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Psaumes 8.1-10
Quand j’étais à l’école, j’ai appris que l’homme descend du singe. La preuve est que ces dernières années on a même réussi à enseigner à des chimpanzés un certain nombre de mots. De là à dire qu’ils arriveront à maîtriser un langage humain, il n’y a qu’un pas, paraît-il. Mais quelqu’un a jeté un gros pavé dans la marre. Dans l’édition anglaise de janvier 2004 du magazine Science, des chercheurs ont découvert que les singes n’ont pas du tout la capacité d’acquérir la structure grammaticale qui dans une phrase, lie les mots entre eux, ce qui permet d’exprimer des concepts et des opinions. Au niveau cérébral, l’homme est bien supérieur à tous les animaux et il appartient même à une classe à part, honni soit qui mal y dise. C’est un être différent de toutes les autres créatures parce que lui seul a été créé à l’image de Dieu.
Dans le Psaume 8, David s’étonne que le Seigneur de l’univers ait confié à l’homme la gérance de sa création. Ce texte considère la dignité de l’humanité parce qu’elle représente l’Éternel sur terre. Le psalmiste sait très bien que le mal et le chaos règnent dans le monde, cependant il n’en tient pas compte parce qu’il se place à un autre niveau et décrit l’homme idéal, le Messie à venir. Ce psaume annonce le Christ parce qu’il est mentionné 3 fois dans le Nouveau Testament, et chaque fois il est appliqué à Jésus.
C’est dans l’évangile selon Matthieu que nous trouvons la première citation tirée du psaume 8.
À la veille de sa passion, Jésus pénètre dans Jérusalem assis sur un ânon et acclamé par la foule. C’est ce qu’on appelle l’Entrée triomphale bien que ses ennemis ne l’aient pas vue sous cet angle. Je lis le passage de Matthieu :
Et toute la foule, de la tête à la fin du cortège, criait : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient de la part du Seigneur ! Hosanna à Dieu au plus haut des cieux ! Quand les chefs des prêtres et les spécialistes de la Loi virent les miracles extraordinaires qu’il venait d’accomplir, quand ils entendirent les cris des enfants dans la cour du Temple : “ Hosanna au Fils de David ! ”, ils se mirent en colère et lui dirent : — Tu entends ce qu’ils crient ? — Parfaitement, leur répondit Jésus. Et vous, n’avez-vous donc jamais lu cette parole : De la bouche des tout petits et de celle des nourrissons, tu as su tirer ta louange (Matthieu 21.9, 15-16).
Jésus cite seulement une partie du verset du Psaume 8 qui dans sa totalité dit :
De la bouche des enfants et des cris des nouveau-nés, tu fais jaillir la louange qui confond tes adversaires, pour imposer le silence à ceux qui, chargés de haine, se rebellent contre toi (Psaumes 8.3).
Lorsque David a écrit ce psaume, les adversaires désignent tous ceux qui s’opposent à Dieu, mais dans l’évangile, ce sont spécifiquement les religieux juifs. Jésus leur dit qu’ils devraient consulter les Écritures afin de comprendre pourquoi les gens et même les enfants lui rendent un tel hommage. En d’autres mots, il déclare être le Messie.
La 2e citation du Psaume 8 à figurer dans le Nouveau Testament est :
Tu as tout mis sous ses pieds (Psaume 8.6).
En d’autres mot, l’Éternel a confié l’administration de la création à l’homme. Cependant, quand l’apôtre Paul cite ce passage dans sa première épître aux Corinthiens et aux Éphésiens, il l’applique à Jésus dans le contexte de sa résurrection d’entre les morts. Je lis ce qu’il écrit aux Corinthiens.
Il faut, en effet, que le Christ règne jusqu’à ce que Dieu ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort. Car, comme il est écrit : Dieu a mis toutes choses sous ses pieds (1Corinthiens 15.25-27 ; voir aussi : Éphésiens 1.22).
Paul fait bien sûr une annonce prophétique, car le moins qu’on puisse dire, est que de nos jours, toutes choses ne sont pas soumises à Jésus-Christ, tant s’en faut.
