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12 août 2026

Sophonie 2.3-11

Mon père était doué pour les traits d’esprit et les jeux de mots. Un jour, comme ça à table il me dit : « Je préfère le vin d’ici que l’au-delà (l’eau de là) ». Ah, ah, ah ! Moi aussi j’aime les belles tournures de phrases et j’essaie d’utiliser un vocabulaire riche et des expressions imagées. Un prédicateur a dit : « On peut être fier de sa race, fier de sa face mais aussi fier de la grâce ». Certains croyants s’enorgueillissent du fait d’être sauvés car ils pensent être les objets d’une attention particulière du Tout-Puissant. Ce n’est pas faux mais certainement pas une raison d’être fier. Comme je le dis quelques fois : « on ne peut entrer dans le royaume des cieux qu’à plat ventre et par la petite porte de derrière ».

Si le grand apôtre Paul peut dire : « de moi-même je ne me glorifierai pas, sinon de mes faiblesses » (2Corinthiens 12:5 ; LSG), je suis sûr qu’aucun d’entre nous n’a la moindre raison de gonfler la poitrine. Nous sommes tellement tordus que l’orgueil peut pointer sa tête hideuse à tout instant. Les gens religieux en particulier, trouvent très naturel de se glorifier de leur humilité. J’ai plusieurs noms au bout de la langue, mais au lieu de les citer je continue de lire dans le second chapitre du livre de Sophonie.

Tournez-vous donc vers l’Éternel, vous tous les humbles du pays, vous qui faites ce qui est droit, cherchez à accomplir ce qui est juste. Efforcez-vous d’être humbles ; peut-être serez-vous mis à l’abri au jour de la colère de l’Éternel (Sophonie 2.3).

Le prophète joue ici sur la signification de son nom qui veut dire « celui que le Seigneur cache ». Sophonie s’adresse plus spécialement aux Israélites pieux du royaume, ceux qui sont humbles dans le sens qu’ils se sentent dépendants de la grâce de Dieu, mais cette exhortation est tout aussi valable pour les non-Juifs qui cherchent à plaire à l’Éternel. Sophonie veut encourager toutes les personnes bien disposées à l’égard de Dieu à se tourner davantage vers lui. Dans la pratique, cela signifie accomplir méticuleusement ce qui est juste devant Dieu et envers son prochain (Deutéronome 16.20), et deuxièmement c’est adopter une attitude de soumission envers Dieu. Alors, peut-être que le jour du jugement, l’Éternel mettra les personnes pieuses du pays à l’abri en les cachant de manière à ce qu’elles ne soient pas massacrées avec les impies. Dans le psaume 27, le psalmiste écrit :

Il me cache sous sa tente dans les jours du malheur. Au secret de son tabernacle, il me tient abrité ; sur un rocher, il me met hors d’atteinte (Psaumes 27.5).

Il est bien vrai que lors de l’invasion de Juda et de la prise de Jérusalem par les Chaldéens, des multitudes sont sommairement exécutées, cependant beaucoup de petites gens sont épargnées, laissées tranquilles, et les envahisseurs leur partagent même les terres avec l’ordre de les faire fructifier afin que le pays ne devienne pas stérile et inculte. D’autres sont emmenés captifs à Babylone et on peut dire sans risque de se tromper que le voyage n’a pas dû être de tout repos. Mais une fois installés en Babylonie, ces Israélites peuvent mener une existence relativement tranquille et même se lancer dans les affaires, au point où leur qualité de vie devient un peu trop confortable. En effet, après que le roi perse Cyrus autorise les Juifs de retourner au pays et de reconstruire Jérusalem, ils ne se bousculent pas au portillon. Zorobabel, prince de Juda et chef politique, ne peut réunir que 50 000 colons pour le suivre (en 538) et refaire de Juda une nation. Il faut dire aussi que les perspectives ne sont guère brillantes : après un voyage éreintant, ils sont accueillis par un champ de ruines et une population païenne antagoniste.

