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Zacharie 10.2-5
Entre 1925 et 1931, des archéologues américains entreprennent des fouilles dans l’antique ville de Nuzi (aujourd’hui Yorghan Tepe) qui se trouve en Irak, au sud-est des ruines de Ninive, l’ancienne capitale de l’Empire assyrien. Ils y découvrent d’innombrables tablettes, certaines remontant à une époque antérieure au patriarche Abraham. La bibliothèque de Nuzi se révèle être une mine d’or d’informations sur les us et coutumes des peuples antiques dont leurs pratiques occultes.
On a ainsi découvert que l’usage des idoles domestiques est un phénomène très répandu. À l’origine, ce sont des statuettes de forme humaine qui représentent des ancêtres décédés ; elles peuvent être de toutes tailles et même grandeur nature. Appelées « théraphim » en hébreu, elles sont transmises de père en fils et deviennent la propriété de l’héritier du domaine familial. Les gens sont très attachés à ces idoles domestiques ce qu’on découvre d’ailleurs dans le livre des Juges (18.23-24) parce qu’ils croient qu’elles exercent une influence bienfaisante sur le lieu où elles se trouvent, elles ont le pouvoir de protéger leur propriétaire et on peut les consulter pour connaître l’avenir.
Ces croyances peuvent faire sourire l’homme qui se dit moderne mais elles ne sont pas plus bizarres que d’utiliser une patte de lapin ou un St-Christophe comme porte-clés, ou de clouer un fer à cheval sur la porte de sa grange ou de son garage.
Quand Jacob s’enfuit de chez Laban son beau-père, avec femmes et enfants, armes et bagages, Rachel, son épouse préférée, s’empare des théraphim de son père (Genèse 31). Quand ce dernier revient des champs et découvre le larcin, il devient fou furieux parce que le possesseur de ces statuettes est de facto le chef de famille et le propriétaire du domaine familial. En d’autres mots, en s’appropriant ces idoles, Rachel fait de son mari l’héritier de son père. Je continue de lire dans le chapitre dix de Zacharie.
(Demandez donc à l’Éternel de la pluie au printemps !) Car vos idoles domestiques ont débité des mots trompeurs, les devins ont transmis des révélations fausses. Ils racontaient des songes qui n’étaient que mensonges, et leurs consolations étaient des illusions. Voilà pourquoi ce peuple a dû partir au loin, dans la misère, comme un troupeau qui n’a pas de berger (Zacharie 10.2).
Comme je l’ai dit, les idoles domestiques font partie de tout un arsenal occulte très répandu dans le monde antique païen, et elles sont encore très prisées aujourd’hui sous d’autres formes. Le prophète Ézéchiel qui exerce son ministère en Babylonie parmi les exilés de Juda écrit :
Le roi de Babylone se tient au carrefour d’où partent les deux chemins pour interroger le sort : il tire au sort avec des flèches, il consulte les idoles domestiques, il examine le foie d’animaux (Ézéchiel 21.26).
Zacharie rappelle aux Israélites que la divination et les autres formes d’occultisme que leurs ancêtres pratiquaient leur ont été complètement inutiles et même néfastes puisque ces pratiques n’ont pas empêché des catastrophes de les frapper et la plupart de leurs ancêtres ont été massacrés ou déportés.
Quant aux devins, qui aujourd’hui encore sont très répandus, c’étaient des contrefaçons occultes des vrais prophètes de l’Éternel. Le Israélites les consulte alors parce qu’ils apportent des consolations et promettent la délivrance de leurs ennemis, mais ces flatteurs conduisent des aveugles car leurs promesses sont frivoles et mensongères. Le prophète Jérémie écrit :
Je vais m’en prendre, déclare l’Éternel, à ces prophètes qui ont des songes mensongers, qui les racontent pour égarer mon peuple par leurs mensonges et par leurs balivernes. Car moi, je ne les ai pas mandatés, je ne leur ai pas donné d’ordre, ils ne sont, pour ce peuple, d’aucune utilité, l’Éternel le déclare (Jérémie 23.32). Vous donc, n’écoutez pas vos prophètes, vos devins, vos oracles, vos augures et vos magiciens qui affirment que vous ne serez pas assujettis au roi de Babylone. Leurs prophéties sont des mensonges qui vous feront bannir de votre pays : je vous en chasserai et vous périrez (Jérémie 27.9-10).
Dans le livre du Deutéronome, on lit que la loi de Moïse interdit sévèrement le recours aux devins (Deutéronome 18.9-14) parce que l’Éternel accorde les révélations qu’il juge nécessaires à ses vrais prophètes, et au temps importun par Jésus-Christ, le prophète messianique (Actes 3.22-23). Mais parce que le peuple de Juda fait confiance aux idoles qui représentent des fausses divinités, « il a dû partir au loin », littéralement « décamper, lever le camp », pour l’exil babylonien. De ce fait, il a été « dans la misère comme un troupeau qui n’a pas de berger » et qu’on emmène à l’abattoir, ou au marché pour le vendre.
Dans les temps antiques, les chefs, les dirigeants sont appelés « bergers » (2Samuel 5.2 ; Jérémie 23.2). Or, avant l’exil, le peuple d’Israël n’a plus de vrais bergers pour lui dicter la bonne voie à suivre, et en Babylonie il doit se soumettre aux bergers d’une autre nation. Le prophète Ézéchiel écrit :
Mes brebis se sont dispersées, faute de berger, et elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages (Ézéchiel 34.5).
Une fois de retour dans leur pays et après la gouvernance de Zorobabel, la situation des colons juifs se dégrade à nouveau parce que certains de leurs chefs se comportent comme des loups. Le gouverneur Néhémie écrit :
Mes prédécesseurs dans cette charge avaient pressuré le peuple, exigeant qu’on leur remette chaque jour, outre le pain et le vin, quarante pièces d’argent. Même leurs fonctionnaires exerçaient leur domination sur le peuple. Pour moi, je n’ai jamais agi de la sorte, car je révérais Dieu (Néhémie 5.15).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.