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02 oct. 2026

Zacharie 6.12-14

Qumrân est un site archéologique qui surplombe la rive ouest de la mer Morte en Cisjordanie, sur la terre historique du royaume de Juda. Il est constitué de vestiges de bâtiments qui furent habités entre les années 100 et 70 de notre ère. Sur ce site se trouve également 11 grottes dans lesquelles, entre 1947 et 1956, on a retrouvé les plus anciens manuscrits hébraïques actuellement répertoriés, connus sous le nom de « manuscrits de la mer Morte ».

Ce site, qui comprend aussi un cimetière d’environ 1000 tombes, fut occupé par un groupe sectaire appelé « Essénien » du mot hébreu « hasid » qui veut dire « pieux ». Fondé vers le 2e siècle avant Jésus-Christ, tout ce qu’on sait des Esséniens vient des historiens Philon d’Alexandrie (-30 à +45), Pline l’Ancien (+23 à +79) et Flavius Josèphe (+38 à +95), qui ont tous œuvré au premier siècle de notre ère.

L’une des caractéristiques remarquables de cette communauté est la mise en commun des biens de la collectivité et leur répartition selon les besoins de chaque membre. Le sabbat est strictement observé ainsi que les rites de pureté rituelle comme des bains à l’eau froide et le port de vêtements blancs. Il est interdit aux membres de la communauté de jurer, de prêter serment, de procéder à des sacrifices d’animaux, de fabriquer des armes, de faire des affaires ou de tenir un commerce. Après un noviciat de trois ans, les membres doivent renoncer aux plaisirs terrestres pour entrer dans une sorte de vie monacale.

Leur alimentation est très particulière parce qu’il leur est interdit de manger de la viande, et les aliments ne doivent subir aucune cuisson. Leur nourriture se compose donc essentiellement de pâte à pain, de racines sauvages et de fruits. Ils prétendent respecter strictement la loi de Moïse, mais en réalité et comme toutes les sectes, ils ont fait leur propre tambouille, pris ce qui leur plaisait et ignorent le reste.

Maintenant vous allez me demander quel est le rapport entre les Esséniens et le prophète Zacharie ? Eh bien, ce dernier annonce la venue d’un personnage important qu’il appelle « le Germe » et qui d’une part, « sera revêtu de la majesté royale », et d’autre part, « sera prêtre sur son trône ». Comme cette prophétie ne convient pas aux Esséniens, ils décident qu’il y aura deux Messies au lieu d’un seul : un Messie-prêtre et un Messie-roi descendant de David ; il fallait y penser. Le hic est que dans le psaume 110, le roi David dit clairement que le Messie à venir sera à la fois roi et prêtre selon la ligne de Melchisédech, un contemporain d’Abraham et un personnage énigmatique qui était à la fois roi et prêtre. Dans le Nouveau Testament, l’auteur de l’épître aux Hébreux fait un long commentaire sur lui. Je lis le passage le concernant tiré du psaume 110 de David :

Déclaration de l’Éternel. Il dit à mon Seigneur : “ Viens siéger à ma droite jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds. ” L’Éternel étendra de Sion ton pouvoir royal, et tu domineras parmi tes ennemis. L’Éternel l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement : “ Tu seras prêtre pour toujours selon la ligne de Melchisédech ” (Psaumes 110.1, 2, 4).

Tout ça pour dire que les Esséniens ne sont pas troublés le moins du monde par le fait que leurs croyances ne s’accordent pas avec l’enseignement de Moïse ou contredisent les prophéties du roi David. Étant donné que les Esséniens se considèrent comme les purs parmi les purs, ils établissent leurs propres règles et Dieu n’a qu’à suivre. Mauvaise idée. Quand en l’an 70 de notre ère, les Romains investissent et détruisent Jérusalem, dans la foulée il mettent également fin à l’existence des Esséniens. Je continue maintenant de lire dans le chapitre six du livre de Zacharie.

(Voici un homme dont le nom est Germe.) Il bâtira le Temple de l’Éternel. C’est lui qui bâtira le Temple de l’Éternel. Il sera revêtu de majesté royale, et il siégera sur son trône pour gouverner. Il sera aussi prêtre sur son trône. Il y aura une pleine harmonie entre les deux fonctions (Zacharie 6.12 c, 13).

Avant d’entrer dans son Temple en tant que roi et prêtre, « le Germe » va le construire.