Jusqu’à présent, Sophonie a surtout annoncé le jugement des Israélites de Juda parce qu’ils pratiquent l’idolâtrie ou sont indifférents à l’Éternel. Si la plupart d’entre eux ne l’ont pas totalement abandonné, leur dévotion est partagée entre les divinités des nations qui les entourent et le Dieu de leurs ancêtres, qui se trouve ainsi réduit au rang de petit dieu qu’on place sur une étagère, et de bon dieu à qui on fait appel en cas de besoin. Au final, on peut dire que les Israélites sont des jouisseurs prêts à rendre un culte à n’importe quelle idole qui leur accordera la prospérité. Le peuple élu ne connaît donc plus l’Éternel et l’a réduit à un talisman, une sorte de patte de lapin qui fait office de porte-bonheur. C’est aussi de cette façon que le considère l’immense majorité de nos contemporains y compris des chrétiens évangéliques.

Sophonie condamne plusieurs catégories du peuple : les grands qui abusent de leur pouvoir, et les riches commerçants qui ne croient pas que l’Éternel intervient dans les affaires des hommes (Sophonie 1.8-13). Mais le jugement de Dieu fondra sur tous les coupables où qu’ils soient.

Pour illustrer le châtiment à venir, le prophète utilise « le jour de l’Éternel, jour grand et terrible » (Joël 2.31), quand Dieu déchaînera sa colère. Le langage de Sophonie est particulièrement imagé et explicite à faire dresser les cheveux sur la tête. Il parle d’un festin offert par l’Éternel à une nation ennemie qui viendra se repaître de Juda (Sophonie 1.7 et suivant) ; il utilise l’image des ténèbres qui enserreront le royaume de Juda et produiront l’horreur, l’épouvante, la détresse et la destruction (Sophonie 1.14-18). Cependant, les humbles qui reconnaissent qu’ils ont besoin de l’Éternel, qui lui font confiance et vivent selon la justice échapperont au jugement.

Nous arrivons maintenant à une nouvelle section du livre de Sophonie (Sophonie 2.4-15) où il est question du jugement des nations, un passage qui nous rappelle que le Dieu du ciel demande des comptes à tous les peuples de la terre. L’Éternel n’est pas une divinité locale mais le Créateur de tout ce qui existe, le Dieu unique et vrai. Comme nous habitons chez lui et que nous sommes sur sa propriété, il a son mot à dire sur la façon dont nous menons notre vie. Or, il a établi des règles qui constituent la partie morale de la loi de Moïse et qui s’appliquent à l’ensemble de l’humanité. Par contre, les lois d’ordre religieux, cérémoniel, politique ou national, ont été données spécifiquement au royaume théocratique d’Israël. Mais toutes celles qui ont une dimension morale comme les X Commandements à l’exception du Sabbat, concernent chaque être humain et Dieu entend bien qu’on les respecte.

Dans toutes les cultures existe la notion du bien et du mal parce qu’elle est innée au cœur de l’homme, même si elle peut varier considérablement d’un peuple à un autre. Ainsi, chez les cannibales et chasseurs de têtes du Pacifique sud, manger un ennemi fait partie des us et coutumes de la tribu. On peut s’élever contre cette pratique mais avant de les traiter de sauvages arriérés, il faut savoir que ces mêmes indigènes ont un haut sens de l’honnêteté. N’importe qui peut laisser ses biens n’importe où, même des objets de valeur comme des armes ou des outils, et il peut être sûr qu’il les retrouvera car aucun indigène n’y aura touché. En France, on ne mange pas les gens qui nous déplaisent, mais si par inadvertance vous oubliez votre sacoche quelque part, cinq minutes plus tard elle aura disparu, et si vous allez déposer plainte au commissariat, on vous dira : « Mais mon bon Monsieur, vous plaisantez. Faites le deuil de votre argent et fouillez les buissons des environs et peut-être retrouverez-vous votre sacoche et vos papiers ». Qui sont les sauvages ?

Maintenant, Sophonie va annoncer le jugement de Dieu aux Philistins qui habitent au sud-ouest de Juda, aux Moabites et aux Ammonites qui sont à l’est, aux Éthiopiens au sud, et enfin aux Assyriens au nord. On trouve une prophétie similaire chez les prophètes Ézéchiel (ch. 25) et Amos (ch. 1-2).

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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