La 3e citation du Psaume 8 à figurer dans le Nouveau Testament est enchâssée à l’intérieur d’un passage de l’épître aux Hébreux que je lis :
Car ce n’est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons. Au contraire, un texte de l’Écriture déclare : Qu’est-ce que l’homme, pour que tu prennes soin de lui ? Qu’est-ce que l’homme pour que tu t’intéresses à lui ? Tu l’as abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur, tu as mis toutes choses sous ses pieds. Fin de citation, mais l’auteur continue en disant : En soumettant toutes choses à son autorité, Dieu n’a rien laissé qui puisse ne pas lui être soumis. Or actuellement nous ne voyons pas encore que tout lui soit soumis. Mais voici ce que nous constatons : après avoir été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Jésus se trouve maintenant couronné de gloire et d’honneur, à cause de la mort qu’il a soufferte (Hébreux 2.5-9).
Après sa mort et sa résurrection, le Christ a retrouvé la majesté et la gloire qui étaient siennes dans les cieux. Mais il a aussi été consacré et couronné comme le souverain qui doit régner sur ce monde. Cette gloire lui est acquise et un jour il reviendra pour prendre possession de son royaume ici-bas. En attendant, il nous est une nouvelle fois rappelé que nous vivons dans un monde qui n’est pas sous l’autorité du Christ. Les paroles de ce psaume s’accompliront seulement dans le futur.
À la différence des psaumes de supplication qui suivent ou précèdent, le psaume 8 est un poème méditatif et lyrique. Son ton calme et majestueux contraste avec les émotions violentes exprimées dans les deux psaumes précédents. Nous ne trouvons ici ni appel angoissé, ni indice de lutte. C’est donc pendant une période paisible de son règne que la vue du ciel étoilé, dont David peut jouir de la terrasse de son palais, a inspiré au roi-prophète ce chant si simple mais si grandiose. La première et la dernière phrase sont identiques et encadrent une profonde réflexion sur la personne de Dieu et la contemplation sereine de ses œuvres. Je la lis :
Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique sur la terre tout entière ! (Psaumes 8.2, 10).
Cette double affirmation montre qu’un des objets de cet hymne est de rendre gloire à l’Éternel. Mais elle est seulement vraie pour les croyants qui avec les yeux de la foi discernent la majesté de Dieu dans toute sa création. Quant aux autres, la grande majorité, ils sont aveugles parce qu’ils ont une vision mécaniste de l’univers. Au lieu de voir la réalité, ils ne voient que des processus naturels guidés par le hasard.
Pour la plupart de nos contemporains, le nom du Seigneur n’est pas magnifique. Sur leurs lèvres, il n’est qu’un juron qui sort de la bouche aussi bien des vieux, bien qu’ils soient aux portes de l’éternité, que des pauvres, des gens chics ou des jeunes. Le nom de Dieu est seulement admirable pour une infime minorité de gens. En fait, Dieu a mauvaise presse. On parle très peu de lui et il ne fait jamais partie des informations à la télé. On fait comme s’il n’existait pas. Il y a cependant quelques exceptions à la règle. Aux États-Unis, Dieu est sur les billets de banque et il fait partie du serment de fidélité à la nation. Par ailleurs, dans les pays anglo-saxons, Dieu apparaît dans les contrats d’assurance qui l’accusent d’être à l’origine des catastrophes naturelles afin de ne pas rembourser leurs clients. Dans cette situation officielle, Dieu est pris en compte en mal puisqu’on considère qu’il passe son temps à parcourir la terre pour détruire ici et là.
Tout ça pour dire que d’une façon générale, Dieu est une persona non grata et il est prié de vider les lieux. Ceux qui, au nom de la liberté, clament bien haut qu’il est interdit d’interdire, veulent la disparition de tous les tabous ; par exemple, ils estiment que la pornographie devrait faire partie du curriculum éducatif. Ce désir d’une liberté tous azimuts comprend cependant une exception : tout ce qui suggère de près ou de loin l’idée de Dieu doit être combattu par tous les moyens.
Récemment, j’ai vu un documentaire époustouflant sur une escalade réalisée par deux Anglais. Elle avait mal tourné et ils y ont presque laissé la vie. Cependant, pas un instant ils ont pensé que Dieu leur parlait au travers de leurs épreuves, le vent qui hurlait en pleine figure, le pieu qui a lâché, la chute vertigineuse dans le vide, la jambe cassée, cette crevasse qui s’est ouverte sous l’alpiniste. Au lieu de considérer que Dieu leur a montré combien ils sont insignifiants sur cette montagne et que dans sa miséricorde il les a épargnés, ils juraient comme des charretiers tout au long de leur randonnée.
« Éternel, notre Seigneur, que ton nom est magnifique sur la terre tout entière ! » ne s’applique malheureusement pas aujourd’hui. C’est une prophétie qui envisage le jour glorieux où l’Homme-Dieu Jésus-Christ régnera sur ce bas monde.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.