Ici comme dans le reste de ce chapitre (Zacharie 6.13, 14, 15), le mot hébreu pour « Temple » n’est pas « maison de l’Éternel », mais un terme plus solennel (hécal) qui décrit un édifice royal. Cette prophétie insiste donc sur le fait que « le Temple » que bâtira « le Germe » n’est pas celui que Zorobabel est en train de construire et dont le succès a été garanti par Dieu (Zacharie 4.7-9 ; Aggée 2.5).

C’est comme si l’Éternel disait à Zorobabel : « Ce n’est pas toi qui bâtiras mon Temple mais le Germe ». Ces paroles qui sont sous-entendues font penser à l’oracle que le prophète Nathan a donné au roi David après que ce dernier ait manifesté le désir de construire un temple à l’Éternel. Dans le second livre de Samuel, on lit :

Voici ce que déclare l’Éternel : Tu veux me bâtir un temple où je puisse habiter ? Quand le moment sera venu pour toi de rejoindre tes ancêtres décédés, j’établirai après toi l’un de tes propres descendants pour te succéder comme roi, et j’affermirai son autorité royale. C’est lui qui construira un temple en mon honneur et je maintiendrai à toujours son trône royal (2Samuel 7.5, 12-13).

Il s’agit bien sûr de Salomon.

Précédemment, la prophétie de Zacharie a clairement indiqué que Josué, qui est le grand-prêtre des colons juifs, préfigure le Messie qui sera roi-prêtre. Pareillement, le temple de Zorobabel alors en construction, préfigure un autre Temple que « le Germe », le Messie, bâtira. Cette dernière prophétie a deux applications. Son accomplissement littéral aura lieu au début du règne de Jésus-Christ quand le Temple en dur du millénium sera construit. Mais son premier accomplissement est l’Église de Jésus-Christ qui est le Temple vivant actuel de Dieu. En effet, dans son épître aux Éphésiens, l’apôtre Paul écrit :

Dieu vous a intégrés à l’édifice qu’il construit sur le fondement que sont les apôtres, ses prophètes, et dont Jésus-Christ lui-même est la pierre principale. En lui toute la construction s’élève, bien coordonnée, afin d’être un temple saint dans le Seigneur, et, unis au Christ, vous avez été intégrés ensemble à cette construction pour former une demeure où Dieu habite par l’Esprit (Éphésiens 2.20-22 ; comparez 1Pierre 2.5).

Aujourd’hui, Jésus bâtit son Église qui est un édifice spirituel, et un jour il construira le Temple en dur du millénium à partir duquel il régnera sur le monde entier.

La prophétie de Zacharie se répète car elle dit : « Il bâtira le Temple de l’Éternel. C’est lui qui bâtira le Temple de l’Éternel », seulement la deuxième fois il ajoute : « C’est lui », ce qui souligne et accentue la personne qui va construire ce Temple ; « c’est lui, le Germe », Jésus-Christ le Messie et personne d’autre. Tandis que Zorobabel dirige la construction de la maison de l’Éternel, « le Germe, lui » bâtira le Temple du millénium.

Cette prophétie est importante pour les colons juifs qui courent le risque de se décourager, d’une part, à cause de l’ampleur de la tâche qui est devant eux, et d’autre part, parce qu’ils construisent un temple qui de toute façon sera bien inférieur à celui de Salomon, que certains colons parmi les plus vieux ont connu. L’annonce qu’un jour « le Germe » de l’Éternel bâtira le Temple est encourageante parce que l’humble ouvrage qu’ils construisent est dans la même lignée que le Temple de Salomon derrière eux dans le passé, et dans la même lignée que le Temple du millénium devant eux dans l’avenir. Pour Dieu, il y a un seul Temple qui est sa maison ici-bas.

L’habitation de Dieu sur terre commence bien timidement dans le désert avec une sorte de grande tente démontable appelée « Tabernacle ». Elle est succédée par le glorieux Temple de Salomon mais il est détruit par les Babyloniens. Au retour de l’exil et sous la conduite du gouverneur Zorobabel, les colons juifs le reconstruisent. Cependant, à cause de leurs faibles moyens, c’est un édifice très humble. Il est grandement amélioré et embelli par Hérode le Grand mais entièrement détruit par les Romains en l’an 70 de notre ère.

Aujourd’hui, la Mosquée d’Omar est à sa place ou dans son voisinage. Pourtant, pendant les sept ans de la Tribulation qui est la première phase du « Jour de l’Éternel », il y aura un nouveau Temple. Cependant, celui que les auteurs sacrés attendent avec anticipation est le Temple du millénium car il sera le siège du règne de Jésus-Christ sur toute la terre.

