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Romains 14.1-6
Nous vivons dans un pays qui sur le plan moral est totalement à la dérive. Personne ou presque n’est capable de distinguer le bien du mal. Cette situation est évidemment due au fait qu’en tant que société, nous avons abandonnés nos racines judéo-chrétiennes pour embrasser à fond la caisse le libéralisme libertin à tous les niveaux. Ceci étant bien établi et impossible à contredire, dans certains milieux chrétiens, il existe des « saintes ni-touches » qui se permettent de décider pour les autres ce qu’ils devraient faire ou pas dans des domaines où les Écritures ne prennent une position définie.
Dans le chapitre 14 de son Épître aux Romains, Paul aborde ces sujets qu’on pourrait qualifier de gris, ni blancs ni noirs parce que les Écritures sont silencieuses concernant certains modes de vie ou certaines activités; ni elles les ordonnent ni elles les interdisent. Alors bien sûr, les croyants ont des avis très différents sur ces sujets parfois brûlants, chacun étant persuadé qu’il a raison. L’apôtre Paul va donner trois points de repère qui doivent me permettre de décider ce qu’il est convenable de faire devant le Seigneur. Le premier est une conviction inébranlable. Tout chrétien doit être persuadé en son for intérieur du bien-fondé de ses actions, et agir alors en conséquence. La deuxième directive que nous donne Paul est la conscience. Après avoir agi d’une certaine façon et en y réfléchissant, je me pose la question pour savoir si j’ai eu tort ou raison de m’être comporté de cette manière. L’idée de ce que j’ai fait ou dit, ou même pensé me répugne-t-elle ? Le troisième repère est la considération pour autrui. Ma façon d’être et de me comporter a-t-elle un effet positif ou négatif sur mon prochain ? Dans ce dernier cas, je ne lui témoigne pas l’amour que le Seigneur me demande d’avoir pour lui.
À notre époque, il existe deux perspectives extrêmes et diamétralement opposées face à des situations qui ne sont pas directement abordées dans les Écritures. Le premier point de vue consiste à n’établir aucune séparation entre la conduite chrétienne et le train de ce monde où tout est bon ou presque. Ces soi-disant croyants ne diffèrent en rien des païens et autres libertins puisqu’ils vivent de la même manière qu’eux, ont les mêmes activités et fréquentent les mêmes endroits et les mêmes sortes de gens. Ils dépensent leur temps, leur énergie et leur argent en poursuivant les valeurs de ce monde. Dans son épître aux Philippiens, Paul écrit :
Il en est beaucoup qui vivent en ennemis de la croix du Christ. Je vous en ai souvent parlé, je vous le dis une fois de plus, en pleurant. Ils finiront par se perdre. Ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur fierté dans ce qui fait leur honte, leurs pensées sont toutes dirigées vers les choses de ce monde (Philippiens 3.18-19).
Dans ce groupe de libertins, certains pratiquent certaines activités mondaines qui leur plaisent et pas d’autres. Cette séparation partielle est l’essence de leur spiritualité. Par exemple, ils ne boiront pas d’alcool mais se goinfreront sans retenue jusqu’à éclater. Ces pseudo-chrétiens devraient prêter attention à la première exhortation que Paul a donnée dans la partie pratique de cette Épître et qui est :
Je vous invite donc, frères, à offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée (Romains 12.1-2).
Dans son épître aux Philippiens, l’apôtre exhorte les chrétiens de la même manière tout en se montrant plus précis sur la conduite à tenir. Je le cite :
Frères, nourrissez vos pensées de tout ce qui est vrai, noble, juste, pur, digne d’amour ou d’approbation, de tout ce qui mérite respect et louange. Ce que vous avez appris et reçu de moi, ce que vous m’avez entendu dire et vu faire, mettez-le en pratique. Alors le Dieu qui donne la paix sera avec vous (Philippiens 4.8-9).
Il est intéressant de noter que dans les deux cas cités, le croyant doit contrôler en premier lieu ses pensées. En effet, dans l’épître aux Romains Paul dit : « laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée », et dans l’épître aux Philippiens, il dit : « nourrissez vos pensées de tout ce qui est vrai, noble, juste, pur, digne d’amour ou d’approbation, de tout ce qui mérite respect et louange ». Tôt ou tard, ce qui occupe mes pensées nourrira mon comportement. C’est l’état d’esprit et les pensées qui dirigent le corps. Jésus a dit :
La lampe du corps, c’est ton œil ; quand ton œil est sain, tout ton corps aussi est éclairé ; mais s’il est mauvais, ton corps aussi est ténébreux (Luc 11.34).
Jésus ne parle évidemment pas de l’organe de la vue mais de l’oeil intérieur, de la compréhension du monde par l’âme de l’individu. Ces gens qui ne veulent pas savoir que le système de ce monde fait la guerre à leur âme n’ont évidemment pas compris l’œuvre que le Christ a accomplie pour eux sur la croix.
La deuxième perspective extrême de la vie chrétienne se situe à l’opposée de la première. Ce sont les légalistes; ils régissent leur vie au moyen de listes de ce qu’il faut et ne faut pas faire. Paul s’adresse directement à eux quand dans son épître aux Colossiens, il écrit :
Pourquoi, comme si votre vie appartenait encore à ce monde, vous laissez-vous imposer des règles du genre : “ Ne prends pas ceci, ne mange pas de cela, ne touche pas à cela !¼ ” ? Voilà bien des commandements et des enseignements purement humains ! Certes, les prescriptions de ce genre paraissent empreintes d’une grande sagesse, car elles demandent une dévotion rigoureuse, des gestes d’humiliation et l’assujettissement du corps à une sévère discipline. En fait, elles n’ont aucune valeur, sinon pour satisfaire des aspirations tout humaines (Colossiens 2.20-22).
L’apôtre ne mâche pas ses mots à l’égard des légalistes et avec raison. Ils se baladent les menottes en main, pour ainsi dire, prêts à ligoter et emprisonner le premier croyant qu’ils rencontrent et qui est mal affermi dans les Écritures et qui n’a pas une bonne compréhension de la foi qu’il professe. Dans la vision du monde du légaliste, tout ce qui existe ici-bas vient du diable, point à la ligne, fin de la discussion. Alors, pour se protéger de lui et du monde, ils ont réduit la vie chrétienne à une série d’interdictions qui les cloisonne hors des circuits mêmes les plus innocents de la vie en société. Se croyant plus sanctifiés que les autres frères, les légalistes deviennent vite orgueilleux et très critiques à l’égard de ceux qui n’épousent pas leur perspective malsaine du monde. Paul les qualifie de « faibles dans la foi », parce qu’ils n’ont pas de liberté, s’étant enfermés dans une prison faite de règles à suivre. Présentant toutes les vertus négatives du chrétien séparé, ils ne fument pas, ne boivent pas d’alcool, parfois pas de café ou thé non plus, il ne jouent pas aux cartes ou ni à aucun autre jeu d’ailleurs, ils ne vont pas au cinéma, les femmes ne se maquillent pas et ne portent pas de beaux vêtements ; certains ne possèdent pas de télé pour ne pas laisser entrer le monde dans leur maison.
Le chrétien qui a compris l’enseignement des Écritures et la liberté qui est la sienne en Jésus-Christ devrait se situer quelque part entre les deux pôles extrêmes que j’ai décrits. Cela dit, si un croyant choisit de s’enfermer dans un carcan de règles, c’est son affaire. Je suis prêt à discuter avec lui, mais ce n’est pas mon rôle de le critiquer. En contrepartie, je ne veux pas non plus qu’il me juge parce que nous avons des vues divergentes.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.