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Osée 11.8 – 12.15
Albert Einstein (1879-1955) est juif, mais comme beaucoup de ses compatriotes il est également athée. En avril 1929, il envoie un télégramme au rabbin Goldstein de New York dans lequel il écrit :
“ Je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle dans l’ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un dieu qui se préoccupe du sort et des actions des êtres humains. ”
Comme la majorité des gens, Einstein ne connaît pas ou très peu les Écritures saintes et encore moins les textes des prophètes qui, il faut bien le dire, sont souvent longuets. Dans ces prophéties, l’Éternel se présente de temps en temps comme le grand ordonnateur de l’univers, mais souvent il révèle ses sentiments comme le ferait un simple homme. C’est le cas dans le livre d’Osée et surtout dans le chapitre onze où Dieu se montre très émotionnel. Je continue sa lecture.
Comment pourrais-je t’abandonner, ô Éphraïm ? Comment pourrais-je te livrer, ô Israël, te traiter comme Adma, ou te rendre semblable à Tseboïm ? Mon cœur est tout bouleversé, je suis tout ému de pitié (Osée 11.8).
Littéralement : « mon cœur s’agite ». Nous avons ici un aperçu du cœur de Dieu avec des images humaines.
« Adma et Tseboïm » sont deux villes de la vallée de Siddim (Genèse 14.10), qui furent anéanties en même temps que Sodome et Gomorrhe, ses voisines (Deutéronome 29.23 ; comparez Genèse 10.19 ; 14.2, 8 ; 19).
Le prophète choisit « Adma et Tseboïm » parce que comme tout ce qu’on sait de ces villes est qu’elles ont été carbonisées et rayées de la carte, leurs noms évoquent un sentiment de pitié, tandis que la mention de Sodome et Gomorrhe, connues pour leurs crimes et dépravation, suscite plutôt un sentiment d’horreur.
Le message de jugement d’Israël Nord qui dure et dure encore se termine abruptement par l’annonce du salut futur. C’est comme si, après avoir évoqué les premiers temps de son amour pour son peuple et combien il l’aime (Osée 11.1-4), Dieu ne peut pas s’empêcher d’avoir compassion de lui. À cause des sentiments très vifs qu’il éprouve pour Israël, l’Éternel exprime une émotion forte, au point où il est même saisi d’horreur à la pensée que le châtiment qui a frappé Adma et Tseboïm puisse être infligé à son peuple qu’il aime.
Ce n’est pas la première fois que le prophète Osée interrompt brusquement un discours menaçant pour annoncer une promesse (comparez Osée 2.1-3 ; 2.16-3.5 ; 5.15-6.3). Ce changement de ton ne veut pas dire que le jugement est suspendu ou différé car il aura bien lieu, mais c’est la réponse de l’amour de Dieu aux souffrances d’Israël en captivité. La colère du Seigneur contre les Israélites des X tribus est tempérée par sa compassion, ce qui fait qu’il ne les abandonnera pas, et certains d’entre eux reviendront de l’exil babylonien.
Il faut en effet garder à l’esprit que chaque fois qu’il est question d’un retour de captivité, il s’agit du peuple de Dieu en général et non pas d’Israël Nord. Quand le roi Assyrien Salmanasar IV envahit le royaume des X tribus du Nord (en 718-719), beaucoup d’Israélites s’enfuient en Juda chez leurs frères du Sud. Puis, un peu plus d’un siècle plus tard, Juda est déporté à son tour mais par Babylone. Cependant, après 70 ans de captivité, les Israélites sont autorisés à rentrer chez eux par les Perses qui entre-temps ont conquis l’Empire chaldéen.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.