Non seulement « le Germe bâtira le Temple de l’Éternel » mais « il sera revêtu de majesté royale », dit la prophétie de Zacharie. Le mot pour « majesté royale ou dignité royale » est traduit par « règne éclatant » dans le premier livre des Chroniques. Je lis ce passage :

L’Éternel éleva au plus haut point le prestige de Salomon aux yeux de tout Israël, et il rendit son règne plus éclatant que celui de tous ses prédécesseurs, comme roi sur Israël (1Chroniques 29.25 ; comparez Jérémie 22.18 ; Daniel 11.21).

« Le Germe siégera sur son trône pour gouverner ». Plus loin, Zacharie précise ce que fera ce roi quand il dit :

Je ferai disparaître du pays d’Éphraïm tous les chariots de guerre et, de Jérusalem, les chevaux de combat ; l’arc qui sert pour la guerre sera brisé. Ce roi établira la paix parmi les peuples, sa domination s’étendra d’une mer jusqu’à l’autre, et depuis le grand fleuve jusqu’aux confins du monde (Zacharie 9.10).

La grandeur et la gloire du Messie qui est le roi à venir, sont également prophétisées dans le Nouveau Testament. Au début de son évangile, quand Luc rapporte l’annonciation, l’ange Gabriel dit à Marie :

Voici : bientôt tu seras enceinte et tu mettras au monde un fils ; tu le nommeras Jésus. Il sera grand. Il sera appelé “ Fils du Très-Haut ”, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre. Il régnera éternellement sur le peuple issu de Jacob, et son règne n’aura pas de fin (Luc 1.31-33).

Et à la fin de l’évangile selon Matthieu, Jésus lui-même dit :

J’ai reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28.18).

« Le Germe sera aussi prêtre sur son trône ». Cette prophétie confirme la signification de la cérémonie symbolique du couronnement du grand-prêtre Josias (Zacharie 6.11). Tout comme Melchisédek dont j’ai déjà parlé, « le Germe », le Messie sera à la fois prêtre et roi (Hébreux 5.6, 10) parce que ces deux fonctions sont nécessaires pour qu’il puisse apporter la paix à son peuple (Ésaïe 9.5 ; Michée 5.3-4), paix avec Dieu et paix entre les hommes.

Zacharie n’est pas le premier prophète à parler d’un personnage appelé « Germe » qui viendra pour régner. Jérémie écrit :

“ Voici venir le temps, l’Éternel le déclare, où je vais donner à David un germe juste. Il régnera avec sagesse et il exercera le droit et la justice dans le pays (Jérémie 23.5).

Jésus est non seulement « le Germe » descendant de David, mais il est également appelé « le Serviteur de l’Éternel », un titre que lui donnent plusieurs prophètes. Mais c’est Zacharie qui établit le lien entre « le Serviteur » et « le Germe » quand il écrit :

Et maintenant, écoute, Josué, toi le grand-prêtre, et tes collègues […] je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe (Zacharie 3.8).

Troisièmement, plusieurs prophètes annoncent que le Messie est un homme, un être humain, mais là encore c’est Zacharie qui fait le rapprochement entre cet homme et « le Germe » quand il écrit :

Écoute ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Voici un homme dont le nom est Germe, et il germera de son lieu. Il bâtira le Temple de l’Éternel (Zacharie 6.12 ; auteur).

Quatrièmement, le Messie est présenté comme « le Germe de l’Éternel » par le prophète Ésaïe qui écrit :

En ce jour-là, le germe de l’Éternel sera magnifique et glorieux et le fruit du pays sera un sujet de grande fierté pour les survivants d’Israël (Ésaïe 4.2).

Ces quatre titres donnés au Messie dans l’Ancien Testament sont également présents dans les quatre évangiles. « Le germe de David » héritier du trône, est l’aspect de Jésus que souligne Matthieu parce qu’il présente Jésus comme roi. « Le germe serviteur de l’Éternel » est l’aspect de Jésus sur lequel insiste Marc. « L’Homme parfait dont le nom est germe » est surtout mis en valeur par Luc, et « le germe de l’Éternel », c’est-à-dire Jésus Fils de Dieu, homme-Dieu, est le point saillant de l’évangile selon Jean.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

déc. 08 2023

Émission du jour | 1 Chroniques 16.23 – 17.15

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