leur temps, que les Israélites se repentent de leurs fautes et s’engagent à obéir à la Loi de Moïse.
Avant son voyage à Jérusalem, Néhémie est l’échanson d’Artaxerxès, c’est-à-dire un haut fonctionnaire de la cour impériale. Un avenir brillant s’ouvre à lui et il aurait pu consacrer toute son énergie à l’avancement de sa carrière. Cependant, après des funérailles royales dignes de son rang, Néhémie aurait disparu dans les oubliettes de l’histoire et au mieux son nom serait peut-être apparu sur un papyrus oublié dans un coin. Mais parce qu’il est pieux et dévoué à la cause de l’Éternel, il veut se rendre utile à son œuvre. Dieu le bénit et fait en sorte que les réalisations de son serviteur soient phénoménales. Voilà pourquoi et comment, aujourd’hui, un des livres des Textes Sacrés porte le nom de Néhémie.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.