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Philémon 1.1-25
On s’insurge contre l’esclavage et on a bien raison. La charte des droits de l’homme l’interdit, mais ça reste une pratique encore très répandue sous une forme ou sous une autre, et qui selon les pays, est à peine voilée voire pas du tout. Aujourd’hui, tout se vend et s’achète, même des esclaves.
Or, l’arrière-plan de tous les écrits bibliques et en particulier du Nouveau Testament est l’esclavage qui au premier siècle est extrêmement courant et banal puisque c’est l’état d’environ la moitié de la population de l’empire romain. La qualité de vie d’un esclave, si on peut parler comme ça, dépend entièrement de son maître parce qu’il ne possède aucun droit. Pourtant, les auteurs sacrés ne critiquent jamais l’esclavage. En effet, si Jésus et les apôtres avaient prêché contre l’esclavage et réussi, le résultat aurait été un chaos total. Toute insurrection se serait terminée dans un immense bain de sang et la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aurait été confondue avec un message de réforme sociale.
Ce n’est pas tout, car il faut également prendre en compte le fait qu’au premier siècle, la condition des pauvres libres est souvent pire que celle de beaucoup d’esclaves, car comme ces derniers font tout le travail, les affranchis n’en trouvent pas. De toute façon, même si le christianisme n’a pas attaqué l’esclavage de front, il a fissuré ses fondations parce que la transformation des cœurs opérée par la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ a fini par détruire l’esclavage sans révolution sociale.
La lettre de Paul à son ami Philémon illustre ce principe. L’apôtre ne critique pas cet homme qui possède un esclave au nom d’Onésime et ne lui demande pas de le libérer, mais en le priant de le traiter comme un frère (Philémon 16 ; comparez Éphésiens 6.9 ; Colossiens 4.1), Paul ôte l’aiguillon de l’esclavage et mine cette plaie sociale de l’intérieur.
Justement, le sujet de cette lettre à Philémon concerne Onésime qui s’est enfui de chez son maître après, semble-t-il, l’avoir volé (Philémon 18). Onésime se réfugie alors à Rome en espérant ainsi se noyer dans la masse de la ville impériale. Mais par un hasard de Dieu, il entre en contact avec Paul sans que l’on sache comment. On pourrait cependant imaginer qu’une fois à Rome, l’ivresse de la liberté est rapidement suivie d’une gueule de bois. En effet, il s’est enfui de chez son maître qui lui fournissait le logis et le couvert et qui n’était probablement pas un mauvais bougre puisqu’il est croyant. Se trouvant isolé et sans ressource, Onésime se souvient soudainement que son maître a parlé de l’apôtre Paul qui est alors assigné à résidence à Rome. Il se met à sa recherche, le trouve et c’est ainsi qu’il s’est sans doute converti. Ce qui est sûr par contre est que les deux hommes s’apprécient mutuellement puisque Onésime rend de loyaux services à Paul qui s’attache à lui (Philémon 11-13).
Cependant, comme Onésime appartient à Philémon, pour des raisons morales, l’apôtre ne peut pas le garder auprès de lui sans le consentement de son maître, et de plus il se se rend complice d’un esclave en fuite ce qui viole le droit romain. Paul décide donc de renvoyer Onésime à Philémon accompagné d’une lettre lui demandant de le recevoir comme un frère et comme si c’était l’apôtre lui-même.
Dans cette lettre à Philémon, Paul ne voulant rien imposer à son ami n’use pas directement de son autorité d’apôtre, mais fait appel à l’amour chrétien et aux liens d’amitié qui l’unissent l’un à l’autre. Paul se propose même de dédommager Philémon de ce qu’Onésime lui a dérobé, tout en lui rappelant avec diplomatie que c’est grâce à lui qu’il a accepté Jésus-Christ. En outre, l’apôtre dit qu’il désire qu’Onésime lui soit renvoyé. Alors que dans certains de ses écrits Paul est très sévère, ici, il est plein de tact, de délicatesse et d’humilité.
Les liens de cette lettre à Philémon avec celle que l’apôtre adresse aux Colossiens indiquent qu’elles ont été écrites en même temps. Paul est en prison à Rome et il est entouré du même cercle de collaborateurs (Philémon 23-24 ; Colossiens 4.10-11) et c’est Tychique, le porteur de l’épître aux Colossiens, qui accompagne Onésime sur le chemin du retour